8. Arcade (2/2)

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Un à un, ils sortent et s'éparpillent dans des directions opposées, laissant Rémi se barricader dans le salon. Avant de le voir disparaître derrière la porte, Lilia lui fait une accolade.

– Je reviens vite.

Lilia, Ziad, Maureen et Maxime se séparent sur le perron cimenté, le premier binôme en direction du portail, le second vers le bois. Il fait nuit mais de grands projecteurs offrent leurs puits de lumière sur l'herbe sèche.

– Soyez prudents ! lance Maureen.

Lilia tente un regard optimiste pour son amie, mais son visage se décompose vite à la vue de la piscine lorsqu'elle rejoint son partenaire de repérage.

– C'est affreux...

– Viens, concentre-toi sur notre objectif, lui conseille Ziad avec douceur, la menant vers le bus calciné.

La jeune femme préfère se laisser guider, baissant la tête, avec pour seule vision les graviers d'une cour en demi-cercle.

– Attention, précise Ziad au moment de descendre quatre marches. C'est bon, tu peux regarder.

Lilia se sent désorientée, les voilà derrière des buissons, près du portail, à l'endroit même où ils avaient repéré l'entrée du bâtiment technique. Semi-enterré, la structure se fond sous la pelouse et semble courir jusqu'en-dessous de la Résidence.

– C'est fermé.

Ziad ne réfléchit pas à deux fois, il soulève un des vases Médicis qui jalonnent l'allée centrale et s'en sert comme d'un bélier.

– Ce n'est pas grand-chose, dit-il à Lilia alors que le barillet est complètement défoncé.

– Dis, t'as raté ta vocation, non ? Ça pèse une tonne !

Ils entrent et se retrouvent dans un long couloir qui se fond dans l'obscurité.

– On a bien trouvé la technique, annonce Lilia après avoir appuyé sur l'interrupteur.

Ziad accélère le pas, à la recherche de quelqu'un ou quelque chose. Leurs pas résonnent contre les parois de parpaings.

– Y'a quelqu'un ? appelle Lilia.

Ils doivent surveiller leurs pieds, éviter les câbles qui jonchent le sol.

– T'as entendu ?

– On dirait une radio, non ? Je vais peut-être pouvoir m'en servir pour communiquer !

Ils poussent les portes d'une première salle. Elle est vide, illuminée par les dizaines d'écrans et claviers rétroéclairés. Lilia et Ziad peuvent voir et entendre ce qu'il se passe dans toutes les pièces de la demeure, et aussi dans le jardin.

– Regarde ! On va pouvoir voir tout de la maison ! Qu'est-ce qui pourrait nous aider ?

Les deux jeunes observent chaque écran à la loupe. Rémi est resté dans le salon, le dos plaqué contre le mur proche de la porte, une bouteille de verre à la main pour arme, prêt à frapper une menace invisible : le hall est vide.

– Allez, tu es bien quelque part ! siffle Ziad en cherchant le moindre signe du tueur.

Lilia aussi désespère en constatant :

– Il n'y a que nous...

Dorothy, Achille et Diane avancent en crabe dans le couloir de l'étage ouest, Nath et Rocco manipulent des instruments, fouillent les recoins du salon, Maureen et Maxime poursuivent séparément leur inspection de l'extérieur.

Dans les autres pièces ne subsiste que l'absence : le théâtre, les salles de bain, la salle de jeux où Ziad reconnaît des jeux d'arcade, le cellier géant, la cuisine, les chambres, les bureaux, la salle de conférence ou encore la salle de sport.

– Il y a forcément quelqu'un !

Le bâtiment dans lequel ils se trouvent n'est pas filmé.

– Je vais voir plus loin, propose Lilia.

Il ramasse une barre de fer qu'il lui donne.

– Au cas où. Je te rejoins, je regarde si je peux trouver un moyen de communication.

Au même instant, la sonnerie d'un téléphone perce le silence.

– Ça vient d'à côté !

Lilia et Ziad se ruent dans la pièce du fond. Le son strident se rapproche. Lorsque Lilia ouvre la porte, elle repère immédiatement le combiné et décroche.

– Allô ?

Rien ne se passe, elle croit entendre une respiration.

– Allô ? Vous m'entendez ? Nous sommes les candidats de Symphonia, nous avons été attaqués ! Allô ! Allô !!! ça a raccroché... J'appelle la police.

Ziad réplique :

– Lilia, ne te retourne pas.

– Merde ! merde ! je ne peux pas faire d'appel... Putain, pourquoi ça ne marche pas !

– Viens, Lilia, on sort.

– Hein ? Pourquoi ? Oh... c'est quoi tous ces mannequins ?

Dans la pièce semi-éclairée, elle découvre un tas de bras et de jambes, de corps habillés de cette tenue grise propre aux hommes-silhouettes.

– Ce ne sont pas des mannequins. On a trouvé les gens de la technique. Ils sont tous morts.

LE MAESTROWhere stories live. Discover now