7 - HASARDEUSES RETROUVAILLES

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Kyeran émergea de son sommeil après une nuit agitée. Tout en se frottant les paupières, il se redressa lentement et survola la pièce du regard. Les souvenirs de la veille lui réapparurent quand il constata qu'il était seul. Angélina avait dû se lever tôt. Les yeux encore mi-clos, il avisa son réveil et sa mâchoire manqua de se décrocher lorsqu'il remarqua qu'il était déjà plus de dix heures.

— Putain de merde !

Il bondit hors du lit, mais s'effondra lourdement sur le parquet. En se relevant, il maugréa contre le coupable de sa chute : son drap enroulé autour de sa cheville droite. Après s'en être dépêtré, il se précipita sur son armoire avant de l'ouvrir avec fracas et d'attraper un pantalon de toile gris. Un brin de toilette plus tard, il sortit de sa chambre, sans oublier son épée.

Au rez-de-chaussée, un doux parfum de pâte feuilletée l'interrompit dans son élan et il repéra très vite une panière en osier remplie de croissants posée sur le comptoir. Il hésita, mais céda à la tentation lorsque son estomac gronda. Avec un retard de plus de deux heures, il n'était plus à une minute près ! Il piocha aussitôt une viennoiserie qu'il dégusta avec délectation. La saveur du beurre emplit son palais et la gourmandise le poussa à se resservir. Il engloutit son repas presque en une bouchée et, avec un ronronnement satisfait, se lécha les doigts jusqu'à ce qu'un papier posé sur une boîte rouge à son nom attire son attention.

Il le déplia et reconnut l'écriture de Karen. Aussitôt, sa bonne humeur s'envola et, les mains tremblantes, il lut les quelques lignes.

« Salut Kyeran,

Je ne serai pas à la guilde aujourd'hui, ton frère et moi avons dû nous rendre sur le terrain pour une affaire urgente. Je t'ai laissé un petit cadeau au passage. Le gouvernement a donné des subventions à toutes les guildes pour les équiper de la dernière technologie, alors fais en bon usage.

À plus !

Karen.

PS : Ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas oublié pour la contravention ! »

Kyeran soupira de soulagement, puis la tension redescendit d'un cran. La boule au creux de son ventre se dénoua et son pouls retrouva une cadence normale. Un autre billet posé à plat sur le bar l'interpella et cette fois, ce fut l'écriture d'Angélina :

« On est au marché avec les parents. N'oublie pas de fermer à clé si tu sors et ne mange pas tous les croissants ! À tout à l'heure ! »

Le petit mot lui décrocha un sourire et il s'intéressa ensuite au contenu de la boîte. Ses yeux s'arrondirent lorsqu'il découvrit à l'intérieur de celle-ci une montre : la remplaçante du T019-A1, celle qu'il avait toujours rêvé de posséder depuis sa commercialisation. Son désir était devenu réalité. Avec précaution, il l'enleva du présentoir pour l'observer de plus près. Un cadran sphérique et sombre deux fois moins gros que son poing, pour l'instant vierge de tout affichage, se raccordait à un bracelet constitué de maillons en métal noir articulés.

Kyeran siffla d'admiration face à cette incroyable technologie. Les téléprismes devenaient obsolètes, alors, les ingénieurs de Mania Corp, une société spécialisée dans la conception d'engins mécanicomagiques, avaient mis au point un appareil susceptible de réunir toutes sortes de fonctions. En d'autres termes, la T020-Z pouvait non seulement aider à communiquer à distance, mais permettait de stocker des objets par numérisation ainsi que de payer en direct dans les boutiques sans s'encombrer d'argent liquide.

Incapable de contenir son excitation, il l'attacha à son poignet. Grâce à cet artéfact, il pourrait sauvegarder n'importe quoi, y compris son pendentif, mais le réglage attendrait. Il devait d'abord se concentrer sur son principal objectif : retrouver la voleuse.

MÉMORIA ZÉROWhere stories live. Discover now