XXI - 21

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     Nous cherchions parmi les livres de Magus depuis déjà un bon moment, puis, alors que j'étais absorbée dans ma lecture d'un ouvrage portant sur l'astronomie et la déesse Kumis, Araquiel héla mon nom. Contrainte de laisser cette intéressante lecture qui commençait à piquer mon intérêt, je déposai l'écrit sur la table couverte d'ingrédients avant de m'approcher de l'autre ange. Avec douceur, il déposa le carnet - les notes du sorcier - qu'il avait dans ses mains dans les miennes. Un frisson désagréable me parcouru alors que ses doigts frôllaient la peau dénudée de mes bras. Il me pointa le deuxième paragraphe de la page et je le lus à haute voix.

     Après ces interminables lustres, la résolution de mes recherches pointilleuses ont enfin portées leurs fruits. Du moins, je l'espère grandement. Un grand ouvrage magique pourrait être, sans grande certitude, caché dans le cœur d'une montagne en Yndran. Les Elfes Originaux ont toujours eu une œuvre similaire en leur possession.Ce n'est peut-être pas le bon, mais si la chance se retourne, j'ai connaissance d'un artefact qui, tout aussi bien dissimulé, pourrait aider un Eclipsal à dénicher cet ouvrage des dieux. Je ne serai peut-être plus en vie lorsque ça arrivera, mais mes notes sont à disposition pour quelconque utilisation nécessaire. [...] cet objet mystérieux serait dans un endroit inconnu de tous. Seule son existence nous est connue.

— Comment sommes-nous supposés trouver ces objets, questionnais-je Araquiel alors qu'il fermait le carnet, maintenant inutile puisqu'il n'y avait pas plus d'informations sur le sujet.

— En se rendant en Chyline, m'annonça-t-il d'un air sérieux. La reine m'a personnellement envoyé pour t'aider dans ta quête en Sylis. Elle souhaite te voir puisqu'elle sait quoi faire pour t'aider. Il ne fallait que trouver les informations nécessaires ici et c'est fait.

     À l'instant même, un tas de questions passaient au travers de mon esprit. La reine ? Qui était vraiment Araquiel ? Comment savaient-ils que je me trouvais en Sylis ? Comment me connaissait-il ? Le malaise que j'éprouvais pour lui depuis le début ne fit que s'agrandir et me rendit méfiante à son égard. Je laissai tomber mon questionnement soudain pour me concentrer sur une réponse cohérente.

— Pardon, mais je doute sincèrement qu'elle soit en mesure de m'aider, tentais-je de le dissuader en gesticulant de mes mains avec mon éternelle maladresse.

— C'est un ordre de la reine elle-même, Aeris. Tu ne voudrais pas qu'elle envoie des gardes à tes trousses, si ? Je ne pense pas que tu souhaiterais vivre dans un dungeon pour le restant de ta vie.

     Le regard translucide de l'ange sembla percer mon âme et me sonda d'une manière que je détestais. Honteuse, je baissai mes yeux vers le sol de la grotte en me maudissant de ne pas être en mesure de lui faire plus confiance. Je n'eu pas d'autres choix que d'accepter.

— Bien, nous partons maintenant dans ce cas. Tu sais voler ?

     Toujours la tête baissée, je fis non de la tête. Pourquoi n'avais-je pas plus pratiqué avec Emyr ? En silence, Araquiel m'entraîna en dehors de la caverne, referma la porte - elle disparut - et remonta la crevasse d'un battement d'aile. Je le rejoins et, sans crier gare, il prit ma main dans la sienne et s'éleva dans les airs dans un bruit sourd. Un virevoltant qui gisait non loin se mit à rouler, puis s'enfonça dans la fosse. Prise d'un léger malaise en s'envolant dans les airs, je serrai avec force la main de l'ange.

— Bat des ailes, m'ordonna-t-il alors qu'il prenait de l'altitude.

     Je déglutis péniblement, puis fis bouger mes ailes comme il le faisait. Depuis qu'elles avaient poussées, j'avais fait comme si elles n'existaient pas, mais je ne pouvais pas toujours agir de la sorte. Non sans difficultés, je les bougea lentement, puis plus vite. Je sentais peu à peu mon corps devenir plus léger. Lorsque la cadence fut bien installée et que je savais que je pouvais voler seule, je lâchai avec prudence la main d'Araquiel. En la délaissant, je fus déstabilisée un peu, mais je n'avais pas le choix de voler, sinon je m'écrasais au sol, quarante mètres plus bas.

La Dernière Éclipsal - La ProphétieМесто, где живут истории. Откройте их для себя