Tome 2 : 20 Jours avant Pâques

6 Avril

Assis sur ma chaise de bureau, je me déchire les lèvres depuis une demi-heure. Alex ne m'a pas adressé un seul texto de la journée. Même pas de réponse à mon bonjour. Il fait silence radio. Je suis frustré, stressé et désemparé. Est-ce à cela que ressemble une rupture ? Le simple fait d'évoquer ce mot dans mon esprit me met dans tous mes états.

J'aimerais tellement qu'ils me répondent.

Et ce ne sont pas les commentaires sarcastiques de mes deux amis qui vont m'aider à penser positivement.

— Peut-être qu'il peut tenter la réconciliation par le sexe ? propose Clément dont la voix est enrouée.

— Pas sûr... imagine, il ne sait pas faire de pipe ?

— Pfff, pouffe-t-il, il n'a qu'à s'entraîner.

— Ah ouais ? Et avec quoi ? Une banane ? propose Nathan.

Je n'ai même pas besoin de les voir pour imaginer le châtain mimer ledit fruit dans sa bouche. Le rire de Clément accompagne mes pensées et j'en profite pour soupirer bruyamment.

— Vous savez que vous parler de ma vie sexuelle... en ma présence ?!

— Ouais, et ? demandent-ils en chœur.

— Vous êtes chiants.

Ils éclatent de rire et se font un plaisir de me détailler chaque position possible et imaginable après avoir fait quelques recherches sur le net. En direct.

Ils me désespèrent ! Je ne sais plus quoi faire de ces deux énergumènes. Et ce n'est visiblement pas la maladie qui rendrait Clément plus sage.

— Celle-là... tu dois passer ta tête dans... Hein ?! s'exclame Nathan avec incrédulité. Je comprends rien à l'image. Attendez, je vous l'envoie !

— Non merci ! je proteste avec virulence.

Le châtain pouffe et je consulte l'écran de mon ordinateur d'un mauvais œil. Dès la réception de l'image, je me ferais un plaisir de la supprimer. Quelle idée de leur proposer un appel quand ils ne sont pas capables de se tenir.

La page de messenger s'éclaire et j'écarquille les yeux devant la position plus qu'explicite. Je m'empresse de la supprimer pour préserver mon cœur fragile et chasse les prémices de mes pensées obscènes. Je ne veux rien imaginant. Encore moins avec Alex !

Je ne sais même pas si notre soirée tient toujours. J'ai eu l'accord, je le lui ai dit, mais il n'a rien répondu depuis. On se demande qui a dix-huit ans quand il est encore capable de faire la tête à quelqu'un. Ou alors il me fait payer pour mon lapin de la Saint-Valentin. Encore. Ou il me rend l'appareil par rapport à ces trois jours de silence en décembre, après son baiser.

Visiblement, je le mérite amplement.

Miné, je les écoute distraitement sans me rendre compte que ma vie sexuelle est devenue leur sujet principal. À croire qu'ils n'ont rien de plus intéressant à se mettre sous la dent.

— On peut arrêter de parler de mon couple ? je grogne, de mauvaise humeur.

— Merde, on a réveillé monsieur Ours, ricane Nathan.

— T'es con Nathan, pouffe Clément.

— Ouais. Très, je surenchéris.

— Hé ! Je ne vous permets pas, proteste-t-il. T'as de la chance d'être malade Clément Legrand, sinon je me serais vengé.

— Qu'est-ce que tu aurais fait, Nathan Durand ? le défit-il en citant son nom de famille.

— Je t'aurais étouffé avec des M&M's.