Chapitre 5

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 étonnée d'avoir été appelée aussi tôt, Wendy suivit Mélanie jusqu'aux quartiers des maîtres. La coordinatrice s'arrêta alors devant une porte que la jeune fille connaissait. Il s'agissait de la chambre qu'elle lui avait interdit d'ouvrir. Intriguée, elle la regarda avec de grands yeux. Vu la réaction qu'elle avait eut le premier jour lorsqu'elle avait évoqué le mari de sa maîtresse, elle pensait que cette pièce y était liée, mais s'il s'agissait d'un endroit où se trouvait le vieil homme, elle ne comprenait plus cette interdiction.

— Le maître se trouve souvent dans sa chambre pour mener ses recherches dans le calme. Peu de serviteurs ont le droit d'y entrer car il n'aime pas être dérangé pour rien, expliqua Mélanie.

Même si elle ne comprenait pas pourquoi il n'utilisait pas la bibliothèque plutôt que sa chambre pour les recherches, au moins, la jeune fille avait eu la réponse à sa question avant même qu'elle n'ait eut le temps de la poser. Il ne lui restait plus qu'à savoir pourquoi son nouveau maître l'avait demandée.

Pour s'annoncer, Mélanie toqua à la porte. La voix du vieil homme ne mit pas longtemps à lui répondre et à lui demander d'entrer. La coordinatrice ouvrit alors la porte et poussa gentiment la jeune fille devant elle.

Le père de sa maîtresse était assis à un bureau, une plume à la main et devait sans doute écrire quelque chose à la lueur d'un chandelier. La chambre en elle-même paraissait spacieuse et luxueuse, mais il était difficile d'en discerner les détails avec la faible lumière qu'émettaient les bougies.

— Voici Wendy, comme vous l'aviez demandé.

— Bien, tu peux nous laisser à présent.

Après s'être inclinée, Mélanie referma la porte et laissa Wendy seule avec le vieil homme. Sans dire un mot, la jeune fille attendit, le dos collé contre la porte, d'enfin savoir en quoi elle pouvait lui être utile. Le vieil homme était retourné à son écriture et, après quelques dizaines de secondes, finit enfin par poser sa plume et se tourner vers elle.

— Approche mon enfant, n'aie pas peur.

Rassurée à la fois par tous les petits gestes du vieil homme pendant la journée, mais aussi par ce que Clara avait révélé à son sujet, Wendy s'approcha sans crainte de lui. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti quelque chose comme ça, une certaine confiance à l'égard de quelqu'un. Et, aujourd'hui, elle avait trouvé deux personnes à qui elle avait l'impression de pouvoir se confier.

— Alors, comment va ton dos ?

— Bien mieux, merci beaucoup.

— Tu dois sans doute te demander pourquoi je t'ai fait venir ici après ton service. Regarde par-ici, dit-il en montrant le coin de la pièce opposé à la porte.

Intriguée, Wendy s'avança dans cette direction et découvrit derrière le grand lit un autre, plus petit. La jeune fille comprit alors qu'elle n'irait plus dormir dans sa petite chambre de l'étage des esclaves, mais ici, aux côtés de son maître. Il avait dû demander à d'autres esclaves de l'installer, même si cela restait étonnant qu'ils l'aient fait en un laps de temps aussi court. Peut-être avait-il déjà tout prévu dans la journée, pensa-t-elle.

— Puis-je vous poser une question ? demanda-t-elle.

— Se poser une question est le premier pas vers le savoir et la sagesse. Ne te retiens jamais d'en poser lorsque nous ne sommes que tous les deux.

Un droit de parole presque total ? Décidément, cette journée allait de mieux en mieux. Même lorsqu'elle était chez ses parents ce droit lui avait été enlevé. Peut-être allait-elle finalement être bien traitée, avec dignité, après les huit premières années de sa vie où elle n'avait eut le droit à rien de tout ça.

Wendy tome 1 : L'enfant esclaveOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz