22 Avril

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— S'il te plaît, Aïdan, ce n'est pas la mer à boire.

— Si ! je m'insurge. Il n'est pas invité, point.

Elle lève les yeux au ciel et se pince l'arête du nez avant de me fusiller du regard. J'ai perdu le nombre de fois où elle m'a fait une remarque quant à l'absence d'invitation concernant mon cousin. Se rend-elle compte qu'il s'agit de mes amis et qu'ils disposent du droit de l'inviter ou non. Certes, je ne leur ai pas demandé si Enzo pouvait venir, mais nous ne sommes pas obligés de mentionner ce fait. À chaque fois qu'il vient, je suis contraint de le balader partout comme un petit chien. Le pire, c'est que nous ne nous apprécions pas plus que cela. Pourquoi suis-je forcé de l'impliquer dans chaque détail de ma vie ?

D'ordinaire, je n'oppose pas une résistance de front puisque je sais que la bataille sera perdue d'avance. Rajoutons à cela que je me rassure en me disant que ce n'est qu'une soirée. L'espace de quelques petites heures.

Cependant, aujourd'hui il y a Alex.

Et Enzo ne fait pas partit du plan.

Si je dors chez Sissy contre mon grès, c'est bien pour être avec mon copain sans qu'un pestiféré vienne tout faire capoter. Je ne peux donc pas l'emmener à ma fête sinon cela reviendrait au même. Je crois bien que si ma mère remporte cette manche, je baisserais les armes et annulerai ma participation à ces réjouissances. Parce qu'avoir Enzo dans les parages signifie toujours des problèmes.

Je ne suis pas baby-sitter.

— Comment tu parles ? Enzo est ton cousin ! Tu peux faire un effort. Ce n'est pas comme si je te demandais de te couper un bras.

— C'est tout comme, je contre en croisant lesdits bras.

— Toujours dans l'exagération, souffle-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu ne vas pas le laisser ici, tout seul, alors que tu pars à ta soirée. Sinon, on annule tout.

Je ris jaune, cette fois. Annuler. Ce que je ne me résoudrais pas à faire même sous la contrainte. Seule la présence d'Enzo pourrait me faire reculer. Et si elle persiste dans son attitude de chantage abusif, j'emploierai les grands moyens. Je n'aurais qu'à fuguer.

« Ta fenêtre est au premier étage Aïdan, soit un peu réaliste... » me souffle cette maudite voix, narquoise.

— On va rien annuler, je réponds fermement. Juste pour info... c'est ma vie, tu n'as pas à la diriger de A à Z.

— Oh, mais Aïdan, tant que tu seras sous mon toit, tu devras respecter mes règles, dit-elle d'une voix moqueuse.

Je sens la colère bouillir à l'intérieur de mes entrailles, monter degrés après degrés, prête à exploser. Je n'arrive jamais à lui faire entendre raison. C'est sûrement pour cela que l'on se dispute pour des broutilles. Parce qu'elle ne perçoit jamais le mal de ses actions. Elle pense agir dans l'intérêt de tous ou du moins du sien, mais cela ne fait qu'empirer les choses.

J'ai l'impression d'être une marionnette dans les mains d'un marionnettiste.

— Respecter tes règles ne veut pas dire imposer ses choix. Enzo n'était pas invité, il ne le sera jamais et tu n'as pas le droit de m'obliger à l'emmener ! Et puis ce n'est pas du tout respectueux envers l'hôte, maman. Tu le sais très bien.

Elle lève les yeux au ciel tout en secouant la tête, arguant cette expression blasée. Celle que ressort à tout bout de champ comme si elle s'adressait à un enfant qui ne daigne pas comprendre.

— L'hôte, tout de suite des grands mots ! Enfin, Aïdan. Vous avez dix-huit ans. Quand vous faites des soirées, c'est limite si vous invitez tout le quartier ! Un de plus ou un de moins, il n'y aura pas de différence.

Tome 2 : 20 Jours avant PâquesTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon