Chapitre 30

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" On peut faire une pause ?

Essoufflée, je tente de le rattraper malgré ma cheville enflée. Il n'a pas été question de s'arrêter depuis le départ de la grotte, mais je commence à atteindre mes limites, et c'est à peine si je peux encore faire un seul pas.

- On arrive dans quatre heures, on peut pas faire de pause.

- Rien que dix minutes ! J'en peux vraiment plus, ça fait des heures qu'on marche, je tente de lui faire les yeux doux, prête à tout pour me reposer rien que pour quelques minutes.

- En dix minutes y'a dix monstres comme celui de la grotte qui auront le temps de nous attaquer. C'est trop risqué.

- Cameron, si on continue je vais m'évanouir. On a même pas prit soin de ta blessure.

Il me jette un regard en coin et semble hésiter pendant quelques instant avant de finalement soupirer. Prit de pitié en constatant que je suis vraiment épuisée, Cameron capitule et accepte donc de faire une pause. Il jette son sac par terre et s'installe sur un rocher, m'invitant à le rejoindre en tapotant la place près de lui. Je souris et m'assoit, les muscles des jambes réduits en bouillie.

- On reste cinq minutes, ensuite on repart. On doit arriver avant la tombée de la nuit.

J'hoche la tête à son ton pressé et porte ma main à sa chemise. Je baisse légèrement sa manche, dégageant son épaule et observant la plaie sanguinolente.

- C'est bizarre, le sang ne s'arrête toujours pas de couler.

Je fronce les sourcils et effleure à peine sa blessure, mais il se dégage rapidement en sifflant entre ses dents.

- Désolée.

- C'est rien. J'ai l'impression qu'elle est ultra sensible, quand il remarque mon air inquiet, Cameron lève les yeux au ciel, me regarde pas comme ça, j'ai l'impression que je vais mourir après.

- C'est trop étrange. Je veux dire, t'es quand même un loup alpha, la plaie devrait s'être déjà refermée.

- J'imagine que sa morsure ne m'atteint pas comme les autres. Ce qui ne m'étonnerait pas, c'est pas un monstre ordinaire. Il n'avait aucune odeur, aucune empreinte olfactive appartenant à une certaine espèce. J'ai jamais vu ça de ma vie."

On reste tous les deux silencieux et je profite des doux rayons de soleil qui s'échouent sur ma peau, les yeux fermés. En reprenant doucement mon souffle, je soupire d'aise quand je sens mes jambes se détendre et mes articulations se dénouer. On échange quelques mots de temps à autre, en grignotant quelques fruits qu'on a ramassé en chemin. Dans la lumière du jour, ses cheveux bruns ont quelques reflets plus clairs. Il ne les a pas coupé depuis quelques temps, et ils tombent devant ses yeux, complètement ébouriffés.

Après un bon moment de calme, Cameron se redresse et fixe un point au loin, me surprenant. Je plisse des yeux et tente de comprendre ce qu'il voit, mais quand je m'apprête à prendre la parole, il place sa main sur ma bouche et me fait signe de me cacher derrière le rocher avec lui. Une fois qu'on est adossés à la pierre rugueuse, il ferme les yeux et baisse la tête, me laissant confuse par ce brusque changement de comportement.

C'est pas le moment de s'endormir ?

Il finit par les rouvrir et je suis prise de court quand je constate qu'ils sont teintés d'une couleur d'or. Le jeune homme pose un doigt sur ses lèvres pour me demander de rester silencieuse avant de se mettre à genoux et de jeter un coup d'oeil vers la forêt.

" C'est un fantôme, murmure-t-il, il doit être en patrouille parce qu'il s'est rendu invisible, on doit vite partir avant qu'il ne remarque notre présence.

ALCARIA ACADEMYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant