Chapitre 25: Nuit mouvementée

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Ma plaie protégée par des petits bouts de mon tee-shirt, la superficie de mon corps recouverte par du tissu était faible, entre un haut en lambeaux et un short en coton, je sentais chaque courant d'air glacé qui entrait dans la grotte. Isheer se transforma en lion et se roula en boule dans un petit coin de la grotte, son pelage avait l'air de suffire à le réchauffer. 

Je regrettais de ne pas pouvoir faire de même, avec la quantité de sang que j'avais perdu mon corps était trop faible pour subir une transformation durant les prochaines heures. La température devait avoisiner les -15 °C, malgré ma condition de métamorphe, sous forme humaine, je ne pouvais pas tenir dans cet environnement. 

Osvald assit contre la paroi face à moi, toujours sous forme humaine me fixait. Il essayait depuis dix minutes d'allumer un feu avec de petites branches récupérées à l'extérieur et un briquet trouvé dans nos mallettes. Simplement vêtue d'un bas de jogging, la brise gelée ne semblait pas avoir le moindre impact sur lui.  

- Le bois est trop humide Osvald, ça ne sert à rien.

Il jeta le briquet au sol, et laissa sa tête cogner contre le mur humide derrière lui.

Après trente minutes, seuls le bruit de mes dents qui claquent et les ronflements animals  de mon collègue perçaient le silence glacial.

- Tu es frigorifié. Chuchota Osvald en venant s'asseoir à mes côtés.

- Je vais survivre.

- Je ne parierais pas là-dessus, tu ne peux pas supporter cette température surtout avec ta plaie. Aller vient là. Il ouvrit ses bras pour que je me rapproche de lui.

- Ta chaleur humaine ne suffira pas à me réchauffer.

- Je sais, ce ne sera pas ma chaleur humaine.

Je l'observais se relever sans comprendre tout de suite ce qu'il insinuait par là, mon regard fit le tour de la grotte rapidement cherchant la moindre possibilité de me couvrir.  Osvald se mit face à moi, me faisant réaliser ce que sa phrase signifiait. J'allais enfin découvrir quelle sorte de métamorphe est cet homme immense.

En quelques secondes, l'air se chargea de l'aura d'Osvald, je me sentis faiblir et si je n'étais pas déjà assise, j'aurais dû le faire. Le craquement de ses os résonnait contre les parois de la grotte camouflant les petits grognements produits par Isheer encore en sommeil. L'odeur de la montagne de muscle saturait la cavité rocheuse. Au fur et à mesure que les membres d'Osvald se modifiaient, la température ambiante augmentait.

Sous mes yeux ébahit l'apparence métamorphe d'Osvald se révélait,  un pelage gris foncé parsemé de tâches noires brumeuses. Sa hauteur avoisinait celle de l'homme, il atteignait presque les deux mètres. Il devait au moins peser quatre cents kilos, sous ses pattes, le sol de terre s'enfonçait laissant une marque de pattes lorsqu'il s'avança lentement vers moi.

- Ce n'est pas possible, il n'en reste plus aucun, cette lignée a disparu. Soufflais-je sidéré.

Je n'arrivais pas à détourner le regard de ses canines imposantes qui ressortaient comme des lames aiguisées de sa gueule. Malgré moi, je me collais d'avantages à la paroi. Mon recul fit que l'animal me faisant face couina en baissant la tête, une vision surréaliste pour un monstre de cette envergure. Ce geste me détendit instantanément, calmant  mon côté animal. La bête se coucha ventre à terre près de moi. Les yeux noirs d'Osvald étaient reconnaissables, mais les éclats rouges flamboyaient comme des flammes  que je pouvais discerner, je ne les avais vus qu'une fois lorsqu'il m'avait surprise dans la nuit chez lui dans la salle de bain. 

La tête du géant se posa sur ma jambe valide, je levai la main doucement car je ne doutais pas que son instinct soit particulièrement affûté et je ne voulais pas le faire ressortir. Mes yeux dans ceux d'Osvald je touchais sa tête. Petit à petit, mon corps se réchauffa, cela me conféra un bien-être. Je n'arrivais pas à réaliser que j'avais contre moi un animal censé être disparu depuis des millénaires. Les métamorphes raconte à leurs enfants l'histoire de cette lignée qui est considérée comme la plus puissante ayant jamais existé. Les malaises que provoquait sa présence sur les autres métamorphes étaient maintenant compréhensibles.

Osvald était un tigre à dents de sabre ou  un smilodon. Sûrement l'un des derniers peut-être même le dernier.



C'est avec une sensation de confort que j'émergeais du sommeil. Ma plaie me tiraillait toujours, mais je n'avais pas la moindre envie de bouger pour soulager cette sensation. Sous ma tête, un oreiller de poils d'une douceur inégalable s'élevait et s'abaissait à intervalles réguliers. Sur ma côte, un poids se faisait ressentir, j'ouvris les yeux pour voir Osvald toujours sous forme métamorphe. Sa tête posée sur moi, son immense corps protégeait le mien comme une barrière contre les dangers extérieurs.

 Je ne pouvais faire aucun geste sans prendre le risque de le réveiller, de ce que je pouvais apercevoir par-dessus ma protection, le soleil commençait à se lever. Mes doigts dessinaient les arabesques des taches noires qui ressortaient parmi ceux gris.

Ce fut un mouvement qui me fit rouvrir les yeux, Isheer était face à moi de l'autre côté du corps d'Osvald. Accroupis les coudes sur ses genoux, sa tête posée dans le creux de ses mains, il m'observait avec malice.

- Alors ? Tu as passé une nuit confortable ? Chuchota-t-il.

Je me frottais les yeux. Un grognement qui m'était familier, s'éleva dans mon dos et la tête posée sur moi, me repoussa doucement contre son corps.

- Oh ! On dirait que notre gros nounours se réveille. Enfin là, c'est toi qui lui sers de doudou. Il n'a pas l'air prêt à te lâcher. Rigola Isheer, toujours en parlant discrètement.

- Comment, c'est possible? Je veux dire tout le monde pense qu'ils sont morts.

- Tu as devant toi ou plutôt contre toi le dernier de leur lignée. Sourit-il en regardant Osvald avec nostalgie.

- Il est immense. J'en ai vu des métamorphes, mais jamais d'aussi imposant.

- Oui, il a toujours été très grand par rapport à moi ou ceux de nos âges. C'est pratique, quand tu es un jeune maigrichon qui se fait embêter par des brutes.

- Il veillait sur toi! Compris-je.

- Il le fait toujours. 

Ma plaie continuant à me démanger, j'étirais ma jambe, remuant par la même occasion mon oreiller. Il grogna doucement, l'instant d'après, je me retrouvais non pas sur le pelage du fauve, mais sur des abdominaux tout ce qu'il y a de plus humain.

La TraqueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant