5 Avril

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Arrivé devant la porte de mes voisins, je prends une forte inspiration avant de frapper deux petits coups. En silence, j'attends tout en détaillant les bosquets fleuris de part et d'autres de la porte d'entrée. Si Henry était là, je suis certain qu'il ferait une remarque sur chaque plante. Ce serait fatiguant et horriblement malaisant.

La mère de Nathan se présente devant moi, un sourire attendrit remplaçant son expression surprise. Le chat d'un noir d'encre se faufile entre ses jambes pour venir ronronner auprès des miennes. Kuro a toujours été très affectif et câlin. Encore plus lorsque je suis dans les parages. Je m'agenouille pour le prendre dans mes bras, grattant le sommet de son crâne.

— Je ne savais pas que tu devais passer Aïdan, ça me fait plaisir.

Elle se pousse pour me permettre d'entrer et j'en profite pour me déchausser, reposant le félin sur le parquet. Il reste près de nous, me contemplant de ses yeux jaunes. Je crois que son prénom provient de la langue japonaise. En même temps, cela ne m'étonne pas de Nathan, lui qui est férue de manga. Moins que Clément, par contre.

— Nathan m'avait invité hier, mais si je dérange, je peux tout aussi bien y aller.

— Mais non voyons !

Elle vient ébouriffer mes cheveux et me fait signe de la suivre dans la cuisine où elle me sert un verre d'eau. J'ai toujours trouvé Adèle d'une nature très calme et adorable. Plus que ma propre mère. Bien que je ne l'aie jamais avoué à haute voix.

— Je l'aurais bien privé de voir un ami pour ce qui s'est passé la veille, mais il ne décroche pas un mot et... je sens qu'il ne va pas bien.

Son visage prend une expression attristée. Elle est inquiète de ne pas parvenir à percer le mystère qui entoure son fils. Et je me sens coupable de la rendre ainsi parce que mon ami ne se serait pas battu si j'avais anticipé ses mouvements.

Je crois que le métisse reverra à deux fois avant de s'en prendre à un quelconque homosexuel. Nathan lui a refait le portrait et il fallut plus que mon corps frêle pour l'arrêter. Il était déchaîné. J'avais bien senti sa colère tapie dans l'ombre, mais je n'en avais malheureusement pas identifié le degré. J'aurais sûrement pu intervenir avant que tout ne dérape.

Heureusement, le directeur s'est montré indulgent. Malgré le fait que les urgences aient dû se déplacer puisque le châtain avait donné une nouvelle définition au mot chirurgie faciale. En comprenant que je subissais ce qu'il nomme comme du harcèlement, il s'est montré plus clément avec mon ami, assimilant qu'il avait agi ainsi pour prendre ma défense. Néanmoins, la violence n'étant pas un recours pour se faire entendre, il a exclu Nathan pour la forme. L'autre abruti s'est vu écopé d'un conseil disciplinaire. Un juste retour de la médaille. Ou le Karma, comme s'amuse à le dire mon ami.

— C'est de ma faute...

— Non, rien n'est de ta faute mon chou, dit-elle avec tendresse, venant caresser ma joue de son pouce. Je n'accepte pas la violence, mais ce que tu as subis est sûrement pire.

Mal à l'aise qu'elle soit embêtée par ma situation, je hausse les épaules et me défait de ses doigts en sentant ma pommette me picoter.

— Je vais bien. Tout le monde exagère la chose, mais ça va. Je peux aller voir Nathan ?

— Bien sûr, monte !

Elle me sourit et je décide qu'il est temps d'aller rejoindre le châtain. Heureusement que ma mère n'en a pas entendu parler. Je suis certain qu'elle serait capable de débarquer au lycée pour taper un scandale. Je la vois parfaitement enguirlander le corps enseignant pour leur manque de vigilance, mais ce n'est pas comme s'ils pouvaient laisser leurs oreilles traîner un peu partout.

Tome 2 : 20 Jours avant PâquesМесто, где живут истории. Откройте их для себя