F U N E S T E

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Mon ombre ne sortait plus

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Mon ombre ne sortait plus. L'inquiétude du regard de ma mère coulait à flot, même Emi le remarquait.

Le karma m'avait retiré le droit de rire mais il ne m'empêchera pas de pleurer.

— Rin? Ma petite sœur me secouait.

Je ne répondais pas.

— Énerve toi s'il te plaît, je t'ai pas appelé oni-san.

Sa plainte me perçait le coeur, mais j'arrivais pas à l'ouvrir. Sa robe pâle  revenait donc le lendemain.

— Tu sais quoi oni-san? Les gens à l'hôpital sont trop gentils! Et même que-

— Tais toi, le timbre mélancolique de ma voix était sec, je regrettais aussitôt.

Le silence de plomb se taisait, lui même sous le choc. Elle finissait par sortir en pleurs.

Je devais vraiment être un sombre connard pour avoir fait pleuré Emi.

Le coussin contre mon coeur bleu d'hématomes, je me laissais crever. Mes rêves, mon sourire et moi n'avions plus d'âme.

Avec une palette, je veux que tu repeignes ma vie, je t'en supplie. J'avais beau attendre qu'on vienne me sauver, Ueno n'arrivait pas. Ça augmentait la nausée de mon cerveau et déchirait mon manque de chaleur.

Chaque nuit, je rêvais de son sourire malin, ses pulsions d'amour et ses yeux qui me regardaient avec une tendresse que je n'arrivais pas à lui rendre.

Mes espoirs divaguaient sur mon coussin, j'imaginais ses yeux saphir qui me montraient le chemin du bonheur, assise sur le parquet, devant mon lit. Elle dirait un truc qui déstabiliserai mes répliques. Une phrase du style ; "Je peux allumer la lumière pour voir ton visage? J'aime bien le regarder", et c'est là que mes joues se laisseraient teindre avec du rouge écrevisse.

Mais mon imagination avait l'illusion comme ami, une semaine et demie s'était écoulée, pas de trace de son rire. À la place, Emi allait à l'hôpital pour quelques jours.

Des fossés sous les yeux, je descendais ma vaisselle sale dans la cuisine.

Du tabac, il me faut du tabac pour mourir plus rapidement.

Alors je descendais la rue comme il y a quelques semaines, mes basket se stoppaient.

À l'angle de la rue, deux mots puissants se présentaient à moi. Le visage fermé, le bout de mes doigts lévitaient au dessus de la peinture fraîche de quelques jours qu'avait abandonné Ueno.

“Respire, Edo” était marqué à l'encre de Chine aussi simplement que sa signification compliquée.

Edo est l'ancien nom de Tokyo, celui qui était plus sage.

— Qu'est ce que ça veut dire? Je demandais à haute voix.

Là tout de suite, elle était sensée sortir de l'ombre pour m'enseigner une de ses thèses improvisées, mais rien ne se produisit.

J'achetais des bonbons à la place du poison à cause du mirage d'Uneo qui était assis sur le comptoir et qui me regardait en boudant.

T'as pris tellement de place dans ma vie que tu t'es installée dans mon esprit.

Peut-être pour me racheter d'être un connard, j'allais à l'hôpital. Emi était sûrement en salle de réveil. Mon allure de délaissé était méprisées des regards, ça me rappelait notre rencontre sur le boulevard fréquenté de Tokyo.

La main au bord des lèvres, ma mère n'arrivait pas à croire ma venue. Elle se ressaisissait rapidement.

— Tu aurais pu faire un effort et mettre des vêtements plus classe quand même.

Un faible sourire passait sur mon visage, je me rendais compte à quel point elle comptait pour moi. Le temps qu'Emi reprenne ses esprits, je descendais m'acheter une cannette.

Pièce, mécanisme, bruit sourd, rire.

Rire. Je restais accroupis, la main dans l'habitacle sur ma boisson. Ce rire que je rêvais d'entendre n'était pas au bon endroit. L'estomac retourné, je levais les yeux vers le coin où les malades se réunissaient pour se détendre.

Debout, habillée d'une tenue semblable aux autres, Ueno procurait l'hilarité générale. Son bras percé par une infusion, elle s'appuyait sur la barre auquel le liquide pendait.

Une infirmière appelait son nom et elle faisait légèrement signe aux vielles personnes avant de s'en aller.

— Elle me fait de ma peine cette petite.

— Oui à moi aussi, renchérissait un autre.

Je tombais sur le fauteuil à leurs côtés.

— Pourquoi vous dites ça? Elle a l'air heureuse.

Mon calme m'effrayait, une ambiance morose pesait sur ma question.

— C'est compliqué mais.. Il me semble qu'elle est ici depuis plus longtemps que moi.

— Il parait que ses crises de paralysie prennent plus d'ampleur et qu'elle a été placé dans la section où on met les personnes qui ont le cancer, ça devient grave je pense.

— Ma pauvre petite, soufflait quelqu'un.

Un liquide collant se déversait dans mes chaussures, ils se tournaient tous vers moi.

Ma cannette venait d'exploser sur le sol, les iris d'Ueno se trouvait à l'autre bout du couloir et ils me fixaient avec un choc dont je ne l'aurai jamais crus capable.

— Rin? Mon nom qu'elle prononçait s'écrasait sur le sol avec le liquide, noyé sous l'envie de mourir.

-𝚁𝚒𝚗, 𝚌𝚎𝚕𝚞𝚒 𝚍𝚘𝚗𝚝 𝚕'𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛
𝚊𝚟𝚊𝚒𝚝 𝚌𝚘𝚖𝚖𝚎 𝚎𝚗𝚗𝚎𝚖𝚒.

ueno Where stories live. Discover now