L'aveu d'Irumi

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Côte à côte, les deux hommes arpentaient les rues de York Shin City sans réelle destination. L'un s'amusait à shooter dans des graviers, tandis que l'autre se contentait de fixer l'asphalte, plus absent qu'à l'accoutumée.

- Tu ne me parles pas de ta famille ? Tu as tellement à dire d'habitude. Serais-tu malade Irumi ?

Ce dernier adressa un regard suspicieux à son interlocuteur puis replaça une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Ces temps-ci je prends mes distances, avec ma famille.

- Oh ! Voyez-vous ça, le petit Irumi quitte enfin le domicile familial, hé hé ! Que t'arrive-t-il ? Tu es tombé amoureux ?

- Ce n'est pas tout à fait ça...

Cette fois-ci, Hisoka cessa tout bonnement de rire, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Tu fréquentes quelqu'un ?

- Pas vraiment. Mais bientôt ce sera le cas, mes parents ont décidé de me marier au printemps prochain.

Le magicien retint un nouvel éclat de rire, ses joues rougissant à vue d'œil. Il laissa sa tête basculer en arrière puis se pinça l'arête du nez, un sourire immense fendant son visage.

- Nan mais tu plaisantes ?! Ouh ouh ouh !

Mais le silence de son compagnon l'obligea à se ressaisir l'instant d'après : Irumi disait vrai.

***

Accoudé à la rambarde en métal qui bordait le pont de York Shin City, Kuroro contemplait les reflets des réverbères à la surface de l'eau qui formaient une multitude de paillettes s'agitant en tous sens. Il approcha ses mains en coupe autour de sa bouche et souffla à l'intérieur pour se les réchauffer. Plus la nuit avançait, plus la température baissait. Il allait rentrer avant que le froid n'ait raison de lui.

Ses pas silencieux laissaient des empreintes dans la fine couche de neige qui recouvrait le trottoir tandis que le bas de son manteau frottait son pantalon, laissant échapper un faible son qui perturbait le calme plat de la ville.

« York Shin n'a jamais été aussi... décevant... »

Las, il laissa ses pieds le guider, prenant conscience qu'il n'allait pas dans la direction escomptée. Mais qu'en avait-il à faire ? L'effort le réchaufferait.

***

- Yuko Kesaï. Sa famille est affiliée à celle des Nostrad.

- Ooh... Ce nom me dit vaguement quelque chose...

- Right Nostrad est l'un des dirigeants de la mafia. Sa fille Néon s'est faite dérober son Nen par Kuroro, tu ne t'en souviens pas ?

Hisoka eut un sourire en coin, se remémorant le raid de la Brigade Fantôme lors des enchères de la ville, quelques années plus tôt.

- Mmh... Je vois... Et quel âge a-t-elle, cette Yuko ? Elle est jolie ?

- Vingt ans. Je ne l'ai jamais vue cependant.

- Ah ! C'est un risque, ça ! Hé hé hé...

- Tu l'as dit. Toutefois, je compte lui rendre une petite visite ! En secret évidemment! Mais je déteste les surprises.

Le rouquin pouffa tandis que le brun lui adressa regard dédaigneux.

- Ne dit-on pas que le marié ne doit pas voir sa bien-aimée avant la cérémonie ?

- Depuis quand tu t'y connais en mariage, toi ?

- Mais depuis toujours voyons... Tu me sous-estime, Irumi !

Ce dernier soupira profondément, les sourcils légèrement froncés.

- Dis-moi, mon ami, tu comptes bien m'inviter à ce mariage, tout de même ?

- Que tu le sois ou non, tu trouveras toujours un moyen de venir, alors qu'importe !

Hisoka lui jeta quelques coups d'œil furtifs avant d'accélérer sa marche, le distançant de plusieurs mètres. Puis il s'arrêta brusquement et fit face à Irumi, le pointant du doigt :

- Si tu veux mon avis, il vaudrait mieux que je vienne avec toi ! On ira la voir ensemble, hein ! On sait jamais, sa famille pourrait être très dangereuse !

- C'est hors de question. Tu ne profiteras pas de la situation pour te confronter à de nouveaux adversaires !

Sur ces dernières paroles, le magicien éclata de rire sous le regard désespéré de son ami.

***

La poisse...

Ce gars n'était même pas foutu d'avoir ne serait-ce qu'un fruit ou un bout de pain dans ses placards.

Soucieuse à l'idée de faire une nouvelle crise, la jeune femme s'empressa d'ouvrir tous les meubles de la cuisine de son amant disparu. Et heureusement, elle dégota quelques barres de céréales qu'elle enfourna goulument dans sa bouche et avala sans plus les mâcher.

L'estomac plein et la gorge irritée d'avoir déglutit si vite, elle se laissa glisser contre le mur, s'asseyant à même le sol. Elle avait le visage en sueur et ses mains moites tremblaient. Le visage crispé, elle inspira profondément avant d'expirer rapidement, tentant de calmer les nausées qui s'intensifiaient au fil des minutes.

À chaque fois se produisait la même chose : elle prenait faim, se remplissait le ventre à la vitesse de l'éclair et finissait aussi malade qu'un chien.

Depuis combien de temps vivait-elle ce trouble ?

Au cours des années, il n'avait jamais cessé de s'amplifier, devenant presqu'un handicap. Cependant, elle ne s'était jamais demandée de quoi pouvait-il s'agir. Etait-ce un trouble alimentaire, ou simplement un moyen de consolation ?

Incapable de vivre au jour le jour, elle gardait en tête ses inquiétudes, ses angoisses, et elle passait son temps à déambuler dans les rues de York Shin, à la recherche d'une quelconque occasion qui la sortirait de ses enfers.

Cette ville était unique en son genre. Elle était à la fois le point de rendez-vous de nombreuses cultures et nationalités, mais elle était aussi le gouffre des plus démunis. Son centre abritait les plus aisés, leur offrant un cadre de vie agréable, pourvu de grandes enseignes et de nombreux évènements susceptibles de leur plaire. Mais plus on s'en éloignait, plus les infrastructures se retrouvaient dégradées, désertées de leurs habitants. Le jour, les bas quartiers étaient déserts, mais une fois la nuit tombée, ils étaient aux premières loges de spectacles macabres présentés par des hommes qui ne demandaient qu'à vivre.

York Shin City était un véritable carrefour de différences, et elles étaient chacune liées par un sentiment de rivalité.

La jeune femme en faisait partie. Malheureusement, elle n'était pas de ceux qui avaient la liberté de vivre comme ils le souhaitaient. Elle, elle avait le choix entre (sur)vivre, ou mourir. Parce que sa vie avait été décidée ainsi.

Mais elle n'aurait jamais cette liberté- rêvée.

Hey!

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  À bientôt,

  Lucie Draw

À Chacun Son Réveillon [A Hunter X Hunter Story]Where stories live. Discover now