Chapitre 3: Retour aux habitudes

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  Le bruit des moteurs de l'avion bourdonnant, les voix naissantes qui me semblent si lointaines et le bruit du choc d'un verre posé sur du bois me pousse à ouvrir les yeux.

Je me retrouve nez à nez avec Justin, ce dernier encore endormi, bouche ouverte d'où sort de légers ronflements, étalé le siège voisin au mien, sa tête glissant petit à petit sur moi, je la repoussais et m'étirais en constatant que mes blessures étaient totalement cicatrisées. Passant un regard circulaire sur l'intérieur de l'appareil, tout le monde était installé sur des sièges en cuir, les tables en chêne, les poignets des tiroirs toutes recouverts d'or, le petit plan de travail recouvert de marbre, donnaient un air luxueux au petit salon de l'avion, je ne mis habituerais jamais. Il gagne vraiment beaucoup à identifier et récupérer des criminels.

   - Tu vas mieux ?

Le petit nouveau a tourné son siège dans ma direction et attend de toute évidence une réponse, j'observe le trou dans ma combinaison et relève la tête dans sa direction. Ses sourcils sont froncés , il est inquiet, vraiment.

   - Oui, c'est comme neuf. Répondis-je avec un air neutre.

   - Je sens qu'il ne va pas être facile de me faire pardonner. Je m'appelle Isheer Herrich enfaîte, je suis nouveau dans l'agence.

   - Oui, on me l'a déjà dit.

Je me levais pour aller chercher dans un des petits frigos, une bouteille d'eau, mais Isheer me suivit.

   - Tu es une métamorphe n'est-ce pas ?

   - Oui, comme toi, tu pus à des kilomètres. Rétorquais-je le nez plissé, essayant de lui faire comprendre que sa présence n'était pas souhaitée.

   - Euh ... Oui, en effet.

Il s'en alla vers son siège, en marmonnant. Il est finalement beaucoup moins intimidant que son odeur le laisse croire, surtout s'il continu à garder cet air coupable sur son visage.

Le reste du trajet se fit sans le moindre dérangement et après avoir discuté rapidement avec Justin, qui s'était levé trente minutes avant l'atterrissage, lui promettant de l'appeler le lendemain, je descendis sur le tarmac, avec le décalage horaire, le ciel était toujours noir et les étoiles qui remplissaient le ciel brillaient comme des rappels de la beauté du monde, une beauté que j'oubliais trop souvent en raison des choses horribles que je pouvais voir.

Et c'est le regard plongé sur ces lumières célestes que je me dirigeais vers une berline noire matte, envoyé pour me déposer chez moi.

Quand la voiture se gare en bas de mon immeuble , je me précipite à l'extérieur en remerciant rapidement le conducteur en prenant mon sac de voyage dans le coffre.

Le hall d'entrée a été décoré pour les fêtes, trois sapins sont disposés par-ci, par-là, recouverts de boules de Noël toutes dans les teintes rouge et or, de guirlandes lumineuse et  de petits jouets en bois, s'accordant à merveilleuse avec les multitudes de guirlandes accrochées aux moulures des murs et décorations suspendues au plafond, Gérard s'est surpassé cette année, il est le concierge depuis des années et on voit facilement que Noël est très important pour lui. L'ascenseur s'ouvre, je m'y engouffre, lui aussi à subit la folle transformation de Noël.

Après seulement quelques minutes je suis sur le palier de la porte, une petite recherche de mes clés dans mon sac plus tard, George me saute dessus, George est mon doberman, pelage fauve et noir, tout juste âgé de deux ans, malgré les préjugés sur cette race c'est un amour, toujours à réclamer une caresse, ma sœur vient s'en occuper quand je m'absente.

Suite à une séance de câlins avec ce gros canidé, je jette mon sac sur mon canapé et décide de me faire couler un bon bain chaud et moussant comme j'en rêve depuis des jours.

Enroulée dans une serviette de bain cotonneuse, cheveux attachés grossièrement sur mon crâne, je me dirige vers ma penderie pour prendre le premier pyjama qui me tombera sous la main, un short mauve et un tee-shirt gris pas mal usé, il faudrait le jeter mais c'est un souvenir.

TING

Un message, mon chien se met à courir dans le salon pendant que j'essaie de trouver ce portable dans mon bazar mis en place en même pas deux heures.

"Dans une heure au bureau ."

Ce n'est pas vrai, même pas une soirée tranquille.

L'agence se trouve en plein centre de Manhattan, l'immense bâtiment couleur acier ferait presque penser à une navette spatiale ayant atterri par erreur pendant la nuit. L'intérieur est semblable au jet, du cuir et du marbre  remplit la pièce, assise derrière le bureau de l'accueil, Laura, une jolie brune, toujours souriante et d'une gentillesse légendaire, me salue d'un petit signe de la main que je lui rends en montant dans l'ascenseur bondé, pour atteindre le vingt-quatrième étage. À chaque fois que j'y suis c'est la même chose les multiples odeurs corporelles , mélangés aux fragrances de parfums et d'eau de Cologne, m'asphyxie, je pense que pour une personne lambda c'est déjà difficilement supportable, mais pour un métamorphe c'est vraiment comme se baigner dans une piscine remplit à ras bord de soin corporel. Tous les occupants de la boîte de métal sont identiques, des agents travaillant dans les bureaux,  costume pingouin pour les hommes, jupe crayon noire, chemisier blanc avec le fameux blazer noir pour les femmes et il y a moi toujours vêtu de mon pyjama mauve et gris faisant tache dans cette foule de personne sophistiquées, j'aurais pu me changer  et j'aurais sûrement dû, cela aurait été plus professionnel, mais non après une semaine de mission en Russie j'avais juste envie d'être tranquillement installé sur mon canapé à visionner un vieux film, alors mon accoutrement est ma petite rébellion. J'ai quand même mis une paire de rangers et une veste d'aviateur noire, je sais être raisonnable tout de même.

DING

Enfin,  ma libération, je me dépêche de sortir dans le couloir et toque à la grand porte en bois massif ou un petit panneau est accroché.

"Mr Sirgel"

J'entre dès que la grosse voix de mon patron se fait entendre. M'asseyant en face de lui,  le bureau noir nous séparant, j'observe les cheveux gris qui se sont multipliés dans ses cheveux autrefois bruns, il a toujours une carrure d'agent de terrain, ses yeux sont bleus froids et il a une petite moustache qu'il a voulu faire pousser cet été.

   - Alors Kaya, ta mission s'est bien passée ? Me demande-t-il avec un sourire chaleureux .

Il a toujours agit ainsi depuis mon recrutement , des paroles et sourires chaleureux presque paternels.

   - Oui, à part que j'ai reçu deux balles tous c'est passé comme prévu.

    -Bazil Salvia est pour l'instant enfermé, il subira son interrogatoire demain matin, mais ce n'est pas vraiment ce sujet que je voulais aborder avec toi à cette heure tu te doutes bien.

Il se stoppe et me regarde dans les yeux, je ne sens pas du tout ce regard.

     - Je sais que tu ne supportes pas de coéquipier. Reprend-il . Mais je pense avoir trouvé quelqu'un de parfait pour toi, et avant que tu ne rétorques quoique se soit, saches que c'est un très bon agent, un métamorphe, il m'a été chaudement recommandé et après tout tu n'auras plus de risque de te retrouver criblé de balles avec un partenaire comme ça. Finit-il avec un sourire heureux.

Non je ne le sent définitivement pas .

   - Mr Herrich, veuillez entrer s'il vous plaît. Cri-t-il en direction de la porte.

Je le savais. Ça pue.

La TraqueuseWhere stories live. Discover now