I R O N I E

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Une goutte de peinture se déchirait sur le sol. Ça me rappelait le sang qui souillait mon poing et les larmes de honte qui pleuvaient sur les joues d'Airi cette nuit là. Cette nuit où les ricanement étouffaient mon ouïe et qu'une étiquette s'arrachait à ma peau pour la laisser s'imprégner d'une autre.

"Petit con" laissait son trône pour "grand connard".

Après cet incident, je me rendais à mon lycée pour accepter mon exclusion. Les autres directeurs refusaient mon inscription, leurs sourires étaient figés devant mes mains bandées qui dépassaient de mes poches, mes yeux noirs brillant d'agressivité n'arrangeaient pas les choses.

— Calme toi, Rin.

Un faux contact dans mon dos s'emparait de mes sens, je sentais sa beauté à travers ses odeurs. Ueno regardait tristement ma toile blanchie par des couleurs foncées. Je tremblais.

En réalité, j'étais aussi préoccupé par l'aiguille qui menaçait les 17h, l'heure à laquelle le parfum bon marché de mon amie disparaîtra pour me laisser terminer ma toile.

J'enchaînais avec un cigare.

— Quand est-ce que tu vas arrêter de fumer? Les sourcils d'Ueno n'étaient pas content.

— En quoi ça te dérange?

— Je n'aime pas l'odeur.

— Tu me l'as déjà dis.

— Si tu veux embrasser une fille un jour, tu vas devoir oublier cette habitude.

Je haussais un sourcil.

— C'est un avertissement?

— Non, plutôt un conseil.

Ses insinuations déposaient un sourire sur mes lèvres, son but était atteint.

—Si c'est un conseil, ça veut dire que tu préférais embrasser quelqu'un qui ne fume pas mais si jamais tu n'avais pas le choix, ça ne serai pas grave, j'ai raison?

Je l'avais déstabilisé, mon but était atteint.

—Ça ne serai pas grave, certes, mais plutôt déplaisant, je ne recommencerai pas.

Dans nos disputes d'arguments, elle gagnait trop souvent à mon goût. En enfilant son manteau d'hiver, son air satisfait me lançait :

—10 pour Ueno, 5 pour Rin.

Une fois seul, un soupir soulagé relâchait mes sentiments déboussolé. Mon cœur frappait dans ma poitrine, elle venait de m'autoriser à l'embrasser.

Dehors, la route livide me narguait, elle qui connaît l'endroit où Ueno s'en va chaque jours, contrairement à moi.

La pollution m'oppressait, c'est seulement une fois chez moi qu'elle finissait par s'enfuir.

— Oni-san!

Cette voix de petite fille dont le manteau clair cachait le menton, patientait dans l'entrée.

— Tu sais quoi? Aujourd'hui maman va m'acheter un arc à flèche!

— Woah sérieux? Je répondais, c'est qu'elle est devenue gentille, dans les années 90 c'était pas trop ça-

Son visage froissé apparaissait dans le couloir.

—Tu ne méritais pas de jouets toi, contrairement à Emi.

Une moue triste moulait le visage de ma petite sœur.

—Pourquoi il ne méritait pas de jouets?

L'autorité maternelle me faisait signe de la rejoindre dans la cuisine, immédiatement.

—Comme tu le sais, je dois emmener Emi à l'hôpital pour vérifier son état avant l'opération, le patron n'a pas voulu couvrir mon salaire aujourd'hui, tu sais lui acheter un arc à flèche s'il te plaît? Je te rendrai-

— Maman, je tranchais froidement, t'auras rien à me rendre du tout.

Dans le fond de son regard coulait de l'inquiétude, elle le détournait pour chercher l'écharpe d'Emi sous une montagne de vêtements.

— Tu sais... j'ai rencontré une fille.

Elle soupirait.

—Intéressant, tu crois que c'est ça qui va me rassurer?

Dites bonsoir à l'ironie de ma génitrice.

—Tu devrais, c'est grâce à elle que je pense reprendre les cours.

Son action se stoppait.

—Un jour, tu pourras l'inviter à manger si tu veux.

C'est sur ces mots qu'elle trouvait enfin le tissus vert pomme.

—J'y vais, il reste des nouilles dans la casserole et par pitié, arrête de te moquer de moi.

Mon amusement lui répondait.

—À ce soir oni-san! Riait Emi avant que le silence froid me rejoigne.


**


— Ça fait un bails que vous ne m'avez pas acheter de cigarette, je vous en mets?

— C'est gentil mais non, merci.

Je sortais tout sourire, l'arc à flèche dans mon sac en plastique. Ce bonheur en abondance sur mes lèvres était dangereux.

Une ombre sèche agressait ma peau.

— Tiens tiens, mais qui voilà?

Ah. Ma conscience ricanait, elle savait qu'il y avait anguille sous roche.

Ma tête tournait mécaniquement à gauche, lasse.

— Qu'est ce que vous me voulez?

Ces deux silhouettes de lâches sont boxeurs. Rien qu'à les regarder, une rage amère picote mon poing.

— T'inquiète pas chéri, on est juste là pour te prévenir qu'Airi est nominé, il représente le Japon.

C'est à ce moment là que je compris ce qu'est le bonheur ; un château de cartes.

Fragile, instable, qui s'envole au premier coup de vent.

La preuve, cette minuscule conversation avait suffit pour que mes cartes percutent le sol.

Dis moi Ueno, Airi t'a t-il dit qu'il comptait m'arracher mon rêve des mains?

- 𝚁𝚒𝚗, 𝚕𝚎 𝚐𝚊𝚛𝚜 𝚍𝚘𝚗𝚝
𝚕'𝚊𝚟𝚎𝚗𝚒𝚛 𝚊 é𝚝é
𝚌𝚊𝚖𝚋𝚛𝚒𝚘𝚕é.

ueno Where stories live. Discover now