Chapitre 13

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-Aléya, c'était ma soeur.

Comme moi, elle était spéciale, elle était différente, sans l'être pour autant. Elle n'était pas comme moi, mais nous nous ressemblions...

___________

🥀Zeleph🥀

Aléya avait tendance à être lunatique, elle passait ses journées assises au même endroit, à regarder ce que la vue lui offrait.
Son regard et ses traits étaient neutres, elle ne faisait pas la cible d'émotions tumultueuses et de sautes d'humeurs allant et venant telles des montagnes russes comme les jeunes femmes de son âge.
Elle restait comme ça, l'esprit et le cœur vide, à longueur de journée, sans bouger.

Moi, j'avais tendance à être plus actif et ouvert, et à chaque jour à la même heure, je venais la chercher, elle me suivait, nous dînions, dormions, et le lendemain, elle retournait s'asseoir là-bas. Quelques fois, je l'observais dessiner dans un carnet, toujours cette expression neutre collée au visage.

-Aléya?
-oui?
-pardonne-moi.

Cette phrase, je la lui répétais chaque jour, je me sentais coupable, terriblement coupable, c'était à cause de moi qu'elle était devenu un être rarement animé d'états d'âmes.

-ne t'excuses pas d'être comme ça, me répéta-t-elle encore une fois. Papa et maman ne t'ont pas accepté comme tu étais, c'est la vie.
-tu n'étais pas obligée de me suivre, tu pouvais rester avec eux.
-et te laisser partir tout seul?, elle soupira et ferma son carnet, de toute façon, tu as toujours été leur préféré avant qu'ils n'apprennent que tu n'étais pas comme eux. Si j'étais restée, ils auraient essayé de faire en sorte que je devienne comme toi, et ne m'auraient pas accepté comme je suis. Devenir parfaite, ce n'est pas tellement mon fantasme.
-parfaite? Je n'étais pas parfait moi. Je suis différent. Je suis né Spriggan, au lieu de naître vampire, la mort a bien été cruel avec moi, ha ha.
-c'est ainsi, toi et moi, on est différent, c'est ça le problème avec les gens. Ils ne supportent pas la différence. Toi, on t'a accordé le droit de laisser la vie et le droit de la reprendre, moi, on m'a retiré le droit de ressentir les émotions.
-arrête, tu es capable de ressentir des émotions.
-c'est vrai. Mais quand ça arrive, j'ai l'impression qu'un moustique me pique, je ne sens presque rien.

Je la pris dans mes bras, elle ne bronchait pas et contentait de continuer son observation mélancolique.

-en temps normal, je serais en train de pleurer, là, tout de suite, mais je n'y arrive pas. Raconte-moi Zeleph, qu'est-ce que tu ressens actuellement? Partage tes émotions avec moi s'il te plait.
-là, je ressens de la tristesse, beaucoup de mélancolie aussi, et aussi de la joie.

Elle se redressa et me regarda, les yeux grands ouverts.

-de la joie? Comment est-ce?
-eh bien, la joie... C'est une émotion très agréable, tu éprouves du plaisir pendant une durée limitée, ça ne dure que quelques instants, mais tu peux encore l'éprouver lorsque tu pense à quelque chose qui te satisfait, que se soit imaginaire ou réel.
-et comment sait-on lorsqu'on ressent de la joie?
-on le sait, car on est heureux.
-tu es heureux, là?
-oui, je ne sais pas pourquoi, mais j'éprouve de la joie, souris-je doucement en la ramenant contre moi.

Le silence revint, un silence de courte durée, je la vis verser des larmes.

-qu'est-ce qu'il y a?
-je suis en train de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi, car je ne ressens rien.

Cet évènement avait rendu cette soirée-là différente des autres, et ce fut comme un déclic, un déclic dans notre vie. Un déclic, qui a enchaîné tous les évènements différents de notre routine mélancolique. C'était un début de soirée, comme toujours, le soleil commençait à se coucher, Aléya était roujours assise sur l'herbe à seulement quelques centimètres du pic de cette falaise, à observer le paysage devant elle. Je devais aller la chercher, même si notre petite cabane était seulement à une centaine de mètres derrières, caché par des buissons et des arbres. Je l'observais en train de dessiner. Puis quelqu'un est arrivé derrière elle, silencieusement, il avait des cheveux roses, et de grands yeux verts, comme ceux de ma sœur. Inquiet qu'il ne lui fasse du mal, j'étais sorti.

Elle se retourna, après avoir entendu des pas, elle pensait qu'il s'agissait de moi.

-c'est bon Zeleph, cette fois-ci j'arri-...

Elle se figea, l'homme aussi, ils se regardaient droit dans les yeux, et pour la première fois, je pus voir ma soeur rougir. Ils ne semblaient pas m'avoir remarqué, alors je fis demi-tour, luttant contre cette envie de les observer par la fenêtre. Une heure s'écoula, et la porte s'ouvrit enfin. Je m'attendais à la voir comme d'habitude, les yeux vides d'états d'âme, le visage neutre comme d'habitude, mais à partir de là, ça avait changer. Elle souriait, un sourire éclatant, un sourire qui n'avait sans doute jamais étiré ses lèvres ainsi auparavant, un sourire qui ne se faisait pas forcé.

-Zeleph, tu ne vas peut-être pas me croire mais aujourd'hui, j'ai ressenti de la joie.

Monster | TOME 1-2 (NaLu fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant