Chapitre 26 : Sang de Bourbe

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Attention, tous les chapitres qui suivent possèdent plusieurs trigger warning, comme la violence. Bonne lecture !

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Sang de Bourbe.

Hermione poussa un hurlement. A genoux sur le sol humide des cachots, elle gardait une main posée sur son bras, à masquer l'inscription gravée dans son bras.

Ils l'avaient insultée. Ils l'avaient torturée, bien plus mentalement que physiquement. En fouillant dans ses pensées, ils avaient appris à la connaître par cœur : il savait que lui parler de ses parents, de son sang impur et de la mort de ses proches la rendraient folle. Ils lui avaient dit qu'elle raterait tout, toutes ses missions, et que tout était déjà fichu : bien sûr, ils savaient bien qu'elle craignait plus que tout l'échec.

Un nouveau hurlement lui échappa. Ah, ce qu'elle avait mal ! Son bras la brûlait, à l'endroit même où ils avaient gravé cette insulte dans sa peau.

Sang de Bourbe.

Cela résonnait dans son esprit. La petite voix dans sa tête le répétait, sans arrêt. Sans arrêt, elle l'entendait. Sans arrêt, son esprit lui rappelait qu'elle était impure.

Nouveau hurlement.

La grille de sa prison s'ouvrit dans un affreux grincement. La jeune femme resta au sol, la main qui se serrait contre sa plaie. Elle voulait hurler, encore. Encore hurler sa peine, sa douleur, sa colère. La grille se referma ; elle sentit quelqu'un derrière elle, mais elle ne put se retourner. Elle n'en avait pas la force.

— Je vous avais dit que vous affronteriez la mort.

C'était Grindelwald, en personne. Il s'était accroupi, derrière Hermione, à l'observer. La jeune femme restait au sol et dos à lui, toujours tremblante.

— Je ne suis pas morte, lâcha-t-elle entre deux sanglots, d'une voix qu'elle voulait assurée.

— Non. Je sais.

Un silence s'ensuivit. Hermione étouffa un sanglot péniblement puis se laissa tomber sur les fesses, auparavant à genoux. Grindelwald poussa un soupir, et dit :

— Je veux vous proposer quelque chose.

Hermione resta muette. Elle distinguait, dans l'obscurité, sa cicatrice sur le bras : cela la rendait folle. Sang de Bourbe.

— Si vous êtes ici aujourd'hui et si nous vous réservons un tel sort, c'est pour une simple et unique raison. Dumbledore vous a poussé à nous rejoindre, il vous a poussé à avoir cette vie.

La jeune femme secoua la tête de gauche à droite. Elle avait l'impression que toute sa peau la brûlait, et pourtant, elle mourrait de froid. Elle grelottait, la main toujours serrée contre son bras qu'elle ne lâchait pas.

— Laissez-moi vous former, susurra Grindelwald en s'approchant. Je sais que vous êtes une sorcière talentueuse, alors laissez-moi vous aider à devenir la plus puissante de toutes les sorcières de votre génération.

Il émit un léger rire, presque chaleureux et complice. Il dit :

— On vous appelait la sorcière la plus talentueuse de votre génération, non ? Alors, qu'attendez-vous pour enfin le devenir ? Qu'attendez-vous pour saisir votre chance ? Montrez à Dumbledore que vous êtes forte sans ses conseils. Faites-en sorte que tout Poudlard sache que vous venez d'ailleurs, que vous êtes puissante et que vous réussissez à vous reconstruire. Montez à Dumbledore que vous n'avez aucun regret comparé à lui ! Montrez-lui que vous réussissez tout ce que vous entreprenez sans tuer comme il l'a fait.

— Vous me pousserez à tuer, répliqua Hermione d'une voix faible. Les mages noirs poussent toujours à tuer.

— Je vous jure que non. Et je m'arrangerai personnellement pour que Tom Jedusor soit surveillé et qu'il ne tombe jamais dans la magie noire.

Grindelwald se redressa puis vint se placer face à elle. Il s'agenouilla de nouveau devant elle, attrapa son bras et la soigna en un sortilège à peine, avant de le reposer lentement. Il restait la cicatrice sur son bras, mais au moins, elle ne saignait plus. Le mage noir leva ensuite la tête vers elle pour l'observer de nouveau : elle avait les yeux encore embués et rougis, elle tremblait encore et semblait épuisée, tout aussi mentalement et physiquement.

— Que voulez-vous, au fond de vous ? murmura le mage noir, sourcils froncés.

C'était la première fois depuis son arrivée que quelqu'un lui demandait. En fait, la première fois depuis son arrivée à cette époque que quelqu'un cherchait à savoir ce qu'elle voulait vraiment. Hermione posa les mains à même le sol pour tenter de se reprendre : il fallait qu'elle se retienne de pleurer.

— Je veux rentrer chez moi. Je veux retrouver ma famille, mes parents, et que tout ça s'arrête. Je veux que tout s'arrête.

— Alors laissez-moi vous protéger, souffla Grindelwald. Laissez-moi vous empêcher d'être entraînée dans des missions. Je me chargerai moi-même de votre mission avec Jedusor, je m'y engage.

— Je ne veux pas que vous lui fassiez du mal.

— Il ne souffrira pas.

Hermione resta silencieuse. Grindelwald insista :

— Acceptez-vous que je vous protège ?

— Que voulez-vous, en échange ?

Grindelwald esquissa un sourire. Cela ne l'étonnait pas d'elle : elle était intelligente, elle n'accepterait jamais rien sans être sûre d'elle.

— Des conseils. Vous connaissez le futur, vous devez avoir des opinions bien tranchées avec votre point de vue plus réfléchi sur les événements historiques. Vous pourrez ainsi m'aider pour quelques broutilles, et nous verrons bien par la suite.

— Vous ne me forcerez à rien ? Vous ne me forcerez pas à devenir une mage noire, ou à tuer quelqu'un ?

— Jamais, promit-il. Vous resterez simplement une membre fantôme, uniquement présente pour sa protection. Une conseillère, en fait.

Hermione poussa un long soupir. Soit, elle acceptait, et s'octroyait une chance de survivre, soit elle refusait, et il allait la laisser mourir dans ces fichus cachots. Mais à la fois, faire un pacte avec un mage noir, c'était une folie ! Mais... Elle serait enfin protégée. Loin des problèmes de Poudlard, de l'inquiétude constante qu'elle ressentait là-bas, de son mal-être par rapport à Tom (qu'elle avait beau apprécier de plus en plus, mais il n'en restait pas moins un mage noir), de sa solitude, de sa frustration de ne pas réussir à être première de classe. Cela la rendait folle.

C'était sa seule issue. La seule, pour l'instant.

— C'est d'accord.

Je vais te sauver [Publication réécrite]Where stories live. Discover now