Wendy tome 1 : L'enfant esclave

Chapitre 4

 Comme Wendy s'en doutait, Mélanie l'attendait près de la remise. Les bras croisés, elle la regardait de haut tandis que la jeune fille ramenait son sceau, son balai, sa serpillière et son plumeau. Elle passa devant elle sans un mot et alla reposer le tout dans la petite pièce où tous les outils ménagers étaient rangés.

— Tu en as mis du temps, commenta la coordinatrice.

— Je... Je voulais faire ça bien, bafouilla-t-elle en baissant les yeux.

— Suis-moi. Nous allons voir si nous avons la même définition de bien.

Sans en ajouter plus, Mélanie se dirigea en direction de la bibliothèque. Après quelques foulées pour la rejoindre, Wendy marcha dans ses pas. Les épaules basses et le regard vissé sur le sol, la jeune fille redoutait que la coordinatrice ait quoi que ce soit à lui reprocher. Pourtant, elle avait fait de son mieux. Si cela ne lui convenait pas, elle ne voyait pas ce qu'elle pourrait faire de plus pour la satisfaire.

Arrivée devant la salle que la jeune fille avait passé la journée à nettoyer, Mélanie ouvrit la porte. Comme lorsqu'elle l'avait quitté, cet endroit était totalement désert. Lentement, la coordinatrice se mit à arpenter les rayons. À plusieurs reprises, elle s'arrêta et passa son doigt sur les étagères puis le regarda en quête de la moindre de trace de poussière. Son visage ne trahissait aucune émotion, elle ne montrait ni mécontentement, ni satisfaction.

Une fois les rayons inspectés, la coordinatrice se rendit au niveau des tables et posa son regard sur un livre qui se trouvait sur l'une d'entre elle. Le cœur de Wendy fit alors un bond. L'ouvrage qu'elle était en train d'observer était celui qui avait attiré son attention un peu plus tôt dans la journée. L'homme l'avait-il finalement dénoncée ?

— Les livres. Y as-tu touché ? questionna-t-elle soudainement.

— Non... Enfin, j'ai juste passé un coup de plumeau sur ceux des étagères et soulevé ceux qui étaient sur les tables pour nettoyer en dessous. Mais j'ai bien fait attention pour ne pas les abîmer et je les ai replacés exactement comme ils étaient.

— Donc, tu ne les as pas rangés...

— Je... Je me suis dit que s'ils étaient sortis ou ouverts à une page précise, c'est qu'il y avait une raison, se défendit-elle.

— Et si tu as mis autant de temps, n'est-ce pas parce que tu as trouvé cet endroit tranquille et que tu t'es distraite de ton travail en en feuilletant certains ?

C'était le moment, la question qu'elle redoutait. Elle se voyait mal mentir à une personne comme elle qui devait être habituée à déceler les mensonges. Malgré tout, il y avait un moyen pour la jeune de fille de ne pas avoir à avouer qu'elle s'était intéressée à l'un d'entre eux sans pour autant avoir à mentir.

— Je n'en ai feuilleté aucun, je ne sais pas lire, répondit-elle.

Tout ce qu'elle venait de dire était vrai. Si l'on omettait l'étrange ouvrage qu'elle pouvait déchiffrer, elle était incapable de lire les autres. De plus, même si elle avait parcouru la page à laquelle il était ouvert, elle n'y avait pas touché, donc on ne pouvait pas dire qu'elle l'avait feuilleté.

— Bien. Cet endroit t'éloigne donc de toute distraction. Mais je ne suis pas encore certaine que ton travail a bien été fait.

Sans en dire plus, Mélanie se rendit jusqu'à l'échelle et la gravit jusqu'à arriver jusque tout en haut de l'étagère. Là, elle passa son doigt dessus comme elle l'avait fait sur celles d'en bas. Cette fois-ci, la surprise se lut sur son visage.

— Tu as vraiment tout fait ?

— Oui... Enfin... bafouilla la jeune fille.

— Il y a donc quelque chose que tu n'as pas fait, déduisit la coordinatrice.