Chapitre 4

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Le lendemain, Erwan se sent accabler par une étrange fatigue. Il se sent comme si on lui aspirait son sombre âme sanguinaire. Il ne comprend surtout pas pourquoi sa soif devient de plus en plus inarrêtable. Il songe s'il est malade ou peut-être si cette sorcière lui a jeté un mauvais sort.

Il passe rageusement une main dans ses cheveux ébène, soufflant d'agacement. Que faudrait-il pour arrêter cette mascarade ? songe le vampire, sur le point de tout exploser.

Il reprend son travail en lisant et en signant tout cette paperasse sur son nouveau bureau en bois d'acajou. Malgré cela, il ne peut s'empêcher de reformer le beau visage de cette dite Louna.

Il la trouve belle, terriblement belle malgré qu'ils étaient dans la nuit sombre, hier soir. Il repense le sang froid de cette femme, son arrogance. Depuis quand on tient la tête du souverain ? Jamais.

 Mais cette fille semble violer certaines règles. Des veines douloureuses apparaissent sous ses yeux, il pousse un violent grognement en se reculant.

— Je vais assassiner cette sorcière ! crie-t-il, pensant que la blonde est la faute de son comportement incontrôlable.

Tout à coup, sa soeur, Aya débarque dans son bureau tel un boulet de canon, faisant hoqueter le souverain. Les yeux écarquillés, il fixe sa petite sœur, ses cheveux bouclés partant dans tous les sens.

Mais une douce odeur enivrante et entêtante lui fait sortir son monstre. Il ne veut pas effrayer sa jeune sœur, il doit se contrôler... en restant marbre et en se battant mentalement sa vraie nature qui n'est qu'une créature cruelle.

Les yeux brillants de joie, Aya s'exclame :

— Mon frère ! Sais-tu ce que j'ai trouvé au balcon ?

Elle parle d'une manière excitée, presque en sautillant au sol provoquant des secousses dans la pièce. Elle se comporte comme un bambin qui a reçu son cadeau de Noël.

— Combien fois je t'ai répété d'arrêter de rentrer dans mon bureau comme cela ? Regarde ! Toutes les feuilles sont au sol !

Il a voulu maîtriser le timbre de sa voix, ce qui fut un échec. Aya perd sa bonne humeur en une fraction de seconde, et prend une mine apeurée.

— Désolé, marmonne-t-elle. Mais tu ne rendras pas compte l'objet que j'ai trouvé ! Il est si beau !

Elle fait sortir la montre de l'enchanteresse et c'est un effort qu'Erwan ne saccage pas une énième fois son bureau. Cette montre détient l'odeur de Lysandra, cette qui, rend fou notre souverain le vampire.

— Elle sent une odeur de magie je trouve, dit sa sœur alors que son frère prend entre ses doigts l'objet.

— Elle a pour moi une odeur si particulière, chuchote-t-il en humant la montre.

Il ferme les yeux, savourant cette odeur qui l'ensorcelle, qui enveloppe son âme. Sans aucun doute, cela appartient à la sorcière, pense-t-il.

— Erwan ? Retournez sur Terre...

Il ouvre brutalement ses yeux, trop rapidement que ses orbes sont agressés par la lumière du jour. Il les referme.

— Je peux les garder pour moi ? Aller s'il-te-plaît ! supplie Aya.

— Non. On doit le remettre à sa propriétaire, déclare-t-il en ouvrant ses paupières.

— Mais...

Aya perd ses mots quand elle croise le regard dur de son aîné. Elle hoche la tête, déçue avant de repartir, n'oubliant pas de montrer sa langue à Erwan. Celui-ci soupire bruyamment et décide de rechercher la dite Louna d'Étoile Noire. Il voudrait la revoir, savoir où elle habite, pourquoi son aura lui perturbe. Pourquoi son odeur lui rend fou, incontrôlable.

Il ne trouve rien sur l'ordinateur, lui devenant perplexe. Est-ce que cette fille lui m'a menti ? pense-t-il.

Au fil des minutes, sa colère monte en lui rapidement comme de la larve prêt à exploser du volcan. Encore une fois, cette sorcière lui a manqué du respect. Elle va lui rendre vraiment fou.

Erwan se lève en serrant l'objet dans sa main.

— Je vais te retrouver, murmure-t-il avant de partir d'une vitesse éclaire.

Dans la forêt non loin de sa maison, Lysandra prend son canif avant de gratter l'écorce d'un chêne pour sa mère. En chantonnant, elle met le morceau l'écorce dans son panier et cherche cette fois une fleur à la couleur pétante bleue royale. Une fleur assez particulière. La jeune sorcière fronce ses sourcils, sachant parfaitement qu'on ne trouvera point l'Aconit-tue-loup dans cette région. Ce que sa mère lui demande est une mission impossible !

Mais ayant déjà déçu sa mère de la nuit dernière, elle garde l'espoir de trouver miraculeusement cette fichue plante. Elle resserre sa cape autour d'elle pour se protéger de ce froid tranchant et continue sa marche.

Un bruit lui fait arrêter. Son cœur rate un battement avant de s'affoler douloureusement dans sa cage. Un sifflement. Près d'elle. S'approchant dangereusement. À peine qu'elle pivote, un serpent lui faillit mordre, elle esquive de justesse en reculant.

La bouche entrouverte, elle fixe avec effroi l'animal montrer sa tête majestueusement. Elle n'a pas peur de l'animal, mais peur ce qu'il signifie. Le serpent représente des mauvais présages. Ses yeux parcourent les arbres obscurs, mais ne remarquent rien d'étrange.

Elle reporte son attention sur l'animal et cite une incantation pour faire disparaître le reptile. Elle se retourne, prêt à rentrer,  tremblante de peur mais ce qu'elle voit en face d'elle lui fait lâcher un cri de stupeur. Son panier tombe d'une bruit sourd et sèche sur les feuilles mortes. Elle déglutit fortement en vacillant. Aucun mot ne sort dans sa bouche, trop bien tétanisée par cette grande silhouette posté devant elle.

— Bonjour Louna.

Elle sent soudainement faible qu'elle se mette à flageoler des jambes. Elle joue nerveusement avec ses doigts, sachant que le roi n'est pas venu lui rendre visite pour son plaisir.

Il sait tout maintenant. Je suis morte maintenant, souffle-t-elle dans sa pensée.

Dans Les Mains D'un VampireWhere stories live. Discover now