Part 38: toujours avec toi

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Partie d'Abdel

Par pitié, pas maintenant, pas encore, pas de jugements je vous prie.
Gardez les!

Je vous vois venir. Vous êtes forts quand il s'agit d'indexer et de juger. Incapables de ressentir ou d'envisager un tout petit peu ce que je ressens et le choc que j'éprouve. Les paroles méprisables et tranchantes de ce couard bourdonnent toujours dans mes oreilles comme une abeille égarée et m'astiquent le cerveau.

Je n'ai pas pu contrôler ma colère et mon dégoût quand il s'est mis à rire et à parler de ma femme comme si c'était la dernière des traînés. Je ne me suis pas retenu de le défoncer comme il faut. Je sais , je le reconnais , je suis très impulsif mais Personne, je dis bien personne , ne parle mal de ma Zahra.

Ma rage est immense, mon choc mesuré à l'infini que je n'en calcule même pas mes faits et gestes. De peur de craquer devant un public, je me suis décidé à marcher jusqu'à l'hôtel Renaissance pour réfléchir à ces révélations bourrées d'incohérences . Est-ce possible ? Elle n'a pas osé le tromper quand même? Qui est le père d'Amy dans ce cas si ce n'est pas Gora ?
Ma tête risque d'exploser à force de réfléchir. Je ne comprends plus rien. Je sens une forte douleur à la poitrine comme si j'allais faire une attaque . En réalité , c'est l'annonce d'une crise d'angoisse.
Je prends appui sur un lampadaire pour reprendre mon souffle en répétant " la khawla wala khouwata illa billa " pour me calmer. Que m'arrive t'il ? Pourquoi je réagis ainsi? Je ne dois pas me mettre dans un état comme tel à cause de cette femme.
Cette khady va me tuer un de ces jours avec toutes ses histoires .

Les mains fourrées dans les poches de mon blouson pour masquer les traces de sang sur mes poings, j'arrive à destination et le groom me tire la porte avec son sourire obligé . En traversant le hall, la réceptionniste me fait un signe de tête en fronçant les sourcils. Normal, il est très tard. Je me résigne à regarder ma montre car en effet mes mains représentent une arme de crime .
J'espère qu'aucun retournement de situation me touchera. Ils ont intérêt à bien faire le reste du boulot.

Une autre femme, portant un tailleur avec le logo de l'hôtel, me sourit chaleureusement en battant des cils . Dégage , Je n'ai ni le temps ni l'esprit à sympathiser avec qui que ce soit.

Il faut que je me calme , il le faut. J'ai les nerfs à fleur de peau, trop même . L'ascenseur m'amène jusqu'au cinquième étage où se trouve notre suite. Je m'y engouffre en essayant de faire le moins de bruit possible. Je trouve Layla endormie, roulant en boule sur elle même, le visage mi serein.
Ma Zahra, si exceptionnelle , comment elle a réussi à traverser autant? Comment n'ai je pas pu la connaître plutôt pour m'assurer de sa protection? Comment cet homme a osé la toucher et la calomnier?
Pourquoi tant de soucis ?

Il s'en ait fallu de peu pour que j'en eus fini avec sa misérable vie.
Pourquoi ne l'ai je pas tué?

Astarfiroulah!
Ce n'est point de mon ressort. Abdel Karim CALME TOI !

Que Dieu me pardonne pour cette maudite colère qui se dégrade en mon être et me ronge. Il m'est difficile de me contrôler quand je le suis  d'où mes conneries. Le docteur Diop m'internerait pour l'éternité s'il venait à savoir ce que j'ai fait.

J'enlève à la hâte mon blouson pour filer sous la douche, il faisait froid à Paris mais il me fallait cette douche pour m'apaiser d'un pouce . Je nettoie le sang sur mes mains puis je m'aperçois que j'ai des bleus sur les poings.
Putain de mulâtre!

Mes ablutions terminées, j'enfile un léger caftan pour faire des prières de plus .  J'avais déjà accompli mes tâches de croyants lorsqu'on était rentré de l'hôpital.
Six rakkas qui ont réussi à dégazer mon âme. Je n'avais pas le droit de tabasser ce salop même si j'avoue y avoir trouver mon plaisir. Mon Coran sur les genoux, je commence par la Sourate Al Imran, arrivé au vingt-septième versets j'entends des gémissements puis des bruits de grognements .
En levant la tête je vois mon épouse cramponnée ardemment aux draps. Elle gigote et commence à parler pour suivre aux cris dans son sommeil.
Je saute sur mes jambes  .

Farce ou Coup du destinWhere stories live. Discover now