Wendy tome 1 : L'enfant esclave

Chapitre 25

 Peu après la séparation absolument déchirante de la ville des premiers mages avec le continent, des habitants qui ressemblaient en tout point à la personne que Wendy avait vu dans ses rêves s'approchèrent d'eux pour les accueillir. Ceux-ci leur souhaitaient la bienvenue dans leur langue, mais Wendy n'avait pas l'esprit à traduire ce qu'ils disaient. Dans les bras de Clara, elle-même enlacée par Lig, la jeune fille pleurait toutes les larmes de son corps sans se soucier de ce qui l'entourait.

Voyant qu'ils n'arrivaient pas à se faire comprendre avec des mots, les habitants leur firent signe de les suivre. Comprenant les gestes qu'ils faisaient, Lig poussa gentiment les deux filles pour les faire avancer.

Ils n'allèrent, de toute façon, pas bien loin. Les habitants les firent entrer dans la première maison à leur gauche et montrèrent à chacun une chambre. Malgré ces consignes qui se voulaient claires, tous les trois entrèrent dans la même et le dragon les fit s'asseoir sur le lit.

Sans montrer aucune once de compassion, les habitants s'inclinèrent légèrement, puis sortirent de la maison. Wendy le savait, elle comprenait leur langue et pourtant, ils n'avaient rien dit sur George. Et, quand bien même ils n'avaient pas assisté à son sacrifice, aucun d'entre eux ne s'était posé la question quant à savoir pourquoi elles étaient dans un tel état.

Sans vraiment savoir pourquoi, la jeune fille défit son sac et en sortit son collier d'esclave. Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait gardé avec elle et ne savait pas non plus pourquoi elle avait eu cette envie de le prendre à cet instant, mais elle avait l'impression que l'avoir dans ses mains lui faisait du bien.

Il en était de même pour le ruban qu'elle portait habituellement autour de son cou et qui, là, serpentait entre les doigts de son autre main. Ces deux objets représentaient tant de sentiments contradictoires. Le bonheur du temps passé avec son maître, la joie lorsque le lourd collier avait été déverrouillé et que la brûlure autour de son cou s'était atténuée dès qu'elle y avait noué le délicat ruban de soie. Mais aussi la perte de sa liberté, le fait d'être reléguée à un simple objet pour l'anneau de fer et la duperie dont elle avait été victime pour la bande en tissu.

Mais après tout, tout ceci était de sa faute, pensa-t-elle. Si elle n'avait pas parlé de ce projet à ce mage, si elle n'avait pas gardé ce ruban, si elle s'était méfiée lorsqu'il l'avait touché. Peut-être qu'elle aurait pu éviter ce dénouement tragique.

— Tout est de...

— Non, la coupa immédiatement Clara. Je t'interdis de dire ça. Ça n'est pas de ta faute.

— Il voulait tellement rencontrer les premiers mages. Plus que tout au monde. Ça n'est pas juste ! éclata-t-elle en sanglots.

— Oui ça n'est pas juste, mais il ne voulait pas les rencontrer plus que tout au monde. Ce qu'il voulait plus que tout au monde, c'est te savoir en sécurité.

— Ça n'est pas vrai ! Il voulait les rencontrer et apprendre leur magie. Il avait travaillé pendant plus de trois ans pour ça et...

— Wendy, souffla Clara. Ça n'est pas vrai. Il...

— Si ! Il voulait...

— George était gravement malade, la coupa-t-elle.

Relevant ses yeux rougis par les larmes, la jeune fille montra toute son incompréhension à celle qu'elle considérait comme sa sœur. Il était peut-être âgé, mais n'avait jamais montré le signe d'une quelconque maladie, encore moins une grave.

— Il ne voulait pas que tu le saches et que tu t'inquiètes encore plus pour sa santé, avoua Clara. Lorsque tu étais présente, il prenait sur lui pour ne pas te le montrer.