À Chacun Son Réveillon [A Hunter X Hunter Story]

Après Minuit

Minuit était passé et chacun des membres du manoir qui n'étaient pas encore couché regagna sa chambre. Kirua s'était endormi depuis longtemps tandis que son aîné était retourné dans ses appartements, toujours plus silencieux.

Mais lorsque les dernières lumières furent éteintes, il enfila rapidement son manteau sombre, profitant de l'inattention de ses parents pour filer en douce. Il quitta le manoir à pas de loup, puis se réfugia dans sa voiture. Il démarra doucement et s'éloigna petit à petit du domaine des Zoldik.

Il n'y avait pas un chat sur la route, rien. Seules d'immenses congères bordaient la voie, masquant presque les panneaux d'indication. Heureusement, il entraperçut celui qu'il cherchait et s'engagea sur l'autoroute, filant en direction de York Shin City.

Le silence régnait dans l'habitacle, seul le tapotement des phalanges du jeune homme sur le volant résonnait, créant une mélodie qu'il ne tarda pas d'accompagner d'un faible sifflotement. Toutefois, il s'arrêta lorsqu'il aperçut au loin le halo de lumière qui entourait la ville. Il ne tarda pas à rejoindre le centre qui était totalement désert, la nuit étant déjà bien avancée.

Irumi se gara dans un parking souterrain puis emprunta une avenue qui menait aux périphéries de la ville. Les rues étaient vides et les immeubles tous endormis. York Shin City était pourtant une ville de jeux et de fêtes, étonnant pour une veillée de Noël...

***

- T'fais quoi dans la vie ?

Hisoka se contenta de poser son front sur ses avant-bras, allongé sur le ventre, s'abstenant de répondre à sa question. Elle était trop bavarde, cette fille.

Mais quelle poitrine...

Silencieuse, elle alluma une cigarette et la porta à ses lèvres avant d'expulser la fumée par le nez, son regard fixé sur la baie vitrée qui surplombait l'ensemble de la ville illuminée. Puis il se dispersa dans la pièce, découvrant le moindre recoin de l'appartement qui était quasi-vide. Ses yeux, sombres et insondables, étaient voilés par l'alcool et la fatigue, cependant, une pointe de désir scintillait encore en leur centre, témoignant de leurs ébats précédents.

- Tu es très minimaliste...

Toujours en silence, elle s'extirpa du lit et se remit debout, s'étirant un peu avant de se diriger, nue, vers ce qui semblait être la salle de bain.

- J'peux prendre une douche ?

Le magicien acquiesça d'un haussement d'épaules et aussitôt, il se retrouva seul, cette dernière s'étant réfugiée sous l'eau chaude. Il referma les yeux puis compta jusqu'à trois avant de se relever à son tour, et de se diriger vers le centre de la pièce, là où gisaient ses vêtements laissés à l'abandon une heure plus tôt. Il se contenta de ne mettre que son pantalon puis s'approcha de sa terrasse, ouvrit la porte vitrée et laissa l'air frais de cette nuit caresser sa peau, la couvrant de frissons.

- On prend du bon temps ?

Hisoka sourit puis se retourna et aperçut une silhouette élancée, dissimulée dans un coin sombre de son balcon.

- Tu te reconvertis dans le voyeurisme ? Papa Silva ne serait pas très heureux d'apprendre quelles sont les nouvelles passions de son fils.

- Va te faire voir, Hisoka ! Je me passe bien de t'apercevoir en tenue d'Adam...

Le magicien échappa un faible rire avant de rapporter son attention au paysage qui leur faisait face. Irumi sortit de l'ombre et vint s'accouder à la rambarde en métal, sa chevelure noire ondulant au rythme de la brise.

- Tu as échappé au diner familial ?

- Non ! J'y étais... C'est Kirua qui n'y était pas.

- Toujours aussi rebelle ?

- C'est l'âge, il s'assagira avec le temps. Et l'expérience...

- Hé ! Je te trouve bien pédagogue ! Tu commences déjà tes résolutions ?

Le brun haussa les épaules, son regard vide fixant un point invisible entre deux immeubles.

- Et elle, c'est qui ?

Le magicien, surpris par la question de son compagnon, se racla la gorge avant de bomber le torse.

- Aucune idée, je ne lui ai même pas demandée son prénom.

- Une nouvelle conquête, quoi !

« Ne te fais pas trop d'idées, Irumi. Je ne suis pas un aussi gros prédateur que tu n'le penses... »

***

Lorsqu'elle sortit de la douche, elle se précipita vers le porte-serviette et se couvrit les épaules avec l'unique serviette qui y était suspendue. Elle était frigorifiée et la soufflerie ne semblait pas fonctionner. Aveuglée par la lumière de la pièce, elle plissa les yeux et essuya la buée qui recouvrait la glace puis s'observa quelques minutes. Elle affichait un air fatigué qui faisait apparaitre de longs cernes violets sous ses yeux noirs. Son teint était pâle et ses paupières gonflées lui donnaient l'impression d'avoir pleuré durant des heures.

Toujours sans faire de bruit, elle s'empara du peigne qui trainait au bord du lavabo et entreprit de démêler sa tignasse décolorée, le rose flashy de quelques semaines commençait à s'estomper. Elle n'était pas vraiment soignée.

Son corps n'était pas sain et il n'abritait pas non plus un esprit sain.

Lorsqu'elle en eut terminé avec ses cheveux, elle reposa le peigne là où elle l'avait trouvé puis s'accroupit au niveau du meuble qui soutenait le lavabo. Elle l'ouvrit avec précaution, gardant une oreille attentive à ce qu'il se passait dans la pièce d'à côté, puis commença son inspection.

Sa découverte ne l'avait pas déçue et elle en restait même subjuguée.

Il y avait d'innombrables produits cosmétiques, allant du fard à paupières à l'highlighter, passant par les paillettes et les feutres corporels. Par tous les saints ! Ce gars devait souvent avoir recours au travestissement pour détenir une collection pareille...

Décidée à ne pas laisser passer une telle occasion, elle s'empara de ce qui lui plaisait le plus et le dissimula sous le repli de sa serviette, au niveau de sa poitrine. Puis elle referma le meuble, se releva délicatement et sortit de la pièce d'un pas nonchalant.

***

Il y avait deux silhouettes sur la terrasse, l'une devait être celle de son amant, tandis que l'autre lui était inconnue. Elle en profita pour se faufiler vers le matelas et y récupérer ses vêtements jetés çà et là auparavant. Dans la plus grande des discrétions, elle retira délicatement sa serviette puis enfila son soutien-gorge dans lequel elle plaça les plus petits objets, tels que des flacons de vernis ou des tubes d'eye-liner de diverses couleurs. Elle réussit à coincer une palette de fards à paupières sous son short, puis deux échantillons de parfums pour homme qu'elle appréciait particulièrement.

Plus sereine, elle se rhabilla complètement, replaçant son large débardeur correctement puis chaussant ses bottines râpées qui claquaient sur le sol lorsqu'elle marchait.

Mais lorsqu'elle se retourna, elle se retrouva face aux deux hommes qui semblaient ne se préoccuper plus que d'elle. Nerveuse, elle jeta un coup d'œil à la porte d'entrée qui ne se trouvait qu'à quelques mètres d'elle puis les considéra de nouveau, l'œil humide, le dos moite.

Toutefois, les garçons ne s'attardèrent pas et Hisoka se pencha en avant pour attraper son haut avant de revêtir son grand manteau vert. La jeune femme resta pantoise, observant du coin de l'œil l'autre homme qui l'accompagnait. Son regard allant de ses yeux complètement vides au bas de sa longue chevelure qui se confondait avec son manteau sombre.

Puis ils se dirigèrent tous deux vers l'entrée, franchissant l'encadrement de la porte sans jeter un regard en arrière, la laissant seule, elle et son butin volé. Hisoka referma la porte en un faible claquement après lui avoir adressé quelques dernières paroles :

- J'ai la clé, mais la porte reste ouverte...

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Lucie Draw