Wendy tome 1 : L'enfant esclave

Chapitre 12

 Une fois le repas terminé, les groupes qui se trouvaient dans la grande salle de l'auberge commencèrent à se disperser et à se mêler les uns aux autres. À l'une des tables, on discutait. À une autre on jouait aux dés et à une dernière, c'était un jeu de carte qui attirait du monde.

Wendy ne connaissait que trop bien ce dernier jeu. Les cartes représentaient l'eau, le feu, l'air et la terre. À cela s'ajoutait une valeur pour déterminer la force de la carte. Le but était, avec une main de sept cartes, d'en jeter certaines pour en récupérer d'autres et ainsi avoir la meilleure combinaison. À cet instant, les personnes misaient de l'argent et celui qui avait la combinaison la plus puissante emportait la mise. La subtilité de ce jeu venait du fait que chaque famille de carte avait une faiblesse et une force contre une autre famille. Il fallait donc avoir une bonne main, mais aussi anticiper sur celle de ses adversaires pour ne pas que sa combinaison ne soit affaiblie.

Ce jeu était détestable, pensa-t-elle. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait vu l'argent normalement réservé pour acheter de la nourriture partir dans les mains d'inconnus parce que ses parents avaient perdu. À vrai dire, elle n'avait aucun souvenir d'eux rapportant beaucoup d'argent. Ils finissaient souvent sans rien, parfois proche de leur mise de base et quelquefois gagnant de quelques pièces.

— Bon, je pense que je vais me laisser tenter par un petit jeu de cartes, annonça George.

— Vous êtes sûr ? demanda la jeune fille avec un visage qui trahissait son inquiétude.

— Absolument ! répondit-il en se levant.

Ne sachant pas quoi dire, Wendy resta assise à sa place et baissa la tête. Après tout, même si elle était un peu plus libre qu'une esclave normale, elle n'avait aucun droit de lui interdire d'aller jouer. La voyant ainsi, il ne se rendit cependant pas tout de suite à la table de jeu, mais se posta à côté d'elle en mettant une main sur son épaule.

— Je sais que ce genre de jeu ne t'a jamais rien apporté de bien, mais j'aimerais tout de même que tu viennes à côté de moi.

— Vous savez que je n'aime pas ça et vous voulez que j'y aille quand même. Pourquoi ? demanda-t-elle avec une mine boudeuse.

— Parce que je veux te montrer que, lorsqu'ils ne sont pas pratiqués avec excès, ces jeux sont un bon moyen de faire des rencontres et de s'amuser. Ne t'en fais pas, je ne parierai pas beaucoup d'argent.

— Bon, d'accord, se résigna-t-elle.

— Clara ? Une petite partie ?

— Ça aurait été avec plaisir, mais je ne connais pas les règles et je n'ai pas d'argent non plus.

— Ne t'en fais pas pour l'argent, je vais t'en donner. Et puis, tu n'auras qu'à observer dans un premier temps et nous rejoindre quand tu auras compris les règles de ce jeu.

— D'accord, pourquoi pas, répondit-elle.

Si Wendy avait accepté à contrecœur de l'accompagner, à présent que son amie le rejoignait, elle se sentait coincée, sans aucune échappatoire. Elle n'allait certainement pas partir dans son coin jouer aux dés et sa timidité l'empêchait de se joindre aux différents groupes qui ne faisaient que parler.

La jeune fille suivit donc son maître qui alla jusqu'à la table de jeu. L'une des manches venait tout juste de se terminer et un homme était en train de ramasser les nombreuses pièces qui se trouvaient au centre en narguant gentiment les autres.

— Mesdames, Messieurs, pouvons-nous nous joindre à vous ?

— Bien sûr ! s'exclama l'un des clients. Installez-vous.