Tome 2 : 20 Jours avant Pâques

3 Avril

Assis sur le banc, j'observe les élèves qui affluent devant les grilles du lycée, baillant et se chahutant dès le matin. Tripotant mon smartphone, je détaille chaque camarade avant de tomber sur deux visages familiers.

Nathan et Clément discutent, penchés sur le smartphone de l'un, sûrement en train de commenter une autre de ces vidéos de chutes. Parfois, je me demande comment ils font pour profiter de l'autre tout en étant avec leur téléphone à la main. Je sais que lorsque je traîne avec mes amis ou bien plus récemment mon petit ami, je garde l'objet à portée de main, mais je ne l'utilise pas. Sauf quand je m'ennuie profondément.

— Hey ! me salut Nathan avant de me checker.

Je fais de même avec Clément et les laisse s'asseoir sur la pierre froide.

— Ça m'a claqué la soirée d'hier..., murmure Nathan en baillant ouvertement.

— Disons qu'on a un peu abusé, avoue Clément en passant une main dans ses cheveux. Heureusement que t'as mère n'a rien dit.

— Les murs sont très bien insonorisés, je réplique en souriant légèrement.

Je suppose que si ma génitrice aurait entendu du bruit aux alentours de trois heures, elle m'aurait sûrement tiré les oreilles et débrancher tous mes appareils pour me les confisquer. Comme si ce genre de punition fonctionnait toujours lorsqu'on a un ado de dix-huit ans.

J'aurais forcé leur porte - quitte à entrer dans l'antre du démon - et récupérer mes affaires ou tout simplement, je me serais incrusté chez mon ami pour profiter.

— Je n'ai tellement pas envie d'aller en sport, gémit Clément.

— En même temps, tu commences ping-pong, je rétorque en grimaçant. Ce n'est même pas un sport.

— Bien sûr que si ! proteste-t-il en défendant fermement le tennis sur table. Si ce n'était pas un sport, il n'y aurait pas de joueurs professionnels aux jeux olympiques. Ce ne serait même pas présenté !

Je plaque les paumes de mes mains contre mes oreilles pour me moquer de lui. Il me frappe l'avant-bras tandis que je fais mine de vouloir devenir sourd face à ses protestations. Avec Nathan, nous adorons nous moquer de lui. En même temps, il est sûrement le seul joueur de ping-pong dans la classe, le seul à s'être inscrit à un club.

Je suis fermement convaincu que ce sport ne mériterait pas vraiment ce titre étant donné qu'il ne nécessite pas une dépense si importante que cela, mais je soupçonne Nathan de charrier son ami par principe.

— Je vous jure, vous méritez des claques !

On explose de rire avant de lui donner des coups de coude et il finit par quitter son fauteuil en se massant les côtes.

— J'ai franchement pas envie de faire natation, geins Émilie en arrivant devant nous.

Je lève les yeux au ciel et me mure dans le silence, la laissant se plaindre devant le groupe de garçons. Lukas et Sissy arrivent à leur tour et nous salue. La jeune fille est carrément en train de fomenter un plan pour ne pas mettre un pied à la piscine.

— Dis que t'as tes règles, propose Sissy en vérifiant ses ongles fraîchement vernis de bleu pastel.

— La dernière fois, il m'a dit de mettre un tampon, répond-elle, outrée.

— En même temps, si tu prends tes menstruations comme excuse à chaque fois, c'est normal qu'il te demande de faire un effort en sachant que tu as un peu trop souvent tes règles, rétorque Nathan avec un rire jaune.

Elle le foudroie du regard, mais il n'en démord pas, plaquant un sourire insolent sur son visage. Quand je vous disais qu'il y a quelque chose de bizarre avec lui ! Jamais il ne l'a provoqué ouvertement. Quelques remarques par ci, par là, mais rien de concret. Juste une façon de se moquer gentiment de la jeune fille.