La Traqueuse

Chapitre 10: Période d'observation

La chambre est grande et tout aussi épurée que le salon, à ma droite se trouve une armoire grise, ça change du noir. Le lit en face de moi, composé de deux places avec des draps de soie gris comme la commode à côté de la porte. Les autres meubles se résument à deux tables de chevet et un bureau en bois clairs. L'harmonie des couleurs est joliment pensée en revanche l'ambiance reste impersonnelle.

Mes sacs vidés dans les étagères, je sortis mon ordinateur pour le travail. Puis vérifiais que Lunia m'est bien envoyé un message, à propos de la promenade de George, à sa pause du midi. Quand cela fut fait, je relisais les informations importantes récoltées par l'agence sur l'homme qu'on devait surveiller. Puis j'informais Gérald de mon arrivée chez Isheer et du début de la mission.

En sortant de la chambre avec mon ordinateur sous le bras, j'entendis des chuchotements:

- Tu aurais pu être plus poli, elle n'a pas une très bonne image de moi depuis notre première mission,  j'essaye d'arranger ça, alors ce n'est pas avec un homme froid comme la glace qu'elle va se sentir à l'aise. 

- C'est une inconnue pour moi Isheer, ne me demande pas de lui faire la conversation.

- Essaye d'être agréable, je t'en pris, en plus je suis sur que vous vous entendriez bien, vous avez le même tempérament.

Je m'avançais dans le couloir et entrais dans le salon pour couper court à leur conversation, qui me concernait un peu trop à mon goût.

- Alors est-ce qu'on a un bon visuel sur la cible. Demandais-je.

Isheer sursauta en se retournant, Osvald, lui n'eut aucun réaction comme s'il avait sentit ma présence. Ils étaient tout les deux face à la baie vitrée et une caméra avait été disposée, l'objectif braqué sur l'immeuble dans face.

- Oui, on a son salon. Et pour l'instant il ne fait rien d'intéressant il regarde un match de basket. Se rattrapa mon collègue en se donnant un air décontracter.

Je me rapprochais, pour constater que en effet ce n'était pas la cible la plus active qu'il m'ait été donné d'observer, espérons que les prochains jours soient plus productifs. Une chaleur se répandit dans mon dos, Osvald se trouvait un pas derrière moi, me surplombant le menton relevé, le dos légèrement courbé. Il renifla dans ma direction, sous l'air ahuri d'Isheer, dont les yeux pourrait sortir de leurs orbites tellement ils étaient ouverts, tout comme ça bouche.  Osvald se redressa, puis se dirigea vers le canapé pour récupérer un sac que je n'avais pas remarqué. 

- Je vais travailler. Fut les simples mots qu'il dit avant de s'en aller comme si de rien n'était.

Et c'est après avoir entendu la porte claquer que je me retournais vers le brun.

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer? Demandais-je encore choqué.

- Je ne sais pas, je ne l'ai jamais vu agir comme ça, à part lorsqu'il  est en chasse. Me répondit mon voisin. Il est tueur à gages, il travaille seul, mais certaine fois l'agence l'embauche quand ils sont surchargés, c'est grâce à lui que j'y ai été engagé. Il ne rate jamais un contrat, mais tu as avoir un petit aperçu de l'état ses proies quand ils les trouvent, avec ce qu'il c'est passé quand tu es arrivée. Débit-il  toute vitesse.

- Oui, c'est assez spectaculaire. Soufflais-je.

- Je suis désolé pour son comportement d'homme des cavernes. Il a du mal avec les contacts humains, depuis que nous sommes enfants. Mais il va vite s'habituer, de toute façon il ne rentre pas avant jeudi, alors tu n'auras pas à le croiser avant quatre jours. S'exclama-t-il.

Je ne répondis rien et allai m'installer sur le canapé, déposai mon appareil électronique sur la table.  Je relie  la caméra au détecteur de chaleur et  de vision nocturne. Puis place une autre petite caméra dirigée vers la porte de l'immeuble, elle-même connectée à un logiciel de reconnaissance facial. Tous ces gadgets nous permettent d'enregistrer ce dont on a besoin pour le bon déroulement d'une mission. Isheer me rejoint rapidement  et sort son propre ordinateur, sur lequel je le vois commencer à pirater le compte de l'opérateur qu'utilise la cible, il  regroupe les divers messages et numéros de ce qui l'ont appelé.

Une majorité de la journée s'est déroulée ainsi, notre cible n'ayant reçu aucune visite, aucun appel et n'ayant pas bougé de son canapé, nous n'avions pas grand travail à faire, et j'ai donc finis par accepter une partie de jeux vidéo de la part du brun après plusieurs demandes, tous en continuant de jeter des coups d'œil sur nos appareils. 

- Je t'ai explosé! S'écria Isheer en se relevant les bras tendus vers le ciel.

- Après six parties, il serait temps non.  Dis-je en levant les yeux au ciel et en souriant.

Nous avons beaucoup discuté durant cette journée. J'ai eu quelques difficultés au départ ,prenant sur moi pour ne pas demander au moulin à paroles de se taire. Cependant plus le temps passait , plus je remarquais que finalement cela ne me dérangeait pas plus que cela. Au moins cela empêchait l'ennui. J'appris donc qu'il était fils unique, il a  grandi Manhattan. Ses parents sont tous les deux des avocats. Ils ont recueilli Osvald après qu'il soit devenu orphelin, les parents de ce dernier était très bon ami avec ceux de mon collègue. J'ai moi-même parlé un peu de ma famille, de plusieurs de mes missions et des anciens partenaires que j'ai pu avoir sur ces dernières années. Certaines anecdotes que je lui racontais le fit rire à en pleurer au point de se rouler sur son canapé et de mettre dix bonnes minutes à se remettre. Je dois admettre que j'avais fait fort, j'avais réussi à terroriser un métamorphe loup au bout d'une journée en lançant des couteaux dans sa direction durant un entraînement,  évidemment il ne fut pas blessé, il était juste sorti avec un pantalon humide et en tremblant.

- Bon il est déjà vingt et une heures, une pizza ça te dit? Me proposa Isheer attrapant son téléphone. Quel genre de pizza veux-tu ? Reprit-il s'en attendre.

- Une royale s'il te plaît. Dis-je, en me relevant pour me dégourdir les jambes.

- Parfait une royale et une quatre fromages.

Lorsque le livreur arriva nous dégustons tranquillement notre dîner en regardant un vieux film d'action, que je n'avais jamais vu, Isheer a crisé et a aussitôt sauté sur son téléviseur pour le démarrer. C'est aux alentours de vingt-trois heures qu'enfin nous perçûmes du mouvement dans l'appartement d'en face, l'homme tournait dans son salon , un téléphone à l'oreille, la conversation était audible grâce au hacking d'Isheer.

"- La livraison a été effectuée, vous aurez plus d'informations à ce sujet dans deux jours. La voix était vielle et rocailleuse.

- D'accord, qui viendra me déposer le colis? Demanda notre cible.

- Serge.  "

Puis la communication fut coupée.