1 (ré-écrit)

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     L'aube peignait déjà avec délicatesse le ciel de couleurs vives tel le rose ou encore l'orange alors que les minces rayons de l'astre du jour filtrant au travers mes volets chatouillaient le bout de mon nez. J'émergeai en douceur de mon lit, réveillée par la chaleur des rais de lumière. Utilisant mes coudes, je me redressai sur mon lit presque confortable, puis frottai mes yeux endormis. Vêtue simplement de mes sous-vêtements, je me dirigeai vers la fenêtre pour ouvrir les volets de bois obstruant presque la totalité de l'éclairage de ma chambre étroite. Ils étaient brisés dans le haut ce qui avait pour effet de laisser passer les lueurs matinales avec facilité. Une fois ouverts, je sortis un uniforme propre des tiroirs de ma commode. Il constituait d'une chemise légère en lin, d'un pantalon de toile beige ainsi que d'une paire de bottillons en cuir maintenant usé par les années. C'était peut-être un habit ''normal'', mais porter quotidiennement la même chose par obligation c'était lassant. Après tout, c'était l'orphelinat qui l'imposait. Nous n'avions pas notre mot à dire sous peine de punition.

     D'aussi loin que je me souvienne, cet endroit, où une centaine de jeunes vivaient, avait été ma maison depuis longtemps. On m'avait toujours dit qu'un certain homme, n'ayant pas voulu révéler son identité, était tombé au hasard sur une maison incendiée et avait trouvé un nourrisson au bord de la famine, s'accrochant fermement aux bras froids de sa mère qui gisait sans vie dans les débris et qu'ensuite, il l'avait apporté à l'orphelinat. Ça sonnait trop faux pour être la vérité. J'avais toujours craint les punitions accordées aux enfants désobéissants, donc écoutant ma conscience, je n'avais jamais rien dis même si j'étais persuadée que ces absurdités ne pouvaient être la réalité. J'avais toujours su que c'était autre chose sans pour autant avoir de preuves.

     Cet orphelinat, perdu dans la forêt, s'apparentait à une cage invisible. Un cauchemar où on s'habitue aux monstres qui nous pourchassent sans relâche. Un cauchemar où on s'habitue aux gens qui nous punissent sans cesse. Un cauchemar déguisé en rêve pour paraître beau sous les redoutables ténèbres du mensonge. Le mensonge était devenu notre réalité par malheur. On nous disait que les punitions c'était pour notre ''bien et notre apprentissage'', mais lorsqu'un enfant revenait de la pièce spéciale, on baissait le regard et ignorait la peine de l'autre. On nous poussait à bout, autant physiquement que mentalement et on ne mangeait presque rien. Tout était caché sous les sourires forcés des éducateurs et des responsables. Les seuls adultes qui n'étaient pas en accord avec les autres, faisaient de leur mieux pour nous aider, mais c'était difficile.

     Pourtant, malgré les atrocités, ils continuaient à donner l'espoir de l'adoption. Il était mort cet espoir. Aucun visiteur n'avait mis les pieds dans cet orphelinat depuis plus d'une dizaine d'années !

     Repoussant mes idées négatives dans un profond soupir, je m'afférai à brosser mes longs cheveux pâles, d'un gris cendré presque blanc, en pensant que je venais de ruiner ma bonne humeur avec mes idées. D'après les ouvrages présents dans la petite bibliothèque de l'orphelinat, il y avait plusieurs livres portant sur les races du monde, Extyria. Les caractéristiques spéciales de chacune y étaient inscrites. Maintes fois, je les avais feuilletés dans l'espérance d'y trouver mon compte, mais en vain. Selon ces livres, je ressemblais davantage à une ange qu'à autre chose, mais la totale absence d'ailes me faisait douter en permanence. Mes iris étaient un autre indice que je fais peut-être partie de cette race. Ils étaient d'un gris pâle avec une touche d'or en leur centre. Pourtant, sans savoir l'ethnicité de mes parents, je ne pouvais rien affirmer sur ma race. J'étais destinée à être une paria et à subir les moqueries des autres pour le restant de ma vie. Un ange sans ailes ? Ridicule !

     Ce n'était pas comme si les autres races me correspondaient. J'avais lu tant de fois ce paragraphe dans un des écrits que je le connaissais par cœur.

La Dernière Éclipsal - La ProphétieWhere stories live. Discover now