11 - LA CURIOSITÉ EST UN VILAIN DÉFAUT - Partie 2/2

155 12 54
                                    

— Pêcher ?

— Oui, mais comme je t'ai invitée, tu auras juste à me regarder faire.

Elle l'observa, perplexe. Il l'avait donc emmenée jusqu'ici dans le seul but de manger du poisson. Son estomac ne tarda pas à approuver cette excellente idée d'un gargouillis guttural. Alors qu'elle s'attendait à voir Kyeran sortir du matériel de pêche de son sac – ce qui était peu probable au vu de sa contenance –, il commença à retirer son équipement ainsi que son uniforme. Ses entrailles se crispèrent et son esprit divagua malgré elle. Pendant un bref instant, elle s'imagina le Dragyan, nu, sa peau légèrement bronzée brillant au soleil et...

Reprends-toi, Ly ! T'as pas honte de fantasmer comme ça sur lui ? Tu le connais à peine !

À sa grande frustration, il avait gardé son maillot de corps dont il avait retroussé les manches ainsi que son pantalon ourlé au-dessus des genoux. Toutefois, ses avant-bras attisèrent sa curiosité.

Un bandage blanc sale camouflait le gauche tandis que deux larges tatouages noirs semblables à des anneaux et une sorte d'étoile ornaient le droit. Ils lui évoquèrent alors des symboles entraperçus dans son manuel sur les Dragyans, mais elle ne se souvenait plus de leur signification. Une petite révision du chapitre concerné s'imposait pour se remettre à jour et elle ne manquerait pas de s'y atteler une fois rentrée à la maison. Deux demi-lunes argentées formant un cercle gravé sur les sombres arabesques attirèrent aussi son attention. C'était la morsure qu'elle lui avait infligée pendant leur combat à la forge et la blessure avait laissé une cicatrice indélébile. Elle trouva cela fort étrange d'autant que les Dragyans étaient réputés pour leur haute capacité de régénération.

— Pourquoi ton bras n'est toujours pas guéri ? lui fit-elle constater.

Kyeran la regarda fixement avant de baisser les yeux vers sa balafre qu'il caressa d'un air distrait.

— Les morsures de Dragyans ne disparaissent pas complètement, notre salive comporte une puissante toxine. Du coup, la cicatrisation est plus longue et les tissus ne se reconstituent pas comme à l'origine.

— Ah... c'est embêtant, ça... grimaça-t-elle.

Un sourire narquois rehaussa les pommettes de l'homme-dragon.

— En effet, et il semblerait que je sois bien parti pour en garder un petit souvenir...

Elle se détourna et se pinça les lèvres.

— Tu m'avais attaquée, fallait bien que j'me défende.

— Et c'était tout à ton honneur.

Un étrange silence retomba entre eux durant lequel Kyeran pénétra dans la rivière avant de se pencher au-dessus de la surface de l'eau. Quel individu déstabilisant ! Il pouvait se montrer aussi distant et froid que chaleureux et taquin. Lyria ne savait plus quelle attitude adopter en sa présence et resta assise dans l'herbe à l'observer. D'abord sans un mot, puis malgré elle, les questions affluèrent de nouveau.

— Les tatouages sur ton bras, qu'est-ce qu'ils signifient ?

Ses yeux se relevèrent derrière ses longues mèches auburn.

— Tu devrais le savoir, pourtant, non ?

Lyria secoua la tête.

— Je n'suis pas comme toi. J'ai grandi parmi les humains et je n'connais pas grand chose sur notre espèce. Mon père m'a donné un manuel sur les Dragyans pour apprendre, mais ce n'est pas suffisant.

Cette fois, Kyeran se redressa et fronça les sourcils.

— C'est quoi ce livre ?

Introduction à l'Évolution des Dragons.

MÉMORIA ZÉROWhere stories live. Discover now