19 Avril

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Grignotant le bouchon de mon stylo bic à encre bleu, ma jambe tremblote sous la table tandis que mes iris verdâtres sont fixés sur le tableau d'un beau blanc. La professeur de mathématiques continue d'écrire ses formules avec rapidité sous l'œil concentré de mes camarades.

La main plaquée contre le smartphone posé près de ma trousse, je zieute de temps en temps l'écran tactile en me demandant si les épreuves de mes deux amis se passent pour le mieux. J'espère sincèrement que tout ira bien. Je ne les vois pas rater le concours ou même ne pas réussir ensemble.

— Tu peux arrêter de t'agiter comme ça, grince Émilie, contrariée.

Je lui offre un sourire insolent et dépose mon poing contre ma joue, lui jetant un regard provocateur. Elle pince les lèvres avant de détourner la tête, conscient qu'elle n'aura pas le dernier mot avec moi. Je ne suis plus en colère - l'ai-je déjà été ? -, je m'amuse simplement de la voir marcher sur un fil. En équilibre.

Le cours prend fin une vingtaine de minutes plus tard et je m'empresse de récupérer toutes mes affaires avant de fuir la salle de classe. Descendant les escaliers en trombe, j'arrive dans la cour et tombe sur Sissy qui effectue un mouvement de recul, surprise.

— Tu déboule comme un dératé, toi !

Je lui souris l'espace de deux secondes et la dépasse, l'entendant m'emboîter le pas.

— Je veux rentrer.

— Pour appeler Alex ? me taquine-t-elle. Ou pour demander aux garçons comment ça s'est passé ?

— Leurs épreuves se termine dans deux heures.

Même si la blondinette traîne avec nous la majorité du temps, je sais que je ne lui fais pas confiance à cent dix pour cent. Je pourrais effectivement lui dire la vérité, lui avouer que je suis impatient pour ces deux choses, mais je sais également qu'elle pourrait tout raconter à Émilie. Alors je préfère garder quelques trucs secrets. Je suppose qu'elle l'a bien compris puisqu'elle n'insiste jamais.

— On se voit samedi du coup !

— Ouais, a plus Sissy !















Bataillant contre une rivière de monstres virtuels, je grignote une barre de réglisse rose, absorbé par mon jeu. L'horloge indique vingt-deux heures trente. Je suppose que cela ne sert plus à rien d'attendre l'appelle de Nathan et Clément. Ils n'ont pas daigné m'envoyer un message. J'imagine très bien leur niveau de fatigue et je doute qu'ils soient restés éveillés. Je conçois parfaitement ce qu'ils ont dû faire une fois le stress passé : aller se boire une petite bière à l'abri des adultes pour fêter le passage des épreuves - même s'ils n'ont aucun résultat - et s'endormir sur le lit de l'hôtel dans lequel ils logent.

J'aurais juste apprécié avoir un texto. Histoire de m'assurer qu'ils sont encore en vie.

Soudain, l'écran de mon portable s'illumine et je me précipite, mettant le jeu sur pause. Lorsque j'aperçois le prénom d'Alex je dois batailler avec ce pseudo-sentiment de déception puisqu'il ne s'agit pas de mes amis et cette joie de le voir appeler malgré sa soirée.

— Allo ?

— Bonsoir, ici le plus bel étalon que la Terre n'ait jamais créé. Que puis-je pour vous ?

Je souris en levant les yeux au ciel. Je me demande si ses bêtises ont une limite. Je n'en suis pas sûr...

— Pour moi, rien, je réponds avec un sourire en coin, mais pour mon copain un peu dérangé, beaucoup de chose.

— C'est à dire ? Vous pouvez approfondir ?

— Je ne sais pas pour où commencer..., je feins la lassitude.

Tome 2 : 20 Jours avant PâquesWhere stories live. Discover now