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Téa avait raison, Emma craquait sur moi. Le meilleur ami de son grand frère. Le garçon qui squattait sa maison et qui buvait dans son salon avec sa bande de potes. C'est dingue ce qu'elle a bien caché son jeu, je n'ai jamais rien vu. Je n'ai jamais soupçonné le fait qu'elle pouvait me voir de cette manière et non pas comme le copain de Samuel qui débarquait chez elle sans prévenir, d'autant plus qu'elle faisait tout pour m'éviter depuis le jour où Téa a ignoré ses appels et supprimé son message de détresse.

- On n'en a jamais vraiment parlé, mais là j'en ai besoin, Emma.

- Il n'y a rien à dire, je n'étais qu'une enfant, Liam.

- Ado.

- Plus enfant qu'ado. J'avais deux ans de moins que toi, c'était ridicule.

Je baisse le regard vers elle et me mordille la lèvre en observant son air si concentré. Ses mains qui se baladent partout sur mon corps ne me donnent pas des pensée très sages mais j'essaie de me concentrer sur autre chose en observant les murs de son bureau. Plusieurs photos d'elle et Dominique sont accrochées au mur et je peux voir à quel point elles sont proches. Le cadre posé sur son bureau est vide, ce qui me laisse penser qu'elle a bel et bien viré Antoine de sa vie et de ses pensées.

Très bien.

- J'ai besoin de savoir...

- Oui ! Oui Liam, j'étais jeune et je craquais sur toi. Maintenant que tu le sais, qu'est-ce que ça change, hein ? Tu vas t'éloigner de moi ? Tu vas me laisser tomber ?

- Je ne te laisserai jamais tomber, je te l'ai déjà dit.

À présent relevée, Emma se calme à l'entente de mes mots et je lui souris, ce qui l'agace. Elle écrit quelques mots dans son carnet puis revient vers moi afin de mesurer la largeur de mes épaules, de mon cou et de mes bras.

- Je pense que je n'ai rien oublié, dit-elle en s'asseyant sur sa chaise de bureau.

J'enfile mes baskets et remets ma ceinture autour de mon jean avant de la rejoindre, sur mon siège. Je m'enfonce sur celui-ci en cherchant le regard d'Emma qui, je le sens, est fuyant.

- Je t'enverrai un message lorsque le costume arrivera à l'atelier, il faudra que tu viennes l'essayer pour voir si des retouches sont nécessaires. Ça te va ?

- Parfait.

- Très bien, dit-elle en refermant son carnet. Alors on a terminé.

- Parfait, répété-je en souriant, ce qui la fait rouler des yeux.

J'adore.


Je me lève en même temps qu'Emma et nous sortons du bureau afin de pouvoir fermer la boutique. Je l'attends un peu plus loin en observant mon portable et je remarque seulement maintenant que Samuel a essayé de m'appeler. Il a également laissé un message il y a 50 minutes.

Samuel : Tu rentres à quelle heure ?

Je décide ne pas y répondre puisque je serai là dans seulement 5 minutes, ça n'en vaut pas la peine. Emma me rejoint et nous prenons chacun notre véhicule afin de rentrer, nous nous suivons tous les deux en voiture et je me gare derrière elle lorsque nous arrivons à destination.


À peine rentrés, Emma et moi ne parlons pas mais ce n'est pas gênant, nous avons tous les deux besoin de calme. Elle me montre une bouteille de vin et j'acquiesce, me dirigeant ensuite vers le jardin à ses côtés.

Le problème, c'est que nous ne sommes pas seuls. Je suis Emma mais ses pas m'arrêtent dans ma lancée et je regarde devant moi en comprenant la raison de son état. Je fixe droit devant par-dessus la tête de la brune en plissant les yeux pour être sûr de ce que je vois ; Samuel et Gabrielle s'embrassent devant nos yeux, tous les deux assis sur le même transat.

- Gabi ? demande Emma, tout autant choquée que moi.

Ils sursautent et se tournent vers nous, leurs yeux pourraient sortir de leur orbite tellement ils ne s'y attendaient pas ; c'est plutôt drôle. Mais Emma n'est pas du même avis.

- Emma, je...

- C'est une blague, j'espère ?

Gabrielle se dirige vers nous alors que Samuel reste assis et se gratte la nuque en grimaçant. Il ne dit rien et je pense que c'est mieux comme ça. Emma marche vers lui mais Gabi lui coupe la route, un air inquiet sur le visage.

- Emma, s'il te plaît, écoute-moi...

- Gabi, je ne t'en veux pas. C'est à lui que j'en veux.

Elle contourne son amie pour se mettre devant son grand frère et, connaissant le tempérament des deux Wilson, je m'approche pour être là en cas de besoin.

- Tu te fous de moi, hein ? rit la brune.

- Laisse-moi tranquille, Emma.

- Ah non, surtout pas ! Tu oses me faire la morale par rapport à Liam alors que tu flirtes avec mon amie ? T'es sérieux là ?

- Ce n'est pas du tout la même chose !

- Et pourquoi ?

- Parce que ! Liam est en couple et tu le connais à peine, soupire Samuel.

Emma rigole nerveusement tout en se tirant les cheveux et en faisant les cent pas devant son grand frère. 

Je t'aime beaucoup mon pote, mais là tu crains.

- Tu connais Gabi depuis seulement un an ! Je connais Liam depuis toute petite, tu as raison, ce n'est pas du tout la même chose !

- Lâche-moi Emma, tu me saoules.

Samuel se lève et passe à côté de sa sœur en lui bousculant l'épaule, ce qui met Emma hors d'elle. Elle se retourne afin de le pousser, les lèvres pincées et je m'approche pour m'interposer entre eux.

- Tu n'es qu'un égoïste Sam !

- C'est toi l'égoïste. Tu compares l'incomparable. Entre moi et Gabi, il y a vraiment quelque chose, alors qu'avec Liam, ce sont juste tes putains d'hormones d'adolescente que tu n'as pas su contrôler, tu n'es toujours qu'une enfant à ses yeux.

- Espèce de...

J'attrape Emma dans mes bras lorsqu'elle court vers son frère et l'éloigne de lui en jetant un regard noir à Samuel.

- Tu déconnes, articulé-je en marchant avec Emma jusqu'au fond du jardin.

- Liam, laisse-moi tranquille. Il a tort, je ne suis plus la même qu'avant, je n'ai plus besoin que l'on me protège. Je n'ai pas besoin de toi. Alors pars.

- Très bien.

Je n'hésite pas avant de tourner les talons pour prendre le chemin inverse et me diriger vers l'intérieur de la maison. Je croise Gabrielle sur mon chemin et lui sourit comme pour lui faire comprendre que je compatis mais je ne m'y attarde pas, je prends seulement la direction de la cuisine afin de rejoindre mon meilleur ami, sans un mot.

Les mains dans les poches, je reste appuyé contre le plan de travail tout en observant Sam se préparer une salade. Il m'a vu, je le sais, mais je sais aussi que lorsqu'il a tort, il ne parle pas et ça me fait sourire.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Excuse-toi.

- Pardon ?

- Tu as parlé en mon nom et tu as blessé ta sœur. Tu ne penses pas que tu devrais t'excuser ?

- Non.

Aussi têtu que sa sœur, celui-là.

- Très bien. Quand tu seras moins con, tu me feras signe.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant