Chapitre 8 - Le Héros

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Elle avait beau s'en douter, Sophie était étonnée.

Bien sûr qu'elle s'était souvent demandé ce qu'il y avait entre Biana et Tam, s'il y avait quelque chose de spécial. Mais l'entendre de vive voix par Biana paraissait... irréel. Sophie chercha parmi dans les traits de Biana ce qui restait de l'ancienne Biana. Celle qu'elle avait rencontré en arrivant dans les cités perdues ― et qu'il l'avait immédiatement prise en grippe. Elle ne trouva pas beaucoup de traces du passé. Son amie avait beaucoup changé ― comme tous ses amis d'ailleurs. Pour le meilleur ou pour le pire ? Sophie l'ignorait. Elle mit sa main sur l'épaule de l'éclipseuse.

― Il s'en sortira, je t'assure. C'est un dur à cuire. Il a pu survivre des années avec sa soeur dans les territoires neutres. Il ne se laissera pas abattre par les conditions de vie des Invisibles.

― Ce n'est pas ce qui me fait peur, répondit son amie. J'ai peur qu'il lui fassent du mal. Ou pire : qu'ils lui lavent le cerveau avec leurs idées et qu'il devienne comme eux.

Ce dernier mot prononcé, elle éclata en sanglots. Elles continuèrent de marcher, mais Sophie dût soutenir son amie pour qu'elle avance. Arrivés au bout du voyage, ils découvrirent la demeure des cyclopes et...

― Ouah ! s'exclama Keefe.

Il avait bien raison (note de Keefe : Comme d'habitude ;D) (Note de Fitz : Décidément, tu ne changeras jamais...). Devant eux se tenait... un arbre. Un arbre certes aussi grand et majestueux que l'arbre des quatre saisons, c'était même le plus bel arbre que Sophie n'ait jamais vu, mais... un arbre.

― Mais... fit Marella. Où est votre maison ?

Sophie doutait en effet fortement que les cyclopes dorment aux pieds de l'arbre, et aucune cabane dans ses branches n'était visible.

Brontès ricana.

― Vous croyiez vraiment que nous allions laisser notre habitat en plein milieu de la forêt, à découvert et à la portée de toutes les créatures. Bien sûr que non. Nous avons donc conçu un dispositif ingénieux. Vous allez voir.

Il s'approcha de l'arbre et dit :

Calem mitore.

Ce que Sophie traduisit par Ouvre-toi dans la langue ancestrale par laquelle les cyclopes avaient communiqué avec Sophie lors de leur rencontre. À ces mots, une partie du tronc de l'arbre disparu pour révéler l'intérieur de l'arbre.

― Des escaliers ?! dit Keefe. C'est tout ? je m'attendais à une pièce gigantesque créée par une quelconque magie ancestrale. Mais non. Juste... des escaliers.

Brontès soupira.

― Réfléchissez, jeune elfe. S'il y a des escaliers, c'est pour descendre. Et donc...

Keefe s'empourpra.

― Et donc vous vivez en bas, termina-t-il.

― Finement observé ! fit Stéropès d'un ton sarcastique. (Note de Sherlock Holmes : Élémentaire, mon cher Watson.)(Note de Dex : Juste... Qui êtes-vous ?)(Note de l'auteur : Laissez tomber... Encore des personnages d'oeuvres littéraires qui s'incrustent dans d'autres univers...)

Sophie roula les yeux. Elle se demanda ce que les cyclopes avaient inventé d'autre durant toutes ces années.

― Pouvons-nous entrer ? demanda Sophie.

― Après vous, répondit Brontès avec un geste cérémonial en direction de l'arbre.

Sophie s'avança, posa le pieds sur la première marche de l'escalier et inspira un grand coup.

Je vais bientôt retrouver mon père, s'encouragea-t-elle.

Et elle descendit lentement les marches de l'escalier secret. Les marches n'en finissaient pas. Sophie s'enfonçait de plus en plus profondément dans la terre, suivie de prêt par Keefe. Arrivée enfin en bas, elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Elle n'avait fait que marcher pendant toute la journée. Elle était à bout.

Sophie examina la pièce qui l'entourait en attendant que les autres arrivent. Elle se trouvait dans un endroit très ressemblant ― de l'intérieur bien sûr ― à Alluveterre. Il y avait un grand canapé qui avait l'air très confortable, plusieurs autres fauteuils une personne étaient placés autour pour faire comme une salle de réunion. Au centre se tenait une grande table basse en verre sur laquelle étaient posés des tasses en porcelaine ― dont le contenu convainquit Sophie que les cyclopes ne mangeaient pas du tout la même chose qu'eux. Sur les murs étaient accrochés des tableaux représentant des cyclopes de toute sorte : des grands, des petits, des déformés...

― Bienvenue chez-nous, déclara Argès en désignant la pièce d'un geste théâtral.

― C'est... étrange, déclara Fitz.

― C'est le moins que l'on puisse dire, ajouta Biana.

― Moi, je trouve ça très bien ! fit Keefe en se jetant dans le canapé. Tu viens, Foster ?

Il tapota la place à côté de lui. Fitz fronça les sourcils mais ne dit rien. Il alla s'asseoir dans un autre fauteuil. Quand tout le monde fut installé, Brontès demanda :

― Maintenant, racontez-nous votre histoire.

Sophie demanda :

― Toute notre histoire ?

― Oui, toute votre histoire.

Voilà qui risquait de prendre du temps. Mais si c'était la solution pour prouver aux cyclopes qu'elle était digne de confiance, ça valait le coup. Elle entreprit donc de leur raconter comment, un jour, Fitz l'avait trouvée dans les cités interdites, comment elle avait découvert les cités perdues, elle leur raconta aussi les audiences auprès du conseil. Elle racontait toute son histoire, ses amis rajoutant des commentaires de temps à autre.

À la fin du récit, Stéropès soupira.

― Eh bien, ça ce sont des aventures ! s'exclama-t-il.

― Mais ce n'est pas pour cela que nous sommes venus. Nous sommes venus retrouver mon père.

― Oui, nous savons, répondit Argès. Nous voulions seulement nous assurer que vous étiez bien celle que vous prétendiez. Votre père nous a beaucoup parlé du Projet Colibri. Stéropès, tu peux aller chercher Froyjan ?

― Bien sûr, répondit celui-ci.

Stéropès s'éloigna dans une autre pièce. Le coeur de Sophie battait à tout rompre. Elle allait enfin retrouver son père. Depuis toutes ces années, elle n'attendait que ça. Sa patience allait enfin être récompensée.

Quelques instants plus tard, elle entendit des pas se rapprocher. Stéropès entra.

― Laissez-moi vous présenter Froyjan Gallon, le père de Sophie Foster.

Et il s'écarta pour laisser entrer l'objet de leur venue.

La première chose qui frappa Sophie, c'était ses oreilles. Des oreilles aussi pointues que celles du conseiller Bronte. Mais la ressemblance s'arrêtait là. Le père de Sophie était grand, aux alentours du mètre 95 sans doute. Il avait l'air bien musclé. Typique du guerrier. Il avait les cheveux noirs de jais, un visage pourvu d'un sourire qui s'étira dès qu'il la vit, et surtout, il n'avait absolument pas l'air vieux.

― Bonjour, Sophie, dit-il. Je t'attendais.

Gardiens des Cités perdues Tome 9 : L'ÉveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant