Croix de Feu [BxB]

Chapitre 8

Maël fut agréablement surpris de voir Anas entrer dans la salle, le mardi suivant. Il était tout juste sept heures cinquante et il n'y avait quasiment personne. Maël le suivit du regard alors que son camarade se dirigeait vers le fond de la classe. Quand Anas releva la tête et que ses yeux croisèrent les siens, Maël se détourna. Il se mit à fixer ses ongles, sur ses cuisses, en entendant du bruit dans son dos. Il sursauta quand la chaise à côté de lui racla le sol. Il regarda par terre et reconnut les chaussures d'Anas.

Maël releva timidement les yeux vers lui.

- Salut... murmura-t-il.

- Salut.

Anas était toujours aussi froid, ce qui fit frissonner désagréablement Maël. Il pinça les lèvres.

- Hm... Pourquoi tu n'étais pas là de la semaine ? demanda-t-il, gêné.

- Je ne pense pas que cela te regarde, répondit Anas.

Maël baissa de nouveau la tête. Il était extrêmement mal à l'aise et n'osait plus rien dire. Ce fut Anas qui rompit cette gêne.

- Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit l'autre jour ?

Maël acquiesça. Il avait même rapproché ses paroles de celles d'Harân. Malheureusement, il n'avait pas pu faire de recherches de peur que ses parents tombent sur son historique internet.

- Et qu'est-ce que tu en penses ? reprit Anas.

Maël soupira.

- Je ne sais pas trop... En quoi l'homosexualité est une bonne chose ?

Anas émit un petit rire.

- Ta mentalité a déjà évolué : tu te poses des questions.

Les paroles de son camarade vexaient Maël qui ne se cachait pas de lui faire savoir. Il se sentait presque insulté d'idiot. Il avait le droit d'avoir des idées différentes des siennes.

- Tu es homo, toi ? marmonna Maël.

- Non, je suis bi. C'est-à-dire que j'aime les deux sexes, ajouta Anas devant la mine perplexe de son voisin.

- Tu veux dire... les garçons et les filles ?

Anas souffla d'exaspération.

- Non, les lapins et les tourterelles. Evidemment, les garçons et les filles !

Il se frotta l'arête du nez, les yeux fermés. Maël fronça les sourcils. Le comportement d'Anas commençait sérieusement à l'exaspérer. Il commença à ranger ses affaires pour changer de place, quand son voisin posa sa main sur son bras.

- Reste, excuse-moi, marmonna Anas, c'est juste que...

Il souffla. Maël le regardait curieusement, intrigué par ce qu'il allait lui dire. Anas plongea ses yeux dans les siens.

- Tu ne peux pas imaginer à quel point ce que tu m'as dit m'a blessé.

- Je...

Anas leva sa main.

- Non, laisse-moi finir. J'ai pris connaissance de ma sexualité vers mes treize ans et aujourd'hui je vais en avoir dix-neuf. Je me suis battu pour cela, littéralement. Au collège, je traînais après les cours pour me battre avec ceux qui se moquaient de moi. Chez moi, après avoir fait mon coming-out auprès de mes parents, mon père a eu beaucoup de mal à encaisser. J'ai vécu deux années très difficiles et même aujourd'hui nos relations restent tendues.

Maël trouvait cela touchant. Cela lui permettait de mieux comprendre Anas.

- Alors de t'entendre dire que je suis contre-nature me touche personnellement.

- Je suis sincèrement désolé, souffla Maël, je... je ferai des efforts.

Anas lui sourit enfin.

- Merci.