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-Bonne nuit les enfants, faites de beaux rêves !

-Euh maman ?

Pour la première fois depuis longtemps, j'arrête ma mère avant qu'elle n'aille se coucher. On casse un peu la routine, cela ne fait de mal à personne.

-Oui ?

-Quand est ce qu'on retourne à la mer ? La maison me manque...Et je veux changer d'air, j'étouffe ici.

-Si tu veux j'en parles à ton père, on peut y aller un week-end, ou pour les prochaines vacances d'accord ? Et Lix, si tu as besoin de parler je suis là tu sais, je suis ta mère, mais aussi ton amie. Ok ?

-Merci, mais tout va bien.

Ma mère me regarde avec une lueur de tristesse dans les yeux, tout en gardant son fameux sourire. Elle se doute de quelque chose, mais si elle pose une question elle sait que je ne lui répondrais pas, alors elle n'insiste pas.

-D'accord, je te fais confiance alors. Bonne nuit chéri, à demain. Dors bien !

-Merci toi aussi...

Je regarda ma mère rejoindre mon père dans sa chambre, puis m'enferma dans la mienne. Je ne ferai pas semblant de dormir aujourd'hui ; j'ai dit à mes parents que je devais terminer un devoir, je peux utiliser l'ordinateur à ma guise. J'innove tous les jours pour vaincre l'ennuie d'une nuit d'insomnie moi dit-donc.

Une petite heure plus tard, j'ère sur YouTube à regarder des vidéos de chats qui se blessent, sans vraiment en comprendre l'intérêt, quand soudain, l'image floue d'un jeune brun au sourire blanc me vient en tête. L'envie de sortir et d'aller dans un certain parc me prend. Ce parc que je pensais n'être qu'un amas de souvenirs s'est avéré être beaucoup plus, j'allais aller là-bas et espérer le voir. Alors j'enfilai mes pantoufles usées, puis un short noir accompagné un pull blanc, pour changer. Je m'emparai de mes clefs, puis sorti de chez moi dans le plus grand silence. Encore une fois, je marchai sous le ciel étoilé, sous la bienveillance de la lune, dans la noirceur des rues. Je marchais jusqu'au parc, m'installa sur une balançoire, et attendis. Personne ne venait, mais je restais là, c'est surement mieux que d'être chez soi.

-Tu attends quoi ?

Je sauta presque sur place en entendant cette voix. Il était là, les mains dans les poches, les cheveux en bataille, les joues gonflées, les yeux brillants.

-Plutôt qui.

-C'est moi que tu attendais ?

J'hochai la tête, amusé par sa réaction.

-Ce n'est pas vrai ! C'est trop mignon ! En réalité, moi aussi j'espérais te voir, euh... c'est quoi ton prénom ?

-Felix. Lee Felix.

-Tu es asiatique ?

-Mère australienne, père asiatique.

-C'est vrai ? Mon père est coréen et australien, mais mère est coréenne. Sinon je m'appelle Christopher, Christopher Bang. Mais appelle-moi Chris mon petit Felix.

-Alors tu es Australien ?

-Oui, je suis né à Sydney.

-Moi aussi.

-C'est vrai ?! C'est incroyable, tu montes dans mon estime !

-Parce que je n'étais pas encore au sommet ?

-Bah non.

Il rigola, et je soufflai du nez. Je me sentais bien avec ce gars, il dégageait cette aura de confiance que je n'avais encore jamais senti chez quelqu'un. Il me souriait, pas d'un rictus moqueur, non, d'un sourire bienveillant et brillant.

-Et si on allait quelque part ? Les nuits dernières, on est restés là, mais il se trouve que j'ai faim.

-Tu veux aller où ?

-Je travaille dans l'épicerie juste à côté, je t'offre le sandwich si tu veux.

-Non c'est bon, je vais pas abuser.

-S'il te plait, ça me fait plaisirs.

Il décida de passer cinq minutes à me convaincre sous mon regard intransigeant. Il tenait vraiment à me l'offrir son sandwich, à croire qu'il l'avait fait à la sueur de sa farine. Résigné, j'acceptai quelques minutes plus tard sous ses hurlements de joie.

-T'es pas un peu trop heureux ?

-Bah je vais manger avec mon ami, que demande le peuple ?

Mon cœur loupa un battement. "Ami" ? Alors j'étais son ami ? Personne ne m'avait jamais qualifié d' « ami », c'était le premier, et j'en étais heureux. Très, voir même trop heureux. C'était trop beau pour être vrai.

-Dis Félix, c'est quoi ta glace préférée ? 

-Menthe chocolat. Et toi ?

-Moi c'est Citron. 

-Ça te va bien. 

-Toi aussi, les couleurs de l'insomnie. 

-Ça a une couleur maintenant ? 

-Ça a un nom, alors pourquoi pas ?

Je baissai la tête tout en réprimant un sourire. Il souriait en marchant droit devant lui, et je le suivais. J'aime être avec lui, il est amusant, il s'intéresse à moi autrement que par des coups ou des insultes. J'ai déjà dit que j'aimais son sourire ?

-Chris ? 

-Hmm ? 

-Tu as quel âge ? 

-J'ai 21 ans. 

-Tu as finis l'école ? 

-Oui, et toi ? 

-Je suis en terminale, j'ai 18 ans. Et Chris ? 

-Hmm ?

-Pourquoi tu restes avec moi ? Je veux dire...Pourquoi tu t'intéresses à moi, pourquoi tu es gentil avec moi ?

À mes mots, le brun s'arrêta, me regarda dans les yeux pendant quelques instants, avant de me sourire. Je n'ai pas eu besoin de me tatouer sa phrase pour m'en souvenir à vie.

-Pourquoi pas ?

He is different.

ѕσυℓ мαтєѕWhere stories live. Discover now