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Les gazouillis mélodieux des oiseaux matinaux emplissaient le palais de leur douce chanson alors que le ciel de jais disparaissait à l'horizon. Lentement, j'ouvris mes yeux, mais fus tentée de les refermer en voyant la noirceur de la pièce. Les rideaux ivoire bloquaient tous rayons souhaitant déverser leur lumière dans la chambre. Ouvrant une nouvelle fois mes paupières, je jetais un coup d'œil rapide devant moi. Je n'étais pas encore accoutumée à l'endroit : ma propre chambre dans le château des anges.

L'esprit embué par la fatigue, je sentis vaguement une pression ainsi qu'une chaleur familière dans mon dos. Les édredons de coton m'empêchaient d'estimer si c'était mon imagination ou la réalité. J'avais envie de savoir qu'est-ce que c'était, mais j'étais trop confortable que je ne voulais pas bouger. Malgré moi, je dégageai mes bras des couvertures et de sous mon oreiller pour me tourner dans le grand lit à baldaquin. Cette pression n'était pas mon imagination. Dans la noirceur, il m'était difficile de distinguer quoi que ce soit, mais je tombai nez à nez avec une personne endormie. Un mince sourire se dessina sur mes lèvres en devinant qui c'était, puis il se transforma en moue surprise et embarrassée. Le rouge me montant aux jouex, je reculai avec maladresse dans le matelas, puis glissai sur les couvertures. Je me retrouvai au sol dans un bruit sourd, la couette me suivant dans ma chute brutale.

La personne qui dormait dans mon lit se redressa soudainement, un air perdu traversant son visage. Elle me regarda avec stupeur, puis un sourire éclaira sa mine matinale alors qu'elle essayait tant bien que mal de cacher sa poitrine avec le drap translucide. Ses efforts furent vains puisque je fus en mesure de tout voir. De la courbe de ses seins jusqu'à leurs pointes fermes. J'étais certaine que mon visage entier était aussi rouge que sa peau. Gênée, je cachai mon visage cramoisi dans l'édredon qui gisait sur le sol de marbre immaculé.

Plusieurs longues secondes passèrent sans que rien ne se passe, comme si le temps dans la pièce avait soudainement arrêté d'avancer, puis son rire cristallin retentit à mes oreilles telle une mélodie agréable. Le lit grinça légèrement, signe qu'elle venait de se lever, et sa chaleur m'enveloppa au travers de la couverture. Elle retira la couverture de sur ma tête, puis posa son regard ambré dans le mien. J'avais l'impression de me perdre dans un abysse autant brûlant que réconfortant. Elle brisa notre contact visuel en me prenant par surprise. Elle tourna sa tête légèrement sur le côté, puis déposa délicatement ses lèvres sur les miennes. Elles avaient un goût sucré, mais mélangé à quelque chose d'épicé. La chaleur constante que son corps émanait entrait en moi comme un doux brasier à la fois excitant.

Décidant d'aller plus loin, sa bouche s'aventura près de mes oreilles, le long de mon cou, sur mes clavicules et pour finir, à la naissance de mes seins, mais elle n'alla pas plus loin comme pour me taquiner et me faire vouloir plus. La chaleur me rendait impatiente, mais elle n'en fit rien. Elle remonta jusqu'à mes lèvres et les fit siennes.

Comment pouvais-je me laisser faire de la sorte ? J'avais tant l'esprit embrumé tant par sa présence que par la fatigue, que je ne savais plus quoi faire. Une partie de moi en demande plus, mais l'autre la repousserait. Pourtant, je ne bougeais pas, la laissant tâter mon corps et faisant valser nos langues ensemble.

Au loin, un léger bruit sourd se fit entendre, mais je décidai de l'ignorer pour savourer un peu plus l'instant. Il retentit à nouveau, seulement un peu plus fort.

"Les gardes s'en occuperont," murmura-t-elle contre mes lèvres.

Au troisième coup, la porte de la pièce s'ouvrit avec hâte. Des cliquetis se firent entendre et un garde accourut devant nous, un air inquiet au visage. Plusieurs longues secondes s'écoulèrent où ses yeux passaient de moi à l'élémentaire. Lorsqu'il réalisa ce qu'il se passait, il se retourna brusquement, ses mains gantées voilant son regard gêné.

La Dernière Éclipsal - La ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant