R E P E N T I R

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Prendre une douche dans l'espoir de laver ses pêchers, c'est illusoire

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Prendre une douche dans l'espoir de laver ses pêchers, c'est illusoire. Lésion de l'être, suintant de souvenirs. Je me rappelais à quel point l'amitié est fragile, malléable. Celle avec Airi n'avait rien d'extraordinaire, hormis le temps qu'elle avait duré. Soupirant, je me dépêchais d'en finir avec ces pensées pour rejoindre la fille aux situations improbables qui avait sonné chez moi et attendait patiemment dans mon espace personnel. Je mettais un t-shirt à la hâte et la trouvais assise là, calme. Or, un détail me froissait.

— On a tous cette partie oppressante qu'on nomme zone de confort. Plus facile d'être un baratineur que de prôner son bien être. C'est bête de jouer à l'autruche, à force d'imiter l'animal on se focalise sur les besoins primaires et puis c'est pas en ignorant nos blessures qu'elles se soigneront. Faut aller à l'hôpital.

— Est-ce que t'essayes de justifier la présence d'une tortue sur mon coussin?

Bueno, corrigeait Ueno.

Je m'accroupissais pour mieux l'observer.

— Quel nom chelou pour un animal vert, je rétorquais en fixant sa carapace fissurée.

— Arrête avec tes propos racistes, elle sermonnait.

Mon index longeait la cicatrice. Prise de peur, la petite chose se dissimulait en dessous.

— Tu sais pourquoi je l'ai ramené?

Je secouais la tête, entraînant mes boucles humides.

— Parce qu'elle me fait penser à toi au début de notre relation. Parce que.. elle hésitait en baissant le regard, je voudrai que tu lui montres comment t'as fait pour sortir de cette dépression.

Je passais mes doigts sous l'animal, me couchais à sa place et le déposais sur le haut de mon torse, à côté de mon coeur.

—Si t'as besoin d'un conseil Ueno, ne fait pas passer ta requête à travers une tortue qui à besoin d'avis à trois heures du matin.


Elle rougissait dans la pénombre en s'enfonçant aussi dans mon odeur, celle-ci coincée dans les abysses de mes draps.

— Et donc? Fébrile fut sa question.

Mon visage tournait dans sa direction, j'attrapais un sourire carnassier devant son expression boudeuse.

— C'est grâce à toi que j'ai assumé mes conneries et nettoyé ma chambre. Les octaves baissaient dans cette soirée argotique, nos nez s'effleuraient et je prenais plaisir à lui faire comprendre son authenticité.

— C'est pas vrai, t'es pas aussi beau grâce à moi.

Craquante et mignonne.

— Tu peux ne pas me croire.

La température grimpait, elle s'éloignait.

— Alors, comment j'ai procédé? Sa question ne m'était pas destinée mais j'y répondais quand même.

— Tu vois à l'envers, nage à contre courant. Je dis noir et toi blanc, on dirai que tu flirtes avec le mal pour le rendre bon et même quand tu veux te faire passer pour la méchante d'un récit personne ne te croit. Même si il y a une goutte de mal en toi tu ne t'en abreuveras jamais, au risque de mourir de soif. Tu me dis vouloir blesser Airi pour imiter ma justice, mais ce que tu ne dois pas faire c'est essayer de ressembler à l'apprenti quand t'es le peintre. En fait, je crois que y'a encore des milliers de qualités en toi qui n'ont pas changer ma personne mais plutôt mon point de vue. C'est pour cette raison que le jour où tu m'as demandé de quelle couleur est dehors j'ai répondu : flou. La vision évolue, parfois bâclée comme celle des racistes, parfois idéalisée ou même conservatrice. Mais toi, je soufflais, essoufflé. J'ai toujours pas trouvé quel est le plus bel adjectif qui puisse exister sur terre, je ne sais donc pas encore.

Je perdais son regard durant ma déclaration bancale. Les joues en feu, les mots m'avaient échappé tant la vérité fait mal si elle ne sort pas.

—Comment on respire?

Bueno fixait, certainement gêné face à cet amour candide, mièvre, addictif.

Temporaire?

J'ignorais la raison pour laquelle ce mot paresseux devant la porte de la vérité comblait mon esprit. Pour l'oublier et faire tourner les pléiades de nos âmes enfants, mes sentiments glissaient sur ses lèvres.

Si demain est le fils de l'amour, alors il dira peut-être un jour que maman est morte.

- Rin, pleuvoir un jour,
sourire toujours.

ueno Where stories live. Discover now