Chapitre 13

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« Sérieusement Victoria ? Tu vas vraiment le laisser vivant ?

-Bien sûr Alexandre. Tu sais très bien qu'on doit au moins essayer.

-Je sais, mais leur général ? Sérieux, vous auriez pas pu vous contenter de la gamine ? Prendre leur chef c'est un risque immense !

-Mais c'est une chance supplémentaire pour nous si on arrive à le convaincre. »

Voyant bien qu'il n'arriverait à rien avec leur représentante, Alexandre soupira de dépit et retourna à sa cuisine. Il n'y avait qu'eux deux dans la cuisine, le reste des leurs étant déjà parti se coucher.

« Et rappelle-moi pourquoi on gâche des vivres pour lui ? »

Victoria souffla profondément, croisant ses bras sur sa poitrine. Bien qu'elle aimât profondément sa compagnie, son manque d'empathie l'agaçait immanquablement. Le laissant cuisiner dans son coin, elle tira une chaise à elle pour s'y asseoir, daignant finalement lui répondre.

« Pour un garçon de son âge, il est beaucoup trop maigre. La petite aussi l'était. Je pense qu'ils ne sont pas très bien nourris.

-Et alors ? »

Elle roula des yeux, se frottant les tempes d'une main.

« Ce n'est qu'un enfant, Alexandre.

-Ah oui, ton super instinct maternel ! C'est un enfant, certes, mais ce gosse pourrait t'égorger en moins de deux secondes si tu lui en donnais l'occasion !

-Il pourrait aussi être notre salut ! »

Comme pour montrer son désaccord, le cuisiner frappa violemment la louche contre le bord de la casserole. Il servit l'assiette destiné au prisonnier puis la posa sans délicatesse sur le plateau, se retournant pour presque le balancer dans les mains de Victoria.

« Je SAIS qu'il a probablement le même âge que ton gamin à l'époque, mais arrête de faire du sentimentalisme ! On a tous perdu des gens qu'on aimait dans la Catastrophe, alors tourne la page merde ! »

Puis sur ces mots crus, il quitta la pièce sans attendre. Interdite, Victoria resta figé un instant, tenant toujours le plateau. Repoussant la vague de sentiments cherchant à s'abattre sur elle et à l'engloutir, elle sortit à son tour. Il fallait qu'elle garde la tête froide – après tout elle savait très bien que son plan ne ferait pas l'unanimité. Néanmoins, elle savait ce qu'elle faisait. Il fallait juste qu'elle parvienne à ses fins.

Pour le salut des siens, et non pas parce ce jeune général ressemblait un peu trop à son fils.

Une fois devant la cellule, elle salua le garde à l'extérieur et sortit la clé de sa poche pour déverrouiller la porte. Nicolas était assis dans un coin, n'ayant pas bougé de son poste de surveillance. Alix lui semblait somnoler, mais Victoria s'en voulu immédiatement d'avoir pensé ça quand ses yeux se posèrent sur elle, vifs, rapides et violets. Il avait un regard épuisé, mais il était toujours autant sur ses gardes. Elle soupira une énième fois, allant poser le plateau sur la chaise en face de lui, entendant le garde refermer à clé derrière elle, comme prévu. Le garçon devait être affamé, mais pourtant il ne regarda la nourriture à aucun moment, ne la lâchant pas des yeux.

« Nicolas, tu peux détacher ses mains s'il te plaît ?

-Tu es sûre ?

-Détache le. »

Devant le ton sans appel de Victoria, le gardien obtempéra. Néanmoins, il enclencha son arme et posa le canon contre le crâne du Chien, tout en le détachant de sa main libre. Le jeune garçon semblait totalement désemparé, ramenant ses mains devant lui dès qu'elles furent libres, frottant ses poignets douloureux. Ses yeux ne l'avaient pas quitté, et ils ne la quittèrent pas non plus lorsqu'il parla.

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