IX - 9

28 2 0
                                    

Drainée de mon énergie, je m'écroulai lourdement sur les couvertures de mon nouveau lit. Honnêtement, si j'avais un autre endroit où rester, j'y serais déjà, mais je n'avais nul pas d'autre. Je n'avais qu'à ignorer le général et tout serait parfait, ou presque bien évidement. La journée touchait à sa fin, mais mon corps me faisait si mal qu'il ne réclamait que du sommeil. Presque sans aucune pause, Telrym Daserion m'avait entrainée pendant près de huit heures et il fallait que je retourne au terrain le lendemain. Comment allais-je suivre cette cadence effrénée si je ne pouvais pas me reposer entre deux entrainements ?

— Mon corps a ses limites, soupirais-je dans la housse de mon lit.

En m'enroulant dans la couette, je me remémorai ce que l'Arrogant m'avait dit un peu plus tôt dans la journée, un peu après le repas du midi ;

— Il faut que tu améliores ta robustesse, m'avait-il dit alors que je reprenais mon souffle entre deux entrainements à l'épée à deux mains. Il y a encore beaucoup de progrès à faire avant que tu sois prête à affronter la guerre de face.

Améliorer ma robustesse mon œil ! L'épée que je maniais pesait la moitié de mon poids ! Je poussais un grognement d'exaspération dans mon oreiller tout en serrant furieusement le bord de la couverture dans mes mains crispées. Ce n'était pas de ma faute si je peinais à la soulever du sol. Et il osait me dire que je n'étais pas à la hauteur ? Avec ou sans retenue, j'étais en mesure de lui tenir tête et il y avait probablement des chevaliers qui n'étaient pas en mesure de le faire. On nous dit que les démons sont puissants, mais ils ne le sont pas autant que le général, si ? De toute façon, je n'avais pas envie de combattre les démons seulement, car je dois compléter une prophétie. Une nouvelle fois, je soupirai, puis laissai mes pensées voguer sur le fleuve de mon esprit scellé par je ne savais trop quelle magie. Oubliant ma frustration, je songeai à mes amis. Je n'avais pas eu l'occasion de les voir depuis la veille et ils n'étaient pas présents au terrain d'entrainement. Je supposais que leurs mentors leurs avaient donné quartier libre ou qu'ils étaient au terrain, mais que je ne les ai pas vus. Dans les deux cas, la dernière fois que nous nous étions vu était la veille. Je savais que je m'inquiétais un peu trop, mais Nyra n'avait pas de tuteur attitré comme nous, ce qui signifiait qu'il n'y avait aucun endroit où dormir. J'espérais qu'elle n'avait pas eu à se coucher dans une ruelle ou sur un toit de maison dans la fraicheur de la nuit, car ce ne pouvais pas être bien pour ses ailes fragiles. Perdue dans ma rêverie, la phrase du roi me revient en mémoire, « Je demanderai à Hindrev s'il veut bien lui apprendre ». Qui était-il ? Le magicien personnel du roi ? Un instructeur ? Sera-t-il à la hauteur des capacités qui me dépassent ? Sur ce questionnement sans réponses, je m'endormis d'un sommeil sans rêves avant même que le crépuscule ne tombe sur Extyria.

↔•↔

Elize Hygarts

La soirée venait à peine de commencer, mais Elize voulait tout de même arrêter au quartier marchand. Elle aperçut alors un petit stand tenu par un vieux nain monté sur une caisse de bois pour être à la hauteur des passants. Sa longue barbe blanche tressée touchait presque le bout de ses genoux. Il vendait de magnifiques pendentifs ornés de pierres précieuses. Pas des vraies semblait-il, car ils n'étaient pas chers. Elize traina sa mentor par le bras, l'attirant vers le stand de l'homme. Sa tuteure, Cellya Olyreii, était une nymphe d'air de dix-neuf ans qui s'était enrôlée dans l'armée quelques mois auparavant, juste après sa fête. Ses parents, de riches marchands voyageurs originaires de Philora, un petit village de nymphes d'air situé en bordure de la Sylis, s'étaient faits assassinés alors qu'ils se dirigeaient vers Lenosis, le pays montagneux des centaures, pour y vendre leurs douces étoffes rappelant le vent. N'ayant nulle part où aller, elle se retrouva dans un convoi de caravanes en se dirigeant vers Mhala. Rendue dans la cité, elle présenta sa candidature pour devenir chevalier au sein de l'armée mhalienne. En rencontrant Elize, elle lui avait fait comprendre qu'elle n'imposerait pas son nom de famille alors l'elfe garda celui de ses parents, Hygarts. Après avoir convaincue Cellya, Elize retourna inspecter les autres stands. Le premier, pour elle, était sertit d'un topaze rappelant le doré de ses iris, celui de Kaleb avait une émeraude, celui de Nyra, un saphirs et pour finir, une opale pendait de celui de Aeris. Cellya avait refusé l'offre de sa pupille malgré les insistances de l'elfe prétextant que le pendentif orné d'une améthyste ferait, « ressortir le mauve pur de ses yeux doux ». L'elfe poussa un petit soupir en se demandant si ses amis allaient les aimer, ce qui attira bien évidement l'attention de la nymphe.

La Dernière Éclipsal - La Prophétieजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें