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- Milla, à table ! Si tu ne manges pas, je donnerais ta part à Leya. Déclara d'une voix dure la directrice du foyer.

- J'arrive Madame Olga... Répondit-elle de sa douce voix à peine audible.

La jeune femme de vingt-quatre ans à la silhouette extrêmement fine s'approcha de la grande table où toutes les jeunes femmes de ce foyer étaient installées. La nourriture servit était infecte... Mais que pouvait-elle espéré ? Milla avait quitté la Pologne il y a quelques mois en espérant un avenir meilleur en Russie...
Inepties, songea-t-elle le cœur serré... Lorsque ce groupe de jeunes femmes étaient arrivées à Moscou, Milla pensait trouver un foyer correct lui permettant de ne pas être à la rue le temps de mettre un peu d'argent de côté afin de pouvoir prendre un appartement. Seulement ce rêve était loin d'être atteignable... Milla avait vu tous ses espoirs s'envolaient lorsqu'elle entra pour la première fois dans ce que tout le monde appelait un « foyer ». En réalité, la moitié des jeunes femmes étaient des prostitués...

- Milla ? Il faut que tu manges. L'appela Ilda.

La jeune femme reporta son attention sur elle, avant de secouer négativement la tête l'air écœurée.

- J'ai envie de vomir... c'est immangeable, même si je crève de faim, je n'arrive pas à manger. Murmura-t-elle en grimaçant.

- Que se passe-t-il avec notre petite Milla ? S'exclama Zara d'un sourire malicieux.

Milla leva les yeux au plafond afin de les poser sur la chef du groupe...

- Qu'est-ce que cette mine chérie ? Tu as besoin d'un bon coup de maquillage ! Tu sais ma proposition tient toujours si jamais tu...

- Oublie Zara... je ne tomberais pas dans la prostitution pour gagner de l'argent, coupa-t-elle immédiatement.

- Mais enfin ! Tu perds ton temps avec tes petits jobs qui ne t'apportent même pas le quart d'un salaire correct ! D'autant plus que tu n'es pas russe ma chérie et n'a pas fait d'études, tu ne trouveras pas du travail facilement.

Cette triste réalité termina de l'achever... Milla en avait bien conscience, seulement il était hors de questions qu'elle perde le peu de dignité qui lui restait...

- J'essaie de m'en sortir au mieux Zara...

- Pourquoi tu ne deviendrais pas mère porteuse ? Il y a un tas de milliardaires à Moscou qui désespère à l'idée de ne pas avoir encore d'héritier, tu tombes enceinte, empoche le chèque et tu disparais ! Proposa Leya en se limant les ongles.

Milla manqua de s'étouffer avec son verre d'eau.

- Zara connait en plus la directrice d'une association qui vient en aide à ces gens là.

- Non mais ça va pas ! Quelle idée de porter un enfant pour de l'argent enfin je... C'est affreux !

Toutes les femmes éclatèrent de rire nerveusement.

- Ma pauvre Milla... Il faut que tu te réveilles car nous ne vivons pas dans le même monde que ces gens là... Des femmes telles que nous sommes vouées à vivre une vie de débauche pour survivre, qu'en bien même cette idée te semble affreuse c'est un moyen pour que tu puisses gagner de l'argent facilement et te sortir de là comme nous toutes... J'ai été mère porteuse et crois-moi tu t'enlèves vite l'idée de t'attacher à l'être que tu portes car tu sais que toi-même tu ne pourras jamais lui offrir un avenir heureux.

Le discours de Zara lui procura un pincement au cœur... Elle avait raison, songea tristement Milla. Dans sa vie, elle n'avait pas le droit à l'amour, alors l'idée même d'avoir un enfant ne lui traverserait jamais l'esprit car elle n'avait absolument aucunes ressources pour lui offrir un quelconque avenir et si c'était pour qu'ils vivent dans la misère, c'était inimaginable.

« L'héritier de Nikolaï Korovine » Where stories live. Discover now