Le temps d'un été

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- Emma ! crie Antoine.

Un léger sourire sur les lèvres, j'observe la jeune femme quitter les lieux alors que lui, trempé, est presque enragé et frotte le haut de son t-shirt en se dirigeant vers les cuisines.

- Elle a pris du caractère, la petite, rit Téa.

- Elle a juste ouvert les yeux.

- Tu m'as dit qu'elle déprimait depuis leur rupture.

- Oui, c'est vrai. Mais je ne sais pas ce qu'ils se sont dit.

Je picore quelques tapas commandées un peu plus tôt en observant Téa réfléchir. L'attitude d'Emma me préoccupe tout de même, dans quel état est-ce que nous allons la retrouver ? Va-t-elle retrouver le sourire ? Est-ce que ça aura changé quelque chose ?

- À quoi tu penses ? me demande ma petite amie.

- À rien.

- Menteur.

Je lève les yeux au ciel et passe ma main dans mes cheveux, buvant ensuite une gorgée de mon verre d'eau.

- Tu penses à Emma ?

- Pas du tout. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- L'intuition, souffle Téa.

- Je m'en préoccupe beaucoup, oui. Mais je n'y pensais pas.

- Tu t'en préoccupes un peu trop, je trouve. Elle a sa meilleure amie, non ?

- Je vis sous son toit, c'est la petite sœur de Sam, c'est normal que je m'inquiète pour elle.

Téa pousse un long soupir et se lève afin de se mettre debout entre mes jambes, ses bras autour de mon cou.

- On devrait s'éloigner des problèmes et se faire un petit week-end en amoureux, tu ne trouves pas ?

Je pose mes mains sur ses hanches en haussant les épaules, un léger sourire en coin. Ça me tente.

- Tout dépend de ce qu'on fera du week-end, dis-je tout bas.

- Tout ce que tu voudras, me murmure Téa contre mes lèvres alors qu'elle émet un petit rire.

- Très bien. Très très bien, même.

Nous échangeons un tendre baiser que j'interromps assez vite puisque nous sommes tout de même en public et, étant quelqu'un de très pudique, je suis vite gêné devant du monde.

Nous passons le reste de l'après-midi à nous promener dans le parc, nous remémorant de nombreux souvenirs que nous avons vécus tous les deux ou avec notre ancien groupe d'amis. Je connais Téa depuis très longtemps et je sais, au fond d'elle, qu'elle n'est pas la jeune femme qu'elle prétend être. Elle peut être une peste mais ce n'est qu'une façade, elle a un cœur énorme et elle ferait tout pour les gens qu'elle aime. Notre relation est simple, nous nous connaissons par cœur, nous connaissons nos limites et l'un n'étouffe pas l'autre. Avec Téa, c'est facile.

✬

En début de soirée, nous décidons de rentrer, épuisés d'avoir tant marché. Nous garons nos voitures dans l'allée des Wilson et entrons chez eux comme nous avons pris l'habitude de le faire. Téa me suit jusque dans le salon où nous retrouvons le reste du groupe, regroupé autour d'Emma, allongée sur le canapé.

- Tu as fait le plus dur, Emma. Ça ne peut qu'aller mieux maintenant, sourit Sara qui lui caresse l'épaule.

Je m'approche pour mieux apercevoir la brune et mon cœur se serre ; les yeux rougis par les larmes, Emma est recroquevillée sur elle-même, un mouchoir dans la main et d'autres éparpillés sur le sol.

Ça va être pire qu'avant. 

J'entends Téa soupirer mais je n'y fais pas attention, je m'approche de Noah et lui serre l'épaule pour annoncer ma présence et l'interroger du regard. Il me fait signe de le suivre et j'obéis, allant dans la cuisine avec lui.

- Elle est revenue dans un état pitoyable, souffle le métis.

- J'étais au Letie's quand ils se sont parlés mais elle n'avait pas l'air si... mal.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Elle ne nous dit rien depuis qu'elle est rentrée Liam, ça m'inquiète.

- Ils discutaient normalement mais je pense qu'il l'a pas mal énervé puisqu'elle lui a jeté son verre d'eau à la figure. Et puis elle est partie.

- Elle ne veut même plus monter dans sa chambre.

- Pourquoi ? demandé-je, surpris.

- Je n'en sais rien. Tu ne veux pas aller lui parler ?

- Qu'est-ce que ça va changer ?

- Essaie.

Je passe mes mains dans mes cheveux en soupirant et Noah rejoint les autres alors que je reste seul quelques minutes, histoire de réfléchir à quoi faire. Sara entre dans la pièce, les sourcils froncés, un air triste sur le visage.

- Je pense que maintenant qu'elle l'a vu et que tout est sorti, elle réalise que c'est vraiment fini.

- Ne t'en fais pas pour elle. Elle est forte, dis-je doucement en pressant son bras.

Elle me sourit puis se sert un verre d'eau tandis que je rejoins le salon pour approcher Emma, sous le regard inquiet de son grand frère. La brune pleure silencieusement dans les bras de Gabrielle qui lui caresse le dos en lui chuchotant quelques mots à l'oreille.

- Je peux lui parler ?

Gabi jette un regard à Samuel puis se lève pour me laisser la place et je m'installe en remarquant que seul mon meilleur ami ne quitte pas la pièce. Assis sur le bord de la table basse, il nous regarde, ses coudes sur ses genoux.

- Emma ? tenté-je en la regardant.

Elle ouvre les yeux à l'entente de ma voix mais se retient de parler en croisant le regard de son frère, ce qui me fait soupirer. Je ne suis pas dupe, je connais la raison pour laquelle il reste auprès d'elle, mais ça n'aidera pas Emma. Je supplie le garçon du regard et celui-ci secoue négativement son visage, mordillant sa lèvre inférieure.

- Laissez-moi seule, nous supplie Emma en se tournant dos à nous, sous une grosse couverture.