19. Scène (1/3)

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Maureen écrase un moustique sur son cou.

– Je suis dans un état... constate-t-elle en essuyant sa main sur sa robe déchirée.

Ziad reste concentré et avance, fixé sur leur objectif.

– Tu crois qu'on a raison de se séparer ? On est maintenant à la merci de deux tueurs... Les filles sont seules, là-haut. 

– C'est le meilleur moyen. Nous n'avons pas le choix, il faut s'en sortir, mais ce ne sera peut-être pas le cas pour tout le monde.

– Attends ! Tu planifies ta réussite en espérant que les autres passeront avant toi ? demande Maureen, écœurée.

– Non, j'ai simplement déjà été dans cette situation, répond-t-il, le regard lointain, perdu dans des souvenirs que Maureen ne souhaite pas connaître. Ne me dis pas que cette pensée ne t'as pas traverser l'esprit, c'est humain.

La jeune femme ne sait pas trop quoi répondre, entre embarras et stupeur. Elle se rapproche de lui, réalisant qu'il est finalement son meilleur atout. Elle a compris qu'il avait été dans l'Armée. Il poursuit :

– Tu sais, en définitive, nous nous connaissons depuis trop peu de temps. Et de toute façon, quand la mort entre en jeu, c'est chacun pour soi. Mais je reste persuadé qu'on ne pourra pas s'en sortir seul non plus.

Maureen s'imprègne de ses paroles. Qu'elle est loin la joie qu'elle avait ressenti en intégrant l'aventure Symphonia. Personne ne chantera ici.

– Ziad, comment se fait-il que personne ne soit déjà venu à notre secours ?

Il suppose :

– Le tueur a tout extrêmement bien planifié. S'il est encore là, soit il est vraiment fou, je veux dire plus fou que fou, puisqu'il l'est déjà, soit il sait qu'ils ne pourront pas venir. Il a tout prévu et les cartes en main dont il dispose nous sont inconnues. Il joue avec les failles de l'organisation cadenassée de l'émission. A trop vouloir nous protéger, la production lui a permis de réaliser son fantasme morbide.

– Tu as une idée de qui il peut être ? Qu'est-ce qu'il cherche, qu'est-ce qu'il veut ?

– Être célèbre, comme tout tueur en série.

La nuque de Maureen gèle d'un coup.

– On parle de tueur en série, maintenant...

Ils contournent un sentier lorsque Maureen remarque :

– Ziad, regarde ! 

La jeune femme pointe du doigt la salle de théâtre qui se trouve sur le chemin qui mène à l'ascenseur.

– Et bien ? Quoi ?

– Ce n'était pas allumé quand je suis passée tout à l'heure. 

Ils s'avancent précautionneusement et s'abaissent sous la fenêtre, chacun sur un côté.

– Je ne vois rien, affirme Ziad dont l'angle de vue est limité par tout un tas d'accessoires.

– On rentre, alors.

Sur la porte, un mystérieux écriteau indique : Le chant de la grenouille – représentation unique.

Ziad envoie un coup de pied pour l'ouvrir.

Ils entrent, guidés par la lueur des spots, dans cette salle de fauteuils rouges en demi-cercle autour d'une scène. Ils y trouvent un homme épinglé en croix sur un immense plateau de bois.

– Recule, Maureen !

Maxime a été éviscéré. 

Il l'a ramène dehors, referme la porte. 

Elle se recompose un instant, ne croyant ce qu'elle a vu. Ziad tambourine le bois, crie à plein poumons.

Maureen attend qu'il se calme. Avant qu'il ne perde pied, elle souffle, en se serrant contre lui :

– Ziad, j'ai besoin de toi.

– On l'a tué... On l'a tué... le pauvre... c'est de ma faute !

– Non, Ziad, non ! Il n'y a qu'un seul responsable : le tueur. Lui, et personne d'autre !

Il l'embrasse.

LE MAESTROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant