𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟖

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Nous arrivions enfin dans l'immense cours de l'imposant Château Royal. Partout, on voyait des couleurs qui volaient, des affiches qui scintillaient, la foule qui s'agitait, les voix qui criaient. Très vite l'adrénaline était montée dans le bus et tout le monde se fichait de quelle classe l'autre était, le sentiment humain nous rapprochant logiquement. Le véhicule roulait au pas pour se frayer un passage, alors nous avions le temps de saluer les spectateurs venus spécialement pour nous voir. 

J'étais totalement emporté par le moment et surpris que tant de gens crient mon nom, c'était incroyable. Je leur faisais signe de la main avec un sourire béat, collé à la vitre. J'étais concentré à tous les saluer lorsque le bus s'arrêta soudainement. Je regardais devant par reflexe, mais je compris très vite ensuite que le spectacle était à ma droite, à travers les vitres de l'autre côté. 

Je restais stupéfait, un grand tapis rouge avait été déroulé, dont les bords étaient brodés d'or et autour, la foule qui fêtait notre arrivée en lançant des serpentins et en criant. Au bout de ce tapis, l'entrée du château qui se trouvait à au moins 500 bons mètres, l'allée était énorme. 

On nous fit descendre, l'un après l'autre et assez rapidement. En premier lieu, je n'osais pas poser le pied sur le tapis rouge, mais pressé par les autres derrière, je laissais ma chaussure percuter finalement le sol. Cette simple action parut aux yeux de tous, y comprit aux miens, comme un symbole. Un classe 3 se trouvait en train de marcher sur le tapis rouge du palais pour la première fois. Les acclamations redoublèrent, et je n'eus pas la peine de me demander pourquoi. Je m'avançais timidement au milieu de ce tissu rouge alors que ceux déjà descendu me fusillaient du regard pour leur voler leur moment de gloire sûrement. Les gens me demandaient d'approcher, ils me tendaient la main avec espoir. Je n'avais pas l'impression que c'était ma vie un cours instant. Je regardais ces gens, avec le sourire, et j'imaginais mes amis à la place. J'espérais qu'ils étaient fiers de moi, de là où ils étaient, parce que moi je l'étais.

Un garde qui criait mon nom me sortit de mes rêveries. Ce dernier m'indiqua d'un signe de tête de suivre les autres, et c'est seulement à ce moment que je remarquais que tout le monde m'avait doublé. Je pris une marche rapide pour les rattraper et me mettre soigneusement dans la rangée. Je complétais donc une rangée de trois et nous avancions jusque devant les marches. Alors que je me demandais pourquoi diable nous arrêtions nous si loin de l'entrée, je vis au bout du chemin, des silhouettes sortir de l'immense bâtisse. Les autres commençèrent à mettre un genoux au sol, alors sans réfléchir je fis de même. Je pense que l'imitation allait me sauver ici, car je n'avais sûrement pas reçu les directives nécessaires. 

Mon genou sur la terre ferme, je continuais de fixer le bout de l'allée d'où j'entendais une musique dynamique et traditionnelle venir. Plus ils se rapprochaient, et plus les silhouettes s'affinaient. On pouvait y voir des rangées de serviteurs, tous semblant habillé d'un tissu rouge très cher, ainsi que des musiciens qui jouaient pour le moment le même air en boucle. Ils vinrent assez prêt de l'escalier, disons à quelques mètres, et tout s'arrêtait soudainement. La foule ne criait plus, les musiciens ne jouaient plus, personne ne bougeait plus. Je compris vite que le Prince allait faire son entrée. Je pris une grande inspiration avant de déglutir, mon coeur pulsait rapidement sous les coups de l'impatience qui pressaient mon muscle vital.

L'une des musiciennes leva son bras en l'air, et alors qu'elle fit glisser ses doigts sur son Geomungeo*, les toges rouges se décalèrent subitement. Sous mes yeux hypnotisés, ils dévoilèrent un être aux allures divines.

Je ne savais pas bien ce qu'il se passait, mon coeur s'était compressé à m'en faire vomir et j'avais senti mon âme s'envoler au loin dans le profond de ses yeux bruns. Je ne pouvais qualifier les sensations que me procuraient ses cheveux bleus et fins qui retombaient sur son front par endroit, ni ses yeux plissés parcourant un à un nos visages, alors que mes propres iris ne pouvaient quitter ses lèvres charnues et humides. Il avait un habit traditionnel qui lui allait à la perfection, ralliant le doré de sa veste; le noir dominant et le blanc comme couleur, ainsi qu'un gracieux éventail orange à plumes.

𝑬𝒑𝒊𝒕𝒉𝒚𝒎𝒊𝒂  ʲⁱᵏᵒᵒᵏWhere stories live. Discover now