Gardiens des Cités perdues Tome 9 : L'Éveil

Chapitre 14 - Mission secrète

Les gens commençaient à partir, tous anxieux suite à l'annonce du conseil.

Le Conseil avait déclaré qu'il mettrait tout en oeuvre pour protéger le peuple elfique. Mais malgré cela, les elfes avaient peur ― et personne ne pouvait leur en vouloir.

Sophie entendait certains parler de rejoindre les Invisibles. Elle essayait de les en dissuader. C'était très mal parti.

Le Conseil avait demandé de voir Sophie et ses amis en urgence juste après leur annonce. Quelque chose de très important, avaient-ils dit. Ils étaient donc en train d'attendre que les conseillers les laissent entrer. 

Assis à côté de Sophie sur les marches menant à l'entrée du bâtiment ― car ils n'avaient même pas pu entrer ―, Fitz fixait un point dans le vide sans rien dire.

Sophie comprenait pourquoi : son frère, qu'il croyait mort depuis belle lurette, avait soudainement réapparu en mode kamikaze. De quoi en perturber plus d'un.

― Tu tiens le coup ? lui demanda-t-elle.

Il soupira.

― Je suis partagé entre l'envie de me frapper la tête avec l'objet dur le plus proche et l'envie de partir immédiatement traquer les Invisibles.

― Je te comprends totalement...

Ils regardèrent Tam assis un peu plus loin sur leur gauche, en train de parler avec Biana. La jeune fille avait entrepris de s'assurer que toute la mémoire du Ténébreux lui était revenue. S'il avait encore du mal à se souvenir de ses vêtements de la veille ― ce qui était tout à fait normal en fait ―, il semblait n'avoir rien oublié. L'Éclipseuse avait un sourire niais sur le visage. Le fait de retrouver Tam après autant de temps semblait lui faire du bien.

Linh était assise à côté de Dex. Ils semblaient en grande conversation. Dex ne s'arrêtait pas de parler, ne laissant Linh intervenir qu'à certains moments.

Wylie fronçait les sourcils en les regardant, mais ne fit rien. Il était assis avec Keefe qui broyait du noir en attendant les conseillers. Avoir vu sa mère ne lui avait apparemment pas plu du tout.

Grady était debout en train de faire les cent pas, visiblement très stressé. Froyjan l'observait sans rien dire.

― Tu crois qu'on aura une vie normale, après ? demanda Sophie à son copain, le sortant de ses pensées.

Il releva la tête vers elle.

― Je pense qu'on n'aura jamais une vie normale, sourit-il. Les elfes ne peuvent pas avoir une vie normale. C'est impossible. Ils sont beaucoup trop spéciaux pour l'être.

― Tu as sans doute raison... marmonna-t-elle. Mais penses-tu que nous pourrons retourner à l'école comme avant ? Voir nos amis comme si rien de tout cela ne s'était produit ? Rire, s'amuser... 

Fitz leva une main pour l'interrompre.

― Bien sûr que non, rien ne sera comme avant. Mais c'est peut-être une bonne chose, ajouta-t-il alors qu'elle affichait une mine déçue. Les autres arrêteront peut-être de te comparer à un monstre. La "réputation" (il mima des guillemets avec ses mains) de ma famille s'améliorera peut-être. Tout ça pour te dire que tu n'as surtout pas à t'inquiéter pour ça.

― Tu as raison, fit-elle en souriant. Merci, Fitz. Tu as toujours de bons conseils.

Elle lui prit la main et son regard se perdit dans les yeux bleus-verts de son petit ami.

― J'ai beaucoup de chance de t'avoir, chuchota-t-elle comme s'il s'agissait là d'un secret.

Je serai toujours là pour toi, entendit-elle dans sa tête.