LE MAESTRO

19. Scène (3/3)

Dans le bureau de la capitale, chaque séquence qui défile sur le dark web est insoutenable pour les équipes.

Bastien Cotton ne peut même plus les regarder.

L'ambiance du studio est aussi glaciale que l'antichambre d'un salon funéraire. Mais loin de se laisser gagner par le défaitisme, c'est une soif d'aider qui ne cesse de le submerger.

Tous essaient de pallier cette frustration, ce sentiment de totale impuissance.

Ils ont monté toute cette émission, ne peuvent-t-ils pas trouver quelque chose pour aider les secours ?

Le directeur des programmes a fait un malaise, plié de douleur en deux dans le couloir.

Les allers-retours incessants des équipes de police et de production lui donne le tournis, rien ne semble changer.

Des maraudes improvisées ont commencé. Mais les médias commencent à pointer du doigt la responsabilité de ceux qui sont censés protéger les citoyens.

Les meilleurs informaticiens de la capitale ont été réquisitionnés pour juguler ce flot d'images sur le dark web, outrepassant leurs droits d'accès, et les règles habituellement appliquées.

Mais malgré leur talent, le tueur semble être aidé. Devant l'ampleur que ça a pris, quelqu'un s'engraisse de billets, c'est évident.

– C'est impossible... impossible, dit Benoît. Pour chaque flux bloqué, deux poussent ailleurs ! C'est pire que la tête de l'Hydre ! Et certaines chaînes ne se privent pas de reprendre les images, en floutant les visages !

La scripte hurle devant son écran, rameutant une troupe d'employés sur les nerfs, dont Bastien Cotton.

C'est la vidéo de la mort de Nath et Dorothy.

– Mais... attendez... ce sont des araignées ?

La scripte le regarde comme s'il avait sorti la pire obscénité possible à la Reine d'Angleterre en personne.

– Ton seul souci, ce sont les araignées, Bastien ?

– Mais, écoutez-moi, je crois que... oui !

Bastien s'éjecte du studio et entre avec fracas dans la salle du conseil d'urgence. Charles Comtoise lui demande :

– Du nouveau ?!

– Le type bosse pour nous, il bosse pour nous ! affirme-t-il.

– Il y a eu des revendications ?!

– Non, non, mais les morts ! Mélissandre a été noyée, Dorothy a été effrayée par des araignées...

– Et ? Et ? Venez-en au fait !

– Il s'est servi de ce qu'elles ont dit pendant leurs auditions, pendant l'émission enregistrée de la première. Pour les avoir vus, c'est forcément un gars de chez nous ! Quelqu'un qui avait accès aux enregistrements !

– Vite, monsieur Cotton, installez-vous là ! Claudia et Richard, dépêchez-vous, épluchez avec lui les images d'enregistrement, je vous amène la liste des employés ! Vite, on va peut-être pouvoir sauver les derniers candidats avant qu'il ne soit trop tard !