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     À demie éveillée, je me sentais rafraîchie et mon estomac ne semblait plus crier famine. Je ne voulais pas ouvrir mes yeux de peur de ce que j'allais voir. Il faisait chaud, mais je sentais une légère brise fraîche sur mes bras. Je supposais que je n'étais plus au milieu de nul part, presque morte. Près de moi, je pouvais distinguer plusieurs voix inconnues qui murmuraient par bribes incohérentes.

— ... rétablie rapidement ...

— Magie ... mauvais endroit pour chercher ... village ...

     Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'ils disaient, car c'était à peine s'ils levaient la voix. Il semblait y avoir deux personnes, mais je pouvais me tromper. Mes paupières étaient lourdes, mais je fis un effort pour les ouvrir. Au-dessus de moi, étaient penchés deux élémentaires - reconnaissables grâce à leur unique teint de peau - qui m'observaient attentivement. C'était une jeune fille à la peau rouge-orangé et un vieil homme dont la sienne était ambrée. Ils étaient respectivement des élémentaires de feu et de terre. C'était probablement ces personnes que j'avais entendues juste avant. Surpris que j'ai repris conscience, ils s'écartèrent pour me laisser respirer un peu. La bouche pâteuse, je réussis à marmonner une phrase cohérente.

— Où suis-je ?

— Tu es dans la tente de notre guérisseur, Theran, m'informa la jeune fille en pointant le vieillard d'un petit geste du menton. Je suis Lexie, se présenta-t-elle par la suite.

     Je jetai un coups d'œil rapide aux alentours et c'était effectivement une tente, mais très grande. Il y avait plusieurs lits alignés sur le côté droit où plusieurs personnes dormaient. Seules quelques fenêtres laissaient passer la lumière du jour. J'étais confuse de ne sentir presque aucune chaleur accablante malgré l'air ouverte de l'endroit.

— Jeune fille, toi, pourquoi t'aventurer Sylis ? demande Theran d'une voix douce.

— Il a toujours parlé de la sorte, tu vas t'y habituer.

— Je recherche un homme nommé Vagnir Magus, répondis-je à l'homme

— Chercher Magus ? Pourquoi toi faire ça ?

     Je fus un peu réticente à le dire, mais Theran me devança et avant même que je puisse ouvrir la bouche il avait déjà deviné le pourquoi du comment.

— Toi Eclipsal, non ? Magus mort longtemps, désolé, s'excusa le guérisseur en baissant la tête alors que la fille détournait son regard de moi.

— Il y aurait moyen de trouver ce que tu cherches, rétorqua une voix d'homme venant du fond de la pièce. Il y a de grandes chances que ses écrits soient toujours dans sa demeure.

     Je tournai la tête en direction de cette voix, mais ne vis rien au début. Les élémentaires se déplacèrent alors pour laisser mon champ de vision libre et je pus voir d'où elle venait. Dans un coin sombre, au fond de la tente, un homme était confortablement assis sur une chaise et nous observait. Ses traits étaient indiscernables dans la pénombre, mais ses ailes ne l'étaient pas. Aussi grandes que les miennes, elles pendaient de chaque côté de la chaise et balayaient le sol sablonneux. D'un geste presque souverain, il se leva et s'approcha de ma couchette pour me regarder droit dans les yeux. Pour une raison que j'ignorais, je ne me sentais pas en sécurité avec lui. Pourtant, il m'était si familier avec ses cheveux blonds cendrés presque blancs et ses yeux identiques aux miens. Je savais que beaucoup d'anges possédaient ces caractéristiques, mais je ne pouvais m'empêcher d'éprouver ce sentiment malgré le manque de confiance en cet homme que j'avais.

— Je suis Araquiel, se présenta-t-il en me tendant sa main.

     Hésitante, je fis de même et empoigna la sienne.

La Dernière Éclipsal - La ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant