Chapitre 18 partie 2 - Ash

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Elle ne me répond pas, et pour la seconde fois depuis qu'elle est ici, elle évite mon regard. Je ne m'en préoccupe pas, pose mon matériel sur le vasque en face d'elle et sors des ciseaux.

Je sens sa confusion et à quel point elle est perdue. Mais je ne dis rien pour le moment. Je me tourne vers elle. Ses yeux sont rougies par les larmes, qui menacent de nouveaux de s'écouler sur son joli visage. J'aimerai savoir ce qu'elle pense, à cet instant, pour la rassurer et lui dire que tout va bien.

Léo défait le noeud de mon t-shirt sans me regarder.

C'est le moment que choisit Kyan pour rentrer dans la pièce, des vêtements dans les mains et Tonio sur les talons. Le jeune homme se dirige immédiatement vers mon âme-soeur.

一 Où est-ce que tu as mal ? demande-t-il en s'agenouillant devant elle.

一 Epaule gauche, les deux chevilles et l'arrière de la cuisse droite, réponds-je avant elle.

Léo frémit au son de ma voix. Mon ami tend la main vers moi pour prendre les ciseaux que je tiens.

一 C'est tout ?

Elle opine du chef. Son bras gauche présente des griffures sur ses biceps et triceps. Je grince des dents. Ces connards ont osé venir sous mon toit, attaquer mon âme-soeur.

Tonio entreprend de découper le t-shirt de la jeune femme. Mais je l'arrête lorsqu'il se trouve à son nombril. Je refuse qu'elle soit nue devant deux hommes, même si elle ne semble pas s'en conformer. J'attrape les vêtements que Kyan a apporté et lui tends.

Le visage de Léo se peint d'exaspération. Mais la chose positive est que je sens qu'elle se détend. Sa confusion perd un peu de terrain. Elle place le t-shirt devant sa poitrine et Tonio termine de découper le tissus. La blessure n'est pas belle à voir, mais la tigresse ne dit strictement rien. Deux trous ronds s'enfoncent dans sa chair, au niveau de son trapèze et de son deltoïde. Ça ne semble pas très profond, mais c'est douloureux. Mon châton a visiblement décidé de se murer dans le silence. Pour changer.

一 Est-ce que tu peux bouger ton bras ? demande Tonio.

Léo obtempère en grimaçant. Son épaule bouge, mais ça pique. Inconsciemment, j'attrape la mienne, comme pour calmer la douleur de mon âme-soeur.

Le loup se retourne, attrape des bandages et du désinfectant sur le vasque.

一 Il faut prévenir l'infection, c'est tout ce qu'on peut faire. On changera les pansements deux fois par jour et à chaque fois, on désinfectera, indique-t-il en joignant le geste à la parole. Et il faudrait mettre ton bras en écharpe, ou l'utiliser au minimum.

Mon âme-soeur opine du chef. Nous grimaçons à l'unisson quand Tonio applique le produit sur ses blessures. Il lui demande de se tourner pour faire la même chose dans son dos. À nouveau, deux trous ronds pénètrent sa peau. L'un d'entre eux est planté au bout milieu du tatouage de son omoplate. C'est un chardon bleuté, devant un soleil dont cinq rayons ondulés et noir se prolongent sur quelques centimètres. Le soleil en pointillé s'estompe en s'éloignant du centre, tandis que la fleur est en traits plein. Il est magnifique, mais la partie gauche du chardon est gâchée par la morsure. Je note qu'elle porte aussi un petit diamant rouge, sur sa côte droite. Il n'est presque pas visible, puisqu'elle presse son bras contre son torse, mais je peux le deviner.

Tonio prodigue les mêmes soins sur son dos. Puis il désinfecte son bras. Ces blessures là sont plus superficielles que la morsure. Ensuite, il remonte les jambes du jogging pour regarder les chevilles de mon châton. Celle de gauche est griffée, mais je ne vois rien de grave. Il désinfecte et bande. L'autre a été mordu, et je me demande si ses os n'ont pas été touché. Tonio prodigue de nouveaux des soins. Pour finir, il désinfecte sa cuisse. Puis il se redresse.

一 Tu ne vas pas en mourir, souffle-t-il avec un clin d'oeil.

Ma mâchoire se contracte et je lui adresse un regard assassin lorsqu'il se tourne vers moi. Son regard tombe sur mon torse et il fronce les sourcils.

一 Je vais m'occuper de mes blessures, sortez, ordonné-je.

Léo se lève et amorce un mouvement vers la sortie, à la suite des deux hommes. Mais j'attrape sa main valide doucement.

一 Pas toi.

Léo dégage sa main sans me regarder, puis glisse le t-shirt le long de son bras blessé en me tournant le dos. Lentement, elle enfile l'encolure autour de sa tête avec son bras valide. Je l'aide à le passer. Elle ne proteste pas.

一 J'espère qu'on pourra l'interroger, et que ta jalousie et ta possessivité de base ne l'ont pas tuer, souffle-t-elle.

Sa voix est teintée d'amertume. Puis, sans me laisser le temps de répondre ou de la retenir, elle quitte la salle de bain, fermant la porte derrière elle. 

Entre tigre et loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant