33. Adorable (1/2)

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– Après toi !

Ziad préfère laisser passer Mélissandre. Puis il s'assure que le tueur n'est pas en approche. 

Ils sont tous tendus, sachant très bien qu'il prépare son prochain meurtre.

L'ancien militaire neutralise à nouveau les portes d'entrée avec la branche et le tuteur métallique. 

– Faites qu'il y soit encore... souffle Maureen après, elle espère, un dernier regard pour la bâtisse.

Rocco, lui, a précieusement gardé les allumettes récupérées par Lilia.

– Tu crois vraiment qu'il va rester un bidon dans le bus ?

Il n'a pas besoin de lui répondre, la silhouette du bus calciné parle d'elle-même. L'espoir est permis, l'explosion a épargné les dernières soutes.

Pourtant, Ziad n'est pas serein :

– Je ne comprends pas pourquoi il ne s'est pas entièrement embrasé. Surtout si un combustible tel que de l'essence était laissé dans un bidon.

Le groupe s'arrête devant ce qui reste de bus rutilant dans lequel ils sont montés quelques heures plus tôt avec des rêves plein la tête. La moitié avant n'est plus qu'une carcasse, encore fumante. 

– Quelqu'un a stoppé la progression du feu, constate Ziad.

– Pourquoi le tueur aurait-il fait ça ?

– Il anticipe nos réactions depuis le début. Il joue encore avec nos nerfs !

Rocco parvient à ouvrir la seule soute intacte. Elle est vide. 

– Putain, il veut quoi ce taré ? explose-t-il. Je vais le cramer !

Le grand italien s'empare de ce qu'il peut les aider au départ d'un feu. Ziad, Maureen et Lilia l'aident à ramasser les affaires éparpillées. Tous courent jusqu'au palier de la Résidence pour y verser leur butin. Mélissandre, blessée à l'épaule, est la dernière.

Puis Rocco craque un bouquet d'allumettes et jette sur le tas un pull enflammé. 

– Tous au monte-charge !

– Viens, Lilia ! dit Maureen en la prenant par la main.

Lilia aurait aimé vérifier que ce petit foyer de feu fasse son effet. Mais le temps passé ne fait que réduire leur chance de s'en sortir. Après tout, l'air est toujours caniculaire, le bois de la terrasse et les poutres au niveau de l'entrée sont secs. Dommage qu'il n'y est pas une bouteille d'alcool pour accélérer le processus.

Elles longent le mur du grand salon.

– Vers la pinède ! Eloignez-vous de la maison ! ordonne Ziad.

Trop tard. 

Une chaise vient briser la baie vitrée, percutant Lilia sur le flanc. Elle entraîne Maureen dans sa chute. L'homme-silhouette s'éjecte de la pièce, par le trou béant entouré de tessons acérés. 

Lilia est sonnée, mais consciente. Maureen se relève, ignore le sang qui coule de ses genoux et coudes écorchés.

– Vite, debout, Lilia ! 

Rocco fonce comme un boulet sur l'homme-silhouette qui s'apprêtait à planter la jeune femme. Mais le tueur lutte, le repousse vers la vitre brisée. Rocco le lâche, évitant une blessure fatale et le tueur bat en retraite.

– Vite !

Ziad et Mélissandre s'accrochent à Rocco, Maureen et Lilia, les obligeants à reprendre tous leurs courses vers le monte-charge.

– Je vais lui faire la peau ! hurle Rocco, qui se contraint à s'éloigner de la maison dans le seul but de ne pas bousculer davantage Lilia qu'il aide dans son avancée.

– On va s'en sortir tous ensemble ! Cette raclure va se dégonfler !

Maureen fonce vers l'ascenseur de fer. Elle ouvre ses portes métalliques. Jamais un grincement ne lui avait paru si mélodieux. Lilia et Rocco s'y engouffre à sa suite.

– Vite ! Putain, qu'est-ce que vous faites ?! demande-t-elle à Ziad et Mélissandre.

Ils découvrent la jeune rousse à terre. L'homme-silhouette est juste derrière elle et Ziad. Il a lancé un couteau.

– Vite !!!! répète Maureen.

Elle enclenche l'interrupteur, le courant électrique se manifeste par un bruit familier.

– Il marche ! Ziad ! Mélissandre !

Ils sont presque arrivés mais le tueur gagne du terrain. Son deuxième couteau lancé siffle aux oreilles de Maureen. Il se coince dans les grilles métalliques. 

Dans un effort intense, Mélissandre pousse Ziad vers la liberté.

– Sauvez-vous !

Puis elle se retourne et plonge sur l'homme-silhouette. 

– Mélissandre !!!

Lilia et Rocco retiennent Ziad pendant que Maureen referme les grilles du monte-charge. Elle écrase son poing sur le bouton. Elle ne peut se résoudre à regarder Mélissandre se faire éventrer par le tueur criant comme un démon :

– Vous êtes à MOI !!!!!

Lilia est prise de sanglots.

– Mélissandre avait survécu une première fois...

Ils sont à une vingtaine de mètres du sol. La baie se révèle, dans le soleil levant.

– Lilia, regarde ! C'est la marée basse. On va pouvoir quitter cet endroit ! On va vivre ! On va...

A ce moment-là, Maureen lève les yeux sur le tueur armé d'une masse impressionnante. Il vient l'écraser à plusieurs reprises sur, ce qu'elle suppose être le système de descente du monte-charge. Il tremble, puis s'immobilise à une dizaine de mètres seulement.

– Connard ! Connard ! 

Le monte-charge cède sous leurs cris désespérés.

LE MAESTROWhere stories live. Discover now