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Elize Hygarts

     Bien que l'évidence même de son départ était flagrante et que la jeune l'elfe avait voulu partir à tout prix, elle ne le pouvait pas. Du moins, pas encore. Elle ne pouvait pas tenter de retrouver un tueur avec si peu d'indices. N'importe qui aurait pu posséder une cape ressemblant au morceau qu'elle possédait ! C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Son sac en toile sur le dos, l'elfe décida de se rendre au poste de chevalier une dernière fois avant son départ. Elle jeta un énième coup d'œil à la note qu'elle avait écrite pour Cellya, puis sortit de la maison, un pincement au cœur. Elle se demandait si elle allait pouvoir revoir sa tutrice. Pourquoi ne la reverrais-je pas ? La jeune fille se mit à marcher avec rapidité alors qu'elle traversait les étroites allées du quartier résidentiel de Mhala en direction du poste. Elle arriva une quinzaine de minutes plus tard. Le réceptionniste - elle ne savait toujours pas son nom - la salua d'un léger sourire en la voyant pousser la porte du bâtiment.

— Bonjour mademoiselle, comment puis-je vous aider ? J'en déduis que vous allez partir ?

— C'est exact, acquiesça Elize d'un hochement de tête. Puis-je voir un traqueur ? Pour le pan de cape.

     L'homme se surprit à penser que l'elfe ne faisait que de curieuses demandes depuis qu'elle venait au poste de chevalier. Il accepta de bonne foi, mais doutait fortement qu'il avait le droit d'accepter toutes ses requêtes. Il serait probablement puni par son supérieur si ce dernier l'apprenait de la bouche d'un collègue ou d'un client. Un léger soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il guidait Elize vers une salle carré, au fond du poste. L'elfe regarda autour, mais fut surprise de voir qu'il n'y avait rien sauf une table et deux chaises dans la pièce. L'homme lui indiqua de s'assoir et il attendit à l'extérieur. Une minute plus tard, une femme d'âge mûr entra dans l'antichambre où était assise l'elfe. Elle prit place sur l'autre chaise et observa avec intensité la jeune fille. Mal à l'aise, Elize lui tendit le bout de tissu qui allait pouvoir l'aider à trouver le tueur.

— Pouvez-vous retrouver la personne à qui ça appartient ?

— Je peux essayer.

     La dame posa l'étoffe maculée de sang sur la table devant eux et murmura quelques mots incompréhensibles et un cercle blanc lumineux apparut au dessus du textile. Une demie-seconde plus tard, il disparut et la dame affiche un air désolé.

— Le propriétaire a posé un puissant sceau qui m'empêche de connaître son identité, mais je sens un faible flux magique en direction de la Côte Dorée. Je ne peux malheureusement pas plus t'aider.

     Remerciant la dame, Elize empocha le tissu et sortit de la pièce carrée, où l'homme attendait toujours. Il la raccompagna jusqu'à l'entrée et lui souhaita bon voyage. L'elfe plaça correctement son sac sur son dos et marcha en direction des portes principales de la citadelle. Les gardes postés sous la grille de métal lui souhaitèrent aussi un bon voyage, puis elle s'engagea vers la Voie des Marchands menant au Sud. Après un bref calcul mental, il lui faudrait trois jours pour se rendre à la ville la plus proche, bordant la Voie, ainsi qu'une journée pour se rendre à la prochaine.

     Sous le soleil ardent de midi, Elize retira le châle de coton rugueux qu'elle portait, avala une gorgée d'eau, puis continua sa route. Au loin, derrière, à une centaine de mètres, elle pouvait apercevoir un groupe de caravaniers lorsqu'elle regarda vers l'arrière. Elle maintint sa vitesse de marche et vingt plus tard, la troupe se trouvait à sa hauteur. Les coups de sabots furent distincts ainsi que les hennissements des équidés. Des rires gras et joyeux retentirent aux oreilles de l'elfe.

— Hey ! Un moment de répit, mademoiselle ? héla un des caravaniers depuis son cheval à la crinière sable.

— Ça serait apprécié, merci, souffla Elize avec soulagement.

La Dernière Éclipsal - La ProphétieWhere stories live. Discover now