Chapitre 2

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 Cela faisait déjà une demi-heure que Wendy avait quitté le marcher aux esclaves avec sa nouvelle maîtresse. Depuis le départ, la femme aux allures nobles n'avait pas décroché un seul mot et regardait à travers la vitre le paysage qui défilait. Wendy, elle, n'osait pas bouger. Elle restait silencieuse, le regard vissé sur ses mains posées sur ses genoux. Pourtant, elle avait tellement de questions en tête ! Cette femme l'avait achetée, mais elle ne savait même pas dans quel but.

— Ne va pas croire que la situation dans laquelle tu te trouves en ce moment est habituelle. Si tu te trouves ici, avec moi, dans mon carrosse, c'est exceptionnel, finit par dire sa maîtresse sans détourner son regard du paysage.

Au moins, ce qu'elle venait de dire excluait la possibilité qu'elle ait été sauvée par compassion et que sa maîtresse comptait l'affranchir. Si elle y avait pensé une seconde, Wendy ne s'était pas accrochée à cette théorie qu'elle trouvait elle-même insensée.

Mais à présent, la jeune fille hésitait. Devait-elle lui répondre ou bien rester silencieuse ? Elle n'avait comme exemple que des situations similaires avec ses parents, mais ils faisaient clairement partie d'un monde différent de celui de cette femme. De toute façon, si elle référait à ses souvenirs, qu'elle parle ou non ne menait qu'à des punitions avec eux.

— Je reste perplexe... Ai-je vraiment fait le bon choix en t'achetant ?

En entendant ces mots, les mains de Wendy se crispèrent sur ses genoux. Elle avait envie de l'implorer de la garder, de lui dire qu'elle ne la décevrait pas et qu'elle ne devait surtout pas la renvoyer au marchand d'esclaves, mais encore une fois, elle était tiraillée et ne savait pas si la meilleure chose à faire était de parler ou de se taire.

— Tu sembles mal à l'aise, ajouta-t-elle en se tournant vers la jeune fille. Aurais-je mis le doigt sur quelque chose ? Vois-tu, je connais bien ce vendeur. Il est vrai qu'il trouve de bons esclaves, mais il a tendance à en rajouter pendant les présentations. Es-tu capable de faire ce qu'il a dit sur toi ? Étais-tu une esclave avant ?

Cette fois-ci, elle pouvait parler, elle en était certaine ! Il ne fallait cependant pas qu'elle se précipite pour lui répondre et ainsi montrer son anxiété. Elle devait rester calme. Mais devait-elle dire la vérité ou corroborer la version de l'esclavagiste ? Mentir ne servait à rien, se dit elle immédiatement. Si elle affirmait qu'elle savait jardiner et qu'elle se retrouvait à devoir s'occuper des plantes, sa supercherie serait révélée.

— Pour ce qui est d'être née esclave, c'est à la fois vrai et faux. Je n'en étais pas une, mais mes parents me traitaient comme tel.

— Et pour tes compétences ?

— Je peux faire toute sortes de tâches ménagères, mais je ne sais ni m'occuper d'animaux, ni des jardins.

— Je vois. Au moins, tu es honnête. Mais dis-moi, pourquoi avoir réagi ainsi lorsque j'ai émis l'hypothèse de te renvoyer au marchand ?

— Je ne sais pas quel travail vous allez me confier, mais il sera toujours mieux que ce que me réservaient les personnes qui étaient revenues pour m'acheter.

— Très bien. Au moins, cette peur de retourner là-bas te fera donner le meilleur de toi-même. Ne me déçois pas.

— Oui maîtresse.

Si elle avait instinctivement répondu oui, Wendy savait très bien qu'à présent, sa maîtresse avait un moyen de pression sur elle. Au moindre faux pas, elle n'aurait qu'à lui rappeler qu'elle pouvait la renvoyer pour la rendre encore plus docile et obéissante qu'elle ne l'était déjà.

Mais à part cela, la jeune fille commençait à l'apprécier. Elle avait joué la carte de l'honnêteté et savait que cela ne serait peut-être pas passé avec un autre maître. Après tout, elle venait d'avouer qu'une personne qui n'était pas un esclave était en partie un menteur et critiqué les travers d'autres personnes libres.

Wendy tome 1 : L'enfant esclaveWhere stories live. Discover now