Chapitre 14: Journée calme

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Isheer saute rapidement sur ses pieds pour s'asseoir à la droite d'Osvald derrière le bar. Ce bar ou plan de travail mesure un mètre sur deux mètres entièrement fait de marbre noir et blanc de la planche aux piliers. Un meuble mélangeant délicatesse et brutalité. Assise sur de haut tabouret en métal argenté et cuir noir, je discute avec le brun. Osvald face à moi commence à servir le repas en grande quantité, leur appétit n'a pas d'égal, je ne peux pas manger plus d'un tiers de ce qu'il mange par repas. Leurs parents ont eu du courage pour nourrir ces deux énergumènes principalement carnivores.

Le repas se fait en silence chacun concentré sur son assiette, mais le brun qui ne peut rester sans parler trop longtemps coupe court au calme.

- Les parents viennent la semaine prochaine, tu seras là Osvald? Maman veut absolument te voir tu sais que si tu n'es pas là , elle te rapatria de force. Déclare -t-il avec un ton conspirateur.

- Je serais là.

- Et toi Kaya ? tu seras là?

- Euh... . Mon regard passa de Isheer à Osvald , je fus surprise par cette question. Je ne pense pas qu'en tant que collègue cela se fasse. Je répond pour lui faire oublier cette idée.

- Mais si je leur ai parlé de toi, ils veulent te rencontrer, celle qui résiste à Osvald , tu as déjà une réputation au près de toute la famille.

- Ce n'est pas un exploit. Réplique Osvald grognon.

-Ah bah donne moi le nom d'une autre personnes y ayant aussi bien résister.

Osvld se leva pour débarrasser la table sans répondre.

- Il n'a pas de nom . Ricane gentiment Isheer à voix basse.

- Je trouverais. Réponds  le mastodonte.

Isheer se leva ensuite pour débarrasser ces couverts tous en fessant une grimace d'enfant. Je le suivis au lave-vaisselle et me rassis sur le canapé au même endroit que toute cette semaine.

- On compte sur toi Kaya !

- Je vais voir Isheer.


Pour passer le temps mon collègue me propose une petite séance d'entrainement  les deux colocataires possèdent une salle remplie de matériel de musculation. Isheer m'avait présenté cette salle le lendemain de mon arrivée, elle se trouve à droite de la chambre d'Osvald . Comme la majorité des pièces de leur appartement deux murs étaient peints en noir, ce qui en revanche détonnait était les graffitis artistiques qui recouvraient la totalité de la surface. Des dessins géométriques, tels qu'une tête de lion qui ornait le coté gauche, on retrouvait le même style avec un cobra, un ours, une panthère noire, un loup et  un aigle royal, seulement des prédateurs. A cela était mélangé de nombreuses œuvres plus délicates, ou très fin comme un arbre à soie, une rizière, des baobabs, quelques lierres et  de pins par-ci, par-là... Tous plus vrais que nature. Le rendu final était époustouflant .. Les deux hommes utilisent cette pièce pour stocker une grande partie de leurs armes et s'entraîner quotidiennement. Je m'empresse d'enfiler une tenue plus appropriée, joggings bleu marine et brassière de sport accordé, j'enfile des petites baskets noires et pars m'installer sur le tapis de course pour réveiller mes jambes engourdies par le canapé. Tout en commençant à courir à un rythme régulier, je vois du coin de l'œil, le brun positionner vingt sur la barre et s'allonger sur le banc de musculation.


Osvald débarqua une demi-heure plus tard, torse nu avec seulement un short noir lui arrivant au-dessus du genou et des baskets blanches, il  enfila les gants de boxe en cuir noirs et se mit face au sac me tournant le dos. Ces gestes étaient puissants et précis il commença par plusieurs crochets du droit et enchaîna par diverses combinaisons, directs du droit, crochets du gauche, kicks, uppercuts se succédèrent. Son dos se mouvait avec délice à chaque mouvement, les muscles sollicités ressortaient de plus belle et les tatouages qui les recouvraient semblaient se mouvoir de leur propre volonté. Je n'arrivais pas à me détacher de cette vision, sa peau matte brillait sous l'effort et son aura semblait se dégager avec plus de force. J'avais l'habitude de voir des hommes à la musculature plus que développée, et tout autant des hommes torses nus, durant les entraînements à l'agence, la moitié des agents ne voyait pas l'intérêt de porter de haut. Pourtant cette vision avait quelque chose d'unique.

- Je sens ton regard ! Gronda Osvald

- Je ne te regarde même pas! S'exclama Isheer outrée en reposant la barre de musculation et en se redressant.

Je tournais la tête, consciente d'être la destinataire de ses paroles. Je pus apercevoir  la montagne de muscle se tourner dans ma direction, mais n'assumant pas mon inspection détaillée de son dos je préfère faire comme si de rien n'était et continuer à courir les yeux fixer sur l'affichage du nombre de kilomètres parcouru. Il se remit rapidement à taper le sac de frappe, Isheer lui fronçait les sourcils puis haussa les épaules, perdu.



La soirée se déroula devant un film choisi par Isheer, un film fantastique ou un jeune sorcier découvre une nouvelle école, tous les trois installé dans le canapé confortablement des plaids en laine grise sur nos genoux et des pots de pop-corn au beurre sur la table basse. Les deux hommes à mes côté étaient fascinés par le film, pour Isheer cette image lui collait parfaitement, en revanche voire la montagne de muscle, froide comme un glaçon sourire et commenté avec entrain en réponse au brun le film, me fit étrange.

Les deux colocataires étaient indéniablement proches, leur complicité était évidente, je l'ai surprenant souvent à rire et se chamailler lorsque je rentrais dans une pièce, Osvald parraisait sous un autre jours, dès qu'il m'apercevait il redevenait l'homme froid sans expression.


Je me réveillais en sursaut à trois heures du matin trempé de sueur, la respiration saccadée, cela m'arrive fréquemment. Un des désagréments du métier, les cauchemars. Les images se bousculèrent, des flashs du passé. Quelques mois après mon arrivée à l'agence, mon coéquipier de l'époque et moi avons été envoyés sur une mission que je n'oublierais jamais. Ce jour la une jeune fille innocente fut tuée devant mes yeux. Nous étions arrivés trop tard, lorsque la porte avait cédé sous les coups de mon collègue, le criminel avait laissé glisser la lame qu'il retenait sous la gorge de l'otage. J'avais accouru pour faire pression sur la plaie, mais elle était profonde et la marre sang s'agrandissait trop rapidement, elle était morte dans mes bras. Cette image est une des récurrente qui m'empêche de dormir, la mort de criminel ne m'atteint pas, celle d'innocent me hante. Mon mauvais rêve était sûrement dû à l'approche de la fin de la mission , dans quarante-huit heures notre cible sera derrière des barreaux enfermée au sous-sol de l'agence, interroger et en attente d'un jugement.

 Je me rendis dans la salle de bain, j'essayais de penser à autre chose tout en frottant mon visage avec de l'eau gelée. La tête baissée entre mes bras tendus au bord de l'évier, je régulais mon souffle. En me redressant mon regard croisa celui d'Osvald, noir mais qui semblait dans  l'obscurité détenir de petites griffures rouges de part est d'autres de l'iris. Il ne dit rien, me fixant seulement comme il le fessait la plupart du temps en ma présence. Ses épaules étaient crispées mais ses cheveux en bataille attestait de son réveil brutal.

-  Désolé de t'avoir réveillé. Pris-je le temps de dire en retournant dans ma chambre.

Il ne me répondit pas, je ne m'étais pas attendu à autre choses. J'avais compris que ma présence ne l'enchantait guère. En passant devant lui je sentis son souffle haché taper contre ma tempe.

Deux heures plus tard, je réussis finalement à m'endormir après mettre tourner et retourner sur le matelas.

La journée qui suivit fut relativement calme, Enrio était toujours cloîtré dans son appartement, enchaîné à sa télé, sur laquelle se diffusait un reportage sur les armes du Moyen-Age. Sa vie n'avait rien de passionnant, cela devait être la raison pour laquelle il était un candidat idéal pour le rôle qu'il lui a été attribué. Mon temps c'est diviser entre des appels avec Géralt pour régler les dernières formalités de cette mission, les papiers à remplir à chaque mission étaient nombreux, et remplir ça maintenant nous fit économiser du temps. Pour le reste Isheer et moi nous nous préparions à passer à l'action, vérifier nos armes, faire petit essai du matériel de soudage et préparer un petit sac où l'on mit tout le matériel pouvant être nécessaire .


Quelques mises au point avec lui ne seraient pas de trop pour que nous ne nous disputions pas cette fois-ci .

La TraqueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant