Chapitre 21

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 Quelque peu étonnée par la question que la mère de Clémence venait de poser, Wendy observa plus attentivement son visage. Beaucoup de ses traits étaient effectivement similaires ou proches de ceux de la directrice de l'académie. Pouvait-elle en conclure qu'elle était sa fille ? D'un autre côté, si cela n'avait pas été le cas, elle n'aurait pas posé ce genre de question. Après tout, la directrice était le seul passage obligatoire pour se rendre au sanctuaire.

— Elle va bien, finit-elle par annoncer. Je ne l'ai pas vu très longtemps, mais elle m'a semblé gentille. En voyant que j'utilisais un vieux livre pour apprendre la magie, elle m'en a donné un récent. Il y a juste un moment où elle semblait être énervée contre quelqu'un qui a, de ce que j'ai compris, détruit une partie du mur d'enceinte de l'académie.

— Il y a des choses qui ne changent pas, rit la jeune femme. Tu as croisé d'autres personnes là-bas ? Désolé, je te pose beaucoup de questions, mais cela fait longtemps que je ne me suis pas retournée chez moi. Ma dernière visite remonte à la naissance de notre fille.

— A part la directrice, nous n'avons parlé qu'à la personne qui garde l'entrée de l'académie.

— Tant pis, nous irons prendre des nouvelles de nous-même. Ce sera l'occasion pour nous de les revoir, relativisa-t-elle. Changeons plutôt de sujet. Alors comme ça, tu apprends la magie ?

Ayant perdu son envie d'explorer le palais, Wendy alla s'asseoir à une table avec Sin et la jeune femme dont elle apprit rapidement que son nom était Lise. Elle expliqua d'abord les conditions dans lesquelles elle apprenait la magie, puis, sans s'en rendre compte, finit par parler de sa vie en tant qu'esclave officieuse de ses parents, officielle d'une personne exigeante aux enfants tyranniques et enfin de son service auprès de George.

— L'esclavage est vraiment une pratique répugnante, cracha Lise.

— En vérité, cela ne me dérangeait pas d'être l'esclave de maître George. Même si je suis heureuse d'être libre aujourd'hui, j'aurai très bien pu rester à son service sans penser à ma liberté.

— Parce que vous aviez plus une relation enseignant-apprentie que maître et esclave, commenta Sin. Lorsqu'il t'a libérée, je suis presque sûr que rien ou peu de choses ont changé entre vous.

— C'est vrai, confirma-t-elle. Je continue même à l'appeler maître.

— Moi ce qui me dégoûte le plus,c'est la façon dont tes parents te traitaient, ajouta le fils des dirigeants du sanctuaire. Comment peut-on faire ça à son propre enfant ?

Pour un jeune père aussi attentionné, ce devait en effet paraître inconcevable de se servir de son enfant comme d'un serviteur, mais lui n'était pas habité par des démons tels que le jeu et l'alcool. Tout parent normal ne pouvait comprendre et cautionner ce que ceux de Wendy lui avaient fait. Lors de son voyage, la jeune fille s'était rendu compte que le comportement de ses parents était bien plus proche de l'exception que de la norme. Elle n'avait juste pas eu de chance de naître dans cette famille-ci.

— Aujourd'hui, mes parents ne sont plus de ce monde et George, Clara et moi formons une nouvelle famille dans laquelle je me sens parfaitement bien, conclut-elle pour clore le sujet.

— Tant mieux. Si ça n'avait pas été le cas, connaissant mon mari, Clémence se serait rapidement retrouvée avec une nouvelle grande sœur, rit Lise.

— Je ne vous connais pas, mais j'ai l'impression qu'elle a beaucoup de chance de vous avoir comme parents.

— Nous faisons de notre mieux. Disons que le cadre dans lequel elle se trouve est déjà un gros avantage en soi. Peu d'enfants peuvent dire qu'ils vivent dans un tel palais et parmi ceux-là, encore moins ont le choix de leur avenir entre leurs mains. Et toi, à présent que tu es libre, que te réserve ton avenir ?

Wendy tome 1 : L'enfant esclaveDonde viven las historias. Descúbrelo ahora