V i n g t - t r o i s

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— Je t'aime tellement, si tu savais. Je t'aime... Je suis si triste qu'on ait à vivre dans ce monde pourri.

— T'es bien mélancolique, d'un coup... T'as raté une de tes toiles ?

— Non... C'est juste que... Laisse tomber. Est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes ?

— Pourquoi ?

— Réponds.

— Tellement... Si tu savais. Quand j'étais petit, je croyais qu'il était possible de voler. J'aimais battre des bras en montant sur des marches avant de sauter. J'aimais quand on montait en haut des immeubles, pour toucher le ciel. Nourrir les oiseaux. Regarder l'horizon. Quand j'étais gosse, je voulais tellement vivre dans les étoiles. Puis j'ai fini par abandonner. Doucement. J'ai fini par accepter ma cage. Parfois, il n'y a que ça, à faire. J'ai vécu cette vie de lumière, j'ai abandonné l'horizon pour me contenter de mon entourage. Mais je ne suis pas très honnête avec. Et toi ?

— J'ai toujours rêvé d'appliquer l'art à ma vie.

— T'es pas clair.

— Je sais. L'art n'est clair que pour les gens qui ne l'aiment pas. Les profiteurs. Les artistes véreux. Les profs d'arts plastiques au collège. Ce que je voulais dire, c'est que je voulais toujours être sincère, avoir une vie authentique. Faire de ma vie une oeuvre d'art. Et pourquoi pas faire en sorte que ceux qui croisent ma route m'accompagnent. L'espace d'un instant. Mais je regrette le temps qui passe. Je regrette tellement de choses.

— Rien n'est impossible.

— Tu sais quoi ? Je crois que t'as raison. Un jour, on va réaliser notre rêve. Ensemble. On fera le tour du monde. On touchera le ciel. Et on fera de notre expérience la meilleure oeuvre d'art, une oeuvre de liberté. Je t'emmènerai avec moi. Et je te jure que rien, absolument rien, ne nous arrêtera. Ni un déménagement, ni une tempête, ni l'argent. Même la mort n'arrête pas les artistes.

— Promis ?

— Promis.

ArtificielsWhere stories live. Discover now