Chapitre 12

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Après une dizaine de minutes, les deux sorcières rejoignent les autres professeurs dans le hall de l'école. Lysandra fixe avec un goût amer le personnel se mettre en ligne pour le souverain.

Quelle bande d'hypocrites ! pense-t-elle.

Elle évite soigneusement Irène. La discussion de tout à l'heure lui repasse en boucle dans sa tête jusqu'à lui filer une migraine. Irène lui a bien promis qu'elle trouvera ce qu'il se passe entre eux ? Est-ce une menace ?

Pourtant, Lysandra a été très discrète quand elle est en compagnie du roi. Si la Cubaine sache qu'elle vit dans le palais d'un vampire, elle sera excommuniée de son coven. Elle songe soudainement que c'est elle l'hypocrite dans cette histoire. Vivre avec Erwan Ravinoak, sympathiser avec lui et de plus être son âme-sœur. Quelle image aura-t-elle si les sorciers le savent ?

Un frisson d'effroi traverse le long de son échine. Elle part se placer à côté d'un de ses collègues en resserrant sa cape sur elle comme pour se faire un bouclier. Son regard cobalt s'arrête sur la Cubaine qui se poste juste à côté de la blonde, ce qui l'irrite fortement.

— Lysandra tu n'as aucun humour... Je rigolais à propos de tout à l'heure.

Le cœur de la blonde a failli de tout lâcher.

— Je suis plus vieille que toi et tu oses me faire peur avec tes blagues. Je suis en train de penser si tu n'es pas devenue folle soudainement, chuchote-t-elle sèchement.

— Entre nous, qui ne trouve pas beau Erwan Ravinoak ? Il est beau, mystérieux, il doit être certainement un roi du...

— Je te rappelle que tu as un mari et deux enfants ! coupe sèchement l'Algérienne. Le roi m'a plutôt mal servi ce jour-là, ridiculisé et m'a même jeté à la porte, alors ne crois pas qu'il se passe quelque chose entre nous. Je déteste les vampires.

C'est sur ces mots que le souverain débarque dans le hall. Automatiquement, ces yeux rencontrent celle de la sorcière puis il observe les autres sorciers. Lysandra a soudainement une bouffée de chaleur alors que sa gorge devient sèche. Le corps musclé d'Erwan est suffisant pour imposer un silence de mort dans la salle et tout le monde se baissent la tête par respect.

Erwan marche lentement dans le hall, les mains derrière le dos, mirant chaque professeur de Sonarry. Il retient de sourire en voyant la mine décomposée de la blonde. 

Donc Lysandra travaille ici, une information de plus, dit-il intérieurement.

— Mademoiselle Alemona, baissez votre tête, peste une voix derrière son dos.

D'un air lassé, il pivote et voit que l'Algérienne a toujours la tête droite, ses yeux ancrer sur le beau vampire. Son regard est tellement intense, ce qui rend Erwan troublé et mal à l'aise. Il a l'impression d'être nu sous ses iris Antarctique, il se sent refroidi soudainement.

— J'ai un torticolis, dit-elle, en détournant vivement son regard, gênée.

Ou peut-être, elle s'est figée de peur.

La proviseure s'apprête à lui gronder dessus mais, quand la main du roi se lève, elle se tait et pince ses fines lèvres.

— Laissez-là.

De milliers de questions tourmente la sorcière. Déjà, pourquoi le roi fait-il ici ? Pourquoi s'intéresse-t-il à des créatures dont il méprise énormément ? Vient-il ici pour l'embêter ?

Elle ferme ses yeux, déjà épuisée. La seule chose qu'elle veut actuellement, c'est d'aller rejoindre sa mère avec un bon chocolat chaud devant la cheminée.

— Mademoiselle Alemona vous présenterez l'établissement. Je ne pense pas que son torticolis l'empêche de marcher, cingle la proviseure avec un regard noir.

Lysandra reste coi.

— Excusez-moi ? souffle-t-elle, incrédule.

— Vous avez très bien compris, intervient Erwan, la voix grave. Vous devez me présenter cette école.

La bouche entrouverte, les sourcils froncés, elle observe à tour de rôle chaque collègue qui lui fendent un sourire. Pourquoi elle ? se demande Lysandra.

Elle lâche un grand soupir et esquisse un faux et grand sourire avant de s'élancer devant le roi avec l'envie d'assassiner tous les gens ici présent. Après s'être éloignés du hall, la sorcière se tourne vers Erwan et lui foudroie du regard.

— Maintenant, vous voulez envahir mon espace de travail ?! C'est une blague...

Le vampire s'arrête, la mine dure.

— J'ignorais que vous travaillez dans cette école et...

— Finalement, je veux rien entendre, coupe-t-elle en levant la main. Les murs ont parfois des oreilles...

Erwan se laisse faire et suit Lysandra. Il n'aime pas qu'on lui coupe la parole mais voyant la colère déformer le doux visage de l'Algérienne, il préfère de ne rien dire et caler ses mots au fond de sa gorge. Mais il sait bien qu'il devra se justifier de sa visite à Sonarry. Non seulement, il ignorait réellement qu'elle travaille ici mais, s'il a rendu visite dans cet établissement de sorcier c'est pour une autre raison.

Après lui avoir fait visiter les salles, le roi l'empoigne par le bras et l'emmène dans une salle de classe déserte.

— Pourquoi vous n'êtes pas venu me voir dans la salle à manger ? questionne le roi, déçu mais aussi irrité.

Ce matin, il a décidé de préparer un parfait petit déjeuner pour elle. Il a attendu assez longtemps pour comprendre avec difficulté qu'elle ne viendra pas. Il a compris aussi que la sorcière ne s'ouvrera à lui si facilement qu'il aurait pensé et que c'est lui qui doit faire les efforts nécessaires pour l'approprier. Avec ces pensées-là, il a saccagé le séjour.

— Je suis à mon lieu de travail là, souffle la blonde en mirant d'un mauvais œil la main du vampire sur son bras.

— Répondez-moi. Franchement ! hache-t-il chaque mot froidement.

La sorcière déglutit péniblement alors qu'un long frisson d'horreur l'assaille.

–- J'ai bien dit hier soir que je voulais être seule, le temps que j'accepte tout ça et... vous, marmonne-t-elle.

Le souverain esquisse un sourire et sans hésiter, prend une des mèches blondes entre deux doigts. L'enchanteresse se fige, bien trop choquée pour parler.

–- J'aime bien votre franchise, mais de mon point de vue, ce n'est pas en mettant une barrière entre nous qu'on pourra bien s'entendre.

— A... alors dites moi ce que je devrais faire, chuchote-t-elle.

Erwan recule et lui fend un sourire.

— On parlera de cela ce soir, autour d'un bon repas.

Dans Les Mains D'un VampireWhere stories live. Discover now