Wendy tome 1 : L'enfant esclave

Chapitre 7

 Après avoir traversé quelques rues, la voiture qui transportait Wendy et son maître s'arrêta. La jeune fille ouvrit la porte et descendit la première, puis tendit sa main au vieil homme qui se présentait à son tour pour sortir. Celui-ci eut tout de suite un sourire amusé et accepta la main qu'elle lui tendait.

— Tu n'inverses pas les rôles là ?

— Bien sûr que non, il est de mon devoir de vous aider ! s'offusqua-t-elle.

— Pas quand nous sommes en public est que tu es habillée ainsi.

— Une apprentie ne peut-elle pas prendre soin de son professeur ? questionna la jeune fille avec un sourire en coin.

— dans ce cas, quelle chance d'avoir une apprentie aussi attentionnée.

Suite à cette petite discussion, tous deux rirent de bon cœur. Une magnifique robe, pas de collier d'esclave, un cours d'histoire et de nature sur les alentours du manoir et une totale liberté de parole en public. Décidément, cette journée s'annonçait merveilleuse.

— La bibliothèque se trouve par ici, allons-y.

Tout en suivant son maître, Wendy se prit à être ce qu'elle n'avait pu auparavant, une enfant normale et libre. Sa démarche presque sautillante amusait George, tout comme sa curiosité sans borne lorsqu'elle croisait quelque chose qui lui était inconnu. Elle ne lui épargnait aucune question et lui ne perdait aucunement patience en lui répondant.

Au détour d'un étale devant une boulangerie, le vieil homme acheta quelques brioches pour elle. La jeune fille était gênée, après tout, cette liberté n'était qu'un rôle, un mensonge, mais elle accepta tout de même devant l'insistance de son maître.

— Tu as une journée de liberté, alors autant en profiter pleinement, lui chuchota-t-il à l'oreille en lui remettant une brioche dans ses mains.

Si les repas des esclaves étaient tous les mêmes, Wendy avait le privilège de pouvoir partager le petit-déjeuner avec son maître. Elle avait donc déjà goûté à ce genre de met. Cependant, celui-ci était différent. Le fait que la brioche sorte du four et soit encore chaude la rendait encore plus moelleuse et fondante.

Si seulement cette journée pouvait durer éternellement, se dit-elle en reprenant une petite bouchée. Rien ne pouvait l'entacher. Du moins, c'est ce qu'elle croyait.

Au détour d'une rue, Wendy et George arrivèrent au niveau d'une avenue bondée de monde. L'endroit était bien plus bruyant que les autres rues et un sentiment de malaise fit perdre le sourire à la jeune fille.

Retrouvant sa timidité, elle tira doucement sur le manteau de son maître pour attirer son attention. Celui-ci se tourna vers elle et montra une mine inquiète en la voyant ainsi.

— Peut-on... Peut-on contourner cet endroit ? Je ne m'y sens vraiment pas bien.

L'ancien mage embrassa du regard la rue devant lui et comprit d'où venait l'angoisse naissante de son apprentie. Le marché aux esclaves. C'était ici qu'elle avait été vendue telle une simple marchandise. À chaque fois qu'un vendeur vantait la qualité des hommes et femmes enchaînés derrière lui, elle avait l'impression de se retrouver de nouveau parmi eux. Ses mains tremblaient à cause de la peur de revivre ce traumatisme et plus elle restait là, plus cela allait en s'aggravant.

— Suis-moi, nous allons faire un détour, annonça George.

Ces paroles avaient agi comme une véritable libération pour Wendy qui s'empressa de quitter la rue du marché aux esclaves. La dernière chose qu'elle voulait voir était une enfant de son âge se faire tripoter et acheter par les mêmes pervers qui avaient failli l'avoir. Ce monde était si injuste ! Pourquoi de telles abominations pouvaient se balader en liberté et montrer leur plus mauvais visage en publique alors que des innocents étaient contraints de les servir ?